Je suis revenue il y a quelques jours de mon road trip remplie de belles rencontres de quelques minutes, heures ou même jours. Mais juste avant mon retour il y en a une qui m'a vraiment marquée. Et c'est ce genre de rencontres que j'aimerais bien lire, les rencontres anonyme qui sont 100 fois plus belles que tous les films du style réunis. Mais je vous préviens, c'est vraiment long et pleins de détails si vous êtes chaud/e de lire. En tout cas j'ai hâte de lire vos histoires !
Après un road trip en Europe je venais de quitter mes deux amis à Munich qui partaient à Hambourg. Pour ma part je rentrais sur Paris. Le stop a bien marcher jusqu'au soir dans une station essence ou je ne trouvais personne qui allait en direction de Strasbourg. J'ai alors rejoins la ville la plus proche pour y faire du stop à la sortie. Manque de bol ou gros coup de chance, il se met à pleuvoir. Un peu fatiguée je marche donc vers la gare avec l'idée de griller le train pour Strasbourg. Encore une fois manque de bol ou coup de chance, les premiers trains pour Strasbourg sont à 5h du matin. J'ai donc 6 ou 7 bonnes heures à tuer. Prise d'une soudaine inspiration, je décide de noter mes folles aventures sur mon carnet que j'avais laissé à l'abandon par manque de temps. Pendant une pause clope devant la gare, c'est là qu'il est arrivé à vélo pour me demander tout doucement s'il pouvait boire.
-Coca ou eau ?
-Eau.
Il boit une toute petite gorgée et me rend la bouteille en me remerciant. Je finis ma cigarette et lui dis au revoir.
Je retourne à la table de macdo que j'avais élu bureau pour la soirée et recommence à écrire. Un peu après le garçon revient me saluer, je lui souris et le salut également mais au même moment des policiers arrivent et me demande si je le connais. Je leur dis que j'ai parlé avec lui un peu plus tôt devant la gare et il s'en vont. Le garçon, rigole et m'explique que quelqu'un à volé un taxi. La police l'avait suspecté et lui avait posé plusieurs questions à ce sujet en vain. On commence donc à entamer la conversation même si je ne suis pas très intéressée au début. Il m'explique qu'il a raté son bus qui devait le ramené à l’appartement de son ami qui est a 20 minutes de marche de la gare mais il veut surtout savoir d'où je viens avec mon gros sac à dos, qu'est ce que j'écris dans mon carnet, les endroits où j'ai été et me demande de lui raconté une histoire de mes histoires. Ce que je fais. Je lui demande alors en retour de me raconter une histoire.
Il me dit qu'un jour, en voyage en Grece avec sa maman il était sur une plage remplie de crabes, sa mère lui a passé un filet et il en a attraper un. Il l'a mis dans un bocal avec de l'eau et l'a ramené à l'hotel, puis l'a fait dormir dans le lit de sa maman sans qu'il ne pince personne. Le lendemain il l'a remit à la mer.
Pendant qu'il parle, j'écris son histoire et la continue. Il me demande ce que je fais et si je peux traduire (j'écrivais en français). Je lui dis donc qu'en réalité le crabe l'avait appelé. C'était un crabe très fatiguée par la vie et il lui a gentillement demandé s'il pouvait dormir à l’hôtel afin de se reposer, ce que le garçon à accepté. Et grâce à cela le crabe a pu être de nouveau en forme afin de reprendre son travail de crabe, de construire une grande maison de crabe pour sa chérie crabe avec qui il a eu deux bébés crabes, et il a même pu envoyer ses enfants crabes en Italie parce que là bas la vie pour les crabes est plus facile et le travail s'y trouve plus aisément. Pendant les vacances ses enfants crabes viennent même le voir en prenant une Baleine express. Et tout ça grâce au petit garçon.
"Merci petit garçon hongrois pour le lit" ("Thanks little hungarian boy for the bed.).
Il me dit qu'il aime mon histoire et on recommence à parler de tout et de rien, je lui montre certains de mes dessins et de mes écrits, je lui parle de certains moments de ma vie en voyage aussi naturellement qu'il me parle de sa vie.
Il me dit à un moment qu'il veut acheter de nouvelles chaussures pour sa petite soeur (sa famille vient des quartiers très pauvres de Hongrie et sa mère est d'origine afghane). Et une fois qu'il l'aura fait il pourra alors s'en acheter parce que ni l'argent ni toutes les chaussures du monde ne le rend aussi heureux que le sourire de sa petite soeur lorsqu'elle, elle a de nouvelles chaussures.
Evidemment c'est connu mais efficace, je craque de plus en plus pour ce garçon. J'avais remarqué qu'il était très beau mais là je remarque ses yeux rieurs, des yeux d'enfants, et son sourire avec les canines pointues, franc et honnête.
Cette gare était également un opéra avec les sans abris junkies qui l'avait choisi pour QG. Un SDF que mon nouvel ami connait de par son origine également hongroise vient nous rejoindre. Il me parle en allemand malgré le fait que je ne comprenne rien. Je commence donc à agir comme une folle avec lui : lorsqu'il me dit qu'il a mal au yeux je déchire de mon carnet des yeux que j'avais dessiné et lui donne en lui disant que ça le guérira, je lui montre tous mes dessins en les expliquant très métaphoriquement, je le regarde intensivement en contre plongée, ce qui fait très rire le garçon et déstabilise le vieux SDF qui ne se démonte pas pour autant. Lassée je finis alors par lui parler en français et lui explique la recette du pain. Le SDF m’énerve un peu même si je l'aime bien car il casse pas mal l'ambiance avec le garçon. Sous la table je me rend compte qu'il met ses pieds sous les miens et les bouge, par des regards complices on rigole quand le SDF essaye d'expliquer quelque chose. Quand je demande de traduire mon ami rit et me dit que ce qu'il raconte n'est pas logique. Puis il me dit que le SDF me dit que si je veux qu'il parte je peux lui dire "Go away". Je me tourne donc vers le SDF et lui dit "Go away". Et là le regard espiègle et le sourire du SDF s’évanouit comme si je l'avais giflé et il s'en va. J'explique au garçon que je me sens mal pour le SDF, il me dit que lui aussi se sent triste pour lui mais que si je n'avais pas dis ça il serait encore là à côté de nous.
On reste tous les deux assis à la table sans un mot. En fouillant dans mon sac je tombe sur ma poupée soucis que la mère d'une amie allemande nous avait offerte à moi et ma meilleure amie. Je lui explique son nom : Vu que ma poupée est habillée comme une arabe je l'ai donc appelé Batata Afida (Batata signifiant Patate en arabe vu qu'elles avaient une tête de patate). Ma meilleure amie ayant appelé la sienne Batata Mamada vu qu'elle était habillé comme une africaine. Je lui dis qu'on peut raconter toutes nos inquiétudes à cette poupée et lui tend en lui disant qu'elle prendra tous ses problèmes, et une fois qu'il sentira toutes ses craintes partir il pourra la remettre dans la pochette. Il la prend en main et la fixe pendant une bonne minute avant de la reposer.
Puis il me demande s'il peut dessiner, je lui tend donc mon carnet et mon stylo. Là il commence à dessiner à la manière d'un enfant et me dit que ce n'est pas qu'un dessin mais une histoire. Je lui dis d'accord et vaque a mes propres occupations. Une fois finis je lui demande de me raconter mais il me dit que c'est compliqué à expliquer. Je le regarde de travers et il me répond "Bon d'accord je vais te montrer". Je me met à côté de lui et il me montre son quartier, sa maison, son école, la cour de récré et le terrain de foot. Il me dit qu'il prenait le chemin de l'école pour rentrer à la maison, voir des amis ou jouer au foot avec eux.
Mais une fois il a découvert un autre chemin qu'il a emprunté, un chemin qui menait vers la forêt. Une fois la forêt traversé, il y avait une chaise. Il s'asseyait donc sur la chaise et regardait la mer. "Never ending", le fait que la mer paraisse absolue et éternel sans opposé visible. Il adorait cette sensation et se sentait lui même infini et apaisé lorsqu'il s'asseyait sur cette chaise.
Il dessine une deuxième chaise et me dit qu'une seule autre personne peut venir dans cet endroit. Mais ça doit être une fille. Je lui dis en rigolant "Oh, une fille !". Il me répond que ça doit être moi et qu'il faut que je me dessine. Ce que je fis. Il dit qu'il nous fallait une voiture et en dessina une. Il me dit que moi aussi je pouvais dessiner ce que je voulais dans notre endroit. Je rajoute donc un hamac entre deux arbres pour pouvoir me balancer allongée tout en regardant la mer. Il aimait bien cette idée.
Peu après le SDF revint avec une nouvelle énergie, mais je l'ignorais poliment ou lui répondait simplement en français lorsqu'il me parlait en allemand. Il devait être 4h30 du matin et je sentais mon ami fatigué. En feuilletant mon carnet je retombais sur des test psychologique fait avec mes amis (le test du rond, du triangle, du carré etc). Je lui demande donc de faire ce test et lui en explique la signification une fois qu'il finit. Je remarque que j'avais noté le prénom de tous mes amis pour leur tests afin de ne pas les confondre et me rend compte que je ne sais pas comment s'appelle le garçon. Je lui demande donc :
"-Comment tu t'appelles ?". Il me regarde dans les yeux pendant un long moment avant de me répondre :
"-Marcel.
-Enchanté de te rencontré Marcel".
Il me sourit, et peu après me rendit le Keffieh que je lui avais prêté car il avait froid et me dit qu'il allait voir l'heure de son train. Je lui dis d'accord et recommence à écrire. Après 15 minutes je me rend compte qu'il n'est pas de retour, l'heure de mon train s'approchant je range mes affaires et regarde dans la gare afin de l'apercevoir, en vain. Déçue de ne pas avoir pu lui dire au revoir, je lui écris un petit message sur un papier en voulant le donner au SDF qui le connaissait. Sauf qu'il était introuvable. Traversée par une idée je retourne donc sur la table du macdo, témoin de notre histoire et y dessine un crabe qui dit "Thanks little hungarian boy for the bed", puis je note "See you in the never ending sea, I will be on my hamac" (On se revoit à la mer infini, je serais sur mon hamac). J'écris en plus petit de l'autre côté de la table "Please don't clean" et je pars prendre mon train.
J’espère vraiment qu'il verra la table avant que ce soit nettoyé. En fait je ne le saurais jamais alors je préfère imaginer qu'il l'a vu, puis a sourit de son sourire si particulier en repensant à notre soirée, avec des étoiles dans les yeux.
J'ai raconté cette histoire à ma meilleure amie, elle s'est souvenue de ce que notre prof de littérature nous disait au lycée. "Les histoires comme Titanic sont arrivé des milliers de fois, sauf que ce sont des inconnus qui n'ont pas pu ou pas voulu immortalisé leur histoire en plume. Il y a tous les jours dans le monde de belle histoires entre deux personnes, et le fait qu'elle soit éphémère et anonyme les rend d'autant plus magnifique".
Je dis merci à tout le monde pour cette soirée. Merci à Nini la SDF accro à l’héroïne qui m'a dessiné une souris avec un coeur que j'ai remercié d'un baiser, merci à ce vagabond punk qui me chantait du Jacque Brel, merci à Peter The Big boss, ce SDF hongrois tatoué au visage et qui a tout perdu comme tant d'autre, et merci à Marcel pour m'avoir rendu aussi rayonnante, même trois jours après notre rencontre.
Thanks little hungarian boy.
Après un road trip en Europe je venais de quitter mes deux amis à Munich qui partaient à Hambourg. Pour ma part je rentrais sur Paris. Le stop a bien marcher jusqu'au soir dans une station essence ou je ne trouvais personne qui allait en direction de Strasbourg. J'ai alors rejoins la ville la plus proche pour y faire du stop à la sortie. Manque de bol ou gros coup de chance, il se met à pleuvoir. Un peu fatiguée je marche donc vers la gare avec l'idée de griller le train pour Strasbourg. Encore une fois manque de bol ou coup de chance, les premiers trains pour Strasbourg sont à 5h du matin. J'ai donc 6 ou 7 bonnes heures à tuer. Prise d'une soudaine inspiration, je décide de noter mes folles aventures sur mon carnet que j'avais laissé à l'abandon par manque de temps. Pendant une pause clope devant la gare, c'est là qu'il est arrivé à vélo pour me demander tout doucement s'il pouvait boire.
-Coca ou eau ?
-Eau.
Il boit une toute petite gorgée et me rend la bouteille en me remerciant. Je finis ma cigarette et lui dis au revoir.
Je retourne à la table de macdo que j'avais élu bureau pour la soirée et recommence à écrire. Un peu après le garçon revient me saluer, je lui souris et le salut également mais au même moment des policiers arrivent et me demande si je le connais. Je leur dis que j'ai parlé avec lui un peu plus tôt devant la gare et il s'en vont. Le garçon, rigole et m'explique que quelqu'un à volé un taxi. La police l'avait suspecté et lui avait posé plusieurs questions à ce sujet en vain. On commence donc à entamer la conversation même si je ne suis pas très intéressée au début. Il m'explique qu'il a raté son bus qui devait le ramené à l’appartement de son ami qui est a 20 minutes de marche de la gare mais il veut surtout savoir d'où je viens avec mon gros sac à dos, qu'est ce que j'écris dans mon carnet, les endroits où j'ai été et me demande de lui raconté une histoire de mes histoires. Ce que je fais. Je lui demande alors en retour de me raconter une histoire.
Il me dit qu'un jour, en voyage en Grece avec sa maman il était sur une plage remplie de crabes, sa mère lui a passé un filet et il en a attraper un. Il l'a mis dans un bocal avec de l'eau et l'a ramené à l'hotel, puis l'a fait dormir dans le lit de sa maman sans qu'il ne pince personne. Le lendemain il l'a remit à la mer.
Pendant qu'il parle, j'écris son histoire et la continue. Il me demande ce que je fais et si je peux traduire (j'écrivais en français). Je lui dis donc qu'en réalité le crabe l'avait appelé. C'était un crabe très fatiguée par la vie et il lui a gentillement demandé s'il pouvait dormir à l’hôtel afin de se reposer, ce que le garçon à accepté. Et grâce à cela le crabe a pu être de nouveau en forme afin de reprendre son travail de crabe, de construire une grande maison de crabe pour sa chérie crabe avec qui il a eu deux bébés crabes, et il a même pu envoyer ses enfants crabes en Italie parce que là bas la vie pour les crabes est plus facile et le travail s'y trouve plus aisément. Pendant les vacances ses enfants crabes viennent même le voir en prenant une Baleine express. Et tout ça grâce au petit garçon.
"Merci petit garçon hongrois pour le lit" ("Thanks little hungarian boy for the bed.).
Il me dit qu'il aime mon histoire et on recommence à parler de tout et de rien, je lui montre certains de mes dessins et de mes écrits, je lui parle de certains moments de ma vie en voyage aussi naturellement qu'il me parle de sa vie.
Il me dit à un moment qu'il veut acheter de nouvelles chaussures pour sa petite soeur (sa famille vient des quartiers très pauvres de Hongrie et sa mère est d'origine afghane). Et une fois qu'il l'aura fait il pourra alors s'en acheter parce que ni l'argent ni toutes les chaussures du monde ne le rend aussi heureux que le sourire de sa petite soeur lorsqu'elle, elle a de nouvelles chaussures.
Evidemment c'est connu mais efficace, je craque de plus en plus pour ce garçon. J'avais remarqué qu'il était très beau mais là je remarque ses yeux rieurs, des yeux d'enfants, et son sourire avec les canines pointues, franc et honnête.
Cette gare était également un opéra avec les sans abris junkies qui l'avait choisi pour QG. Un SDF que mon nouvel ami connait de par son origine également hongroise vient nous rejoindre. Il me parle en allemand malgré le fait que je ne comprenne rien. Je commence donc à agir comme une folle avec lui : lorsqu'il me dit qu'il a mal au yeux je déchire de mon carnet des yeux que j'avais dessiné et lui donne en lui disant que ça le guérira, je lui montre tous mes dessins en les expliquant très métaphoriquement, je le regarde intensivement en contre plongée, ce qui fait très rire le garçon et déstabilise le vieux SDF qui ne se démonte pas pour autant. Lassée je finis alors par lui parler en français et lui explique la recette du pain. Le SDF m’énerve un peu même si je l'aime bien car il casse pas mal l'ambiance avec le garçon. Sous la table je me rend compte qu'il met ses pieds sous les miens et les bouge, par des regards complices on rigole quand le SDF essaye d'expliquer quelque chose. Quand je demande de traduire mon ami rit et me dit que ce qu'il raconte n'est pas logique. Puis il me dit que le SDF me dit que si je veux qu'il parte je peux lui dire "Go away". Je me tourne donc vers le SDF et lui dit "Go away". Et là le regard espiègle et le sourire du SDF s’évanouit comme si je l'avais giflé et il s'en va. J'explique au garçon que je me sens mal pour le SDF, il me dit que lui aussi se sent triste pour lui mais que si je n'avais pas dis ça il serait encore là à côté de nous.
On reste tous les deux assis à la table sans un mot. En fouillant dans mon sac je tombe sur ma poupée soucis que la mère d'une amie allemande nous avait offerte à moi et ma meilleure amie. Je lui explique son nom : Vu que ma poupée est habillée comme une arabe je l'ai donc appelé Batata Afida (Batata signifiant Patate en arabe vu qu'elles avaient une tête de patate). Ma meilleure amie ayant appelé la sienne Batata Mamada vu qu'elle était habillé comme une africaine. Je lui dis qu'on peut raconter toutes nos inquiétudes à cette poupée et lui tend en lui disant qu'elle prendra tous ses problèmes, et une fois qu'il sentira toutes ses craintes partir il pourra la remettre dans la pochette. Il la prend en main et la fixe pendant une bonne minute avant de la reposer.
Puis il me demande s'il peut dessiner, je lui tend donc mon carnet et mon stylo. Là il commence à dessiner à la manière d'un enfant et me dit que ce n'est pas qu'un dessin mais une histoire. Je lui dis d'accord et vaque a mes propres occupations. Une fois finis je lui demande de me raconter mais il me dit que c'est compliqué à expliquer. Je le regarde de travers et il me répond "Bon d'accord je vais te montrer". Je me met à côté de lui et il me montre son quartier, sa maison, son école, la cour de récré et le terrain de foot. Il me dit qu'il prenait le chemin de l'école pour rentrer à la maison, voir des amis ou jouer au foot avec eux.
Mais une fois il a découvert un autre chemin qu'il a emprunté, un chemin qui menait vers la forêt. Une fois la forêt traversé, il y avait une chaise. Il s'asseyait donc sur la chaise et regardait la mer. "Never ending", le fait que la mer paraisse absolue et éternel sans opposé visible. Il adorait cette sensation et se sentait lui même infini et apaisé lorsqu'il s'asseyait sur cette chaise.
Il dessine une deuxième chaise et me dit qu'une seule autre personne peut venir dans cet endroit. Mais ça doit être une fille. Je lui dis en rigolant "Oh, une fille !". Il me répond que ça doit être moi et qu'il faut que je me dessine. Ce que je fis. Il dit qu'il nous fallait une voiture et en dessina une. Il me dit que moi aussi je pouvais dessiner ce que je voulais dans notre endroit. Je rajoute donc un hamac entre deux arbres pour pouvoir me balancer allongée tout en regardant la mer. Il aimait bien cette idée.
Peu après le SDF revint avec une nouvelle énergie, mais je l'ignorais poliment ou lui répondait simplement en français lorsqu'il me parlait en allemand. Il devait être 4h30 du matin et je sentais mon ami fatigué. En feuilletant mon carnet je retombais sur des test psychologique fait avec mes amis (le test du rond, du triangle, du carré etc). Je lui demande donc de faire ce test et lui en explique la signification une fois qu'il finit. Je remarque que j'avais noté le prénom de tous mes amis pour leur tests afin de ne pas les confondre et me rend compte que je ne sais pas comment s'appelle le garçon. Je lui demande donc :
"-Comment tu t'appelles ?". Il me regarde dans les yeux pendant un long moment avant de me répondre :
"-Marcel.
-Enchanté de te rencontré Marcel".
Il me sourit, et peu après me rendit le Keffieh que je lui avais prêté car il avait froid et me dit qu'il allait voir l'heure de son train. Je lui dis d'accord et recommence à écrire. Après 15 minutes je me rend compte qu'il n'est pas de retour, l'heure de mon train s'approchant je range mes affaires et regarde dans la gare afin de l'apercevoir, en vain. Déçue de ne pas avoir pu lui dire au revoir, je lui écris un petit message sur un papier en voulant le donner au SDF qui le connaissait. Sauf qu'il était introuvable. Traversée par une idée je retourne donc sur la table du macdo, témoin de notre histoire et y dessine un crabe qui dit "Thanks little hungarian boy for the bed", puis je note "See you in the never ending sea, I will be on my hamac" (On se revoit à la mer infini, je serais sur mon hamac). J'écris en plus petit de l'autre côté de la table "Please don't clean" et je pars prendre mon train.
J’espère vraiment qu'il verra la table avant que ce soit nettoyé. En fait je ne le saurais jamais alors je préfère imaginer qu'il l'a vu, puis a sourit de son sourire si particulier en repensant à notre soirée, avec des étoiles dans les yeux.
J'ai raconté cette histoire à ma meilleure amie, elle s'est souvenue de ce que notre prof de littérature nous disait au lycée. "Les histoires comme Titanic sont arrivé des milliers de fois, sauf que ce sont des inconnus qui n'ont pas pu ou pas voulu immortalisé leur histoire en plume. Il y a tous les jours dans le monde de belle histoires entre deux personnes, et le fait qu'elle soit éphémère et anonyme les rend d'autant plus magnifique".
Je dis merci à tout le monde pour cette soirée. Merci à Nini la SDF accro à l’héroïne qui m'a dessiné une souris avec un coeur que j'ai remercié d'un baiser, merci à ce vagabond punk qui me chantait du Jacque Brel, merci à Peter The Big boss, ce SDF hongrois tatoué au visage et qui a tout perdu comme tant d'autre, et merci à Marcel pour m'avoir rendu aussi rayonnante, même trois jours après notre rencontre.
Thanks little hungarian boy.