@Valentina-
Tu soulèves des points intéressants, et comme tu me mentionnes à plusieurs reprises (je suis flattée
) je me permets de donner mon avis
Pourtant, perso, je sais à quoi ressemble une meuf, et ce n'est pas pour faire ma mijorée que je n'ai pas envie de voir tout le monde à poil.
Sur ce point là, j'ai la théorie et la pratique…
En théorie, parce que je sais à quoi ressemblent des seins, des fesses, une vulve, un pénis, un torse plat, etc. et que je présume qu'une bonne partie des gens de mon âge savent aussi à quoi ça ressemble, je me dis que la
sensibilité n'a pas forcément lieu d'être, par exemple dans un cadre du style « ho mince, je suis en train de me déshabiller et mon/ma pote est rentré·e sans prévenir ». Dans la pratique, j'ai été éduquée dans une société qui a plus ou moins sacralisé le corps des uns et des autres, et donc j'y vois une forme d'intimité, de propre à soi qu'on ne veut pas nécessairement montrer à tou·te·s.
J'ai deux exemples éventuellement :
Le premier, typiquement, hier, un·e ami·e a enlevé son pantalon pour se mettre en short, iel etait en boxer dessous, iel m'avait demandé si ça me dérangeait (non), et pour autant, j'ai longuement admiré le plafond, juste parce que, par habitude, ça me semble la chose à faire ?
Le second (qui montre qu'effectivement il y a des lieux adaptés à la (quasi-)nudité), c'est quand j'allais dans des saunas non mixtes ou des vestiaires en Finlande, je me retrouvais entourée de filles et de femmes complètement nues, qui le prenaient avec une délicieuse légèreté, pendant que moi je ne savais pas trop où mettre mes yeux
(ça m'a beaucoup appris sur mon rapport à mon propre corps d'ailleurs).
Et c'est pour ça que je dis que si on avait depuis le départ désacralisé le corps nu, on aurait pas ce bagage là, en tout cas, pas d'un point de vue global (il y aurait toujours des exceptions évidemment).
Du coup ma question est : Votre degré d'ouverture s'arrête-t-il à un certain moment ? Avez-vous un sens de l'intimité ou pas du tout ? Vous pensez qu'il ne devrait pas y avoir d'intimité ? Doit-on tous suivre "votre" ligne de sensibilité ?
Comme souvent, je pense qu'il faut distinguer la société de l'individu.
L'individu a tous les droits sur ses propres ressentis : si quelqu'un est pudique, il est important de respecter son rapport aux corps (le sien et celui des autres). Mais je pense que la société devrait elle être moins pudique. Car elle l'est souvent de façon raciste/sexiste (étonnamment, même si les deux sont interdits, une femme torse nu appellera plus souvent les regards et les réflexions qu'un homme torse nu, parce que les seins, parce qu'attribut sexuel secondaire, parce que le patriarcat ; quant au racisme, je pense plutôt à l'effet inverse, à vouloir déshabiller des femmes qui ont choisi la pudeur).
Et comme la société modèle notre ressenti personnel, il y a des chances que cela fasse évoluer la vision individuelle.
Autre exemple : Y avait des filles dans mon lycée, habillée souvent en crop-top/decolleté/mini short/piercing/rouge à lèvres rose barbie (tout ensemble) et oui c'est distrayant même pour une meuf.
Et surtout pour revenir sur les propos de
@Rin` , sans juger, je pouvais pas m'empêcher de me demander "Pourquoi ?" (pourquoi ce besoin de se sexualiser comme ça, au lycée ? Besoin de plaire, de reconnaissance ?)
À partir du moment où tu ressens le besoin de te demander « pourquoi », j'estime qu'il y a une part de jugement. Mais je ne jette pas la pierre, j'ai exactement le même réflexe. Mes pensées initiales, quand je croise une fille/femme dans des tenues peu couvrantes, c'est assez loin du Féminisme 101 :meh:.
J'ai voulu soulever cette question du « pourquoi » dans la fin de mon précédent post, en disant que ça pouvait être intéressant de discuter de cela avec les principaux·ales concerné·e·s. Car ça peut être un besoin de plaire qui mise sur les armes que la nature et la société nous fournissent, ça peut être par imitation, ça peut être juste parce que cela lui plaît. Ça peut même être pour se faire respecter !
Et aussi, je pense qu'il y a un esprit de transgression par rapport à l'autorité (souvent plus pudique que la génération actuelle) et de conformisme par rapport au groupe (qui suit la mode), on parle d'adolescent·e·s quand même
.
En tout cas, moi aussi je me pose la question « Pourquoi ». Mais c'est surtout « Pourquoi j'ai besoin de me poser cette question en fait ?
».
Mais il faut reconnaître qu'il y a des limites, et que certains vêtements ont une image "sexuée" qui sont inappropriés pour un enfant (même pour rigoler tu mettrais de la lingerie à ton gosse ? Nan)
Je comprends ton point de vue. Effectivement, je ne mettrais pas de la lingerie à un gosse, à moins qu'iel demande spécifiquement
auquel cas ça amènerait à des questions, une discussion
.
Et oui, la lingerie sexy, coquine, dévoilante, avec de la dentelle, etc. est destinée à un contexte de séduction (après, je peux me tromper, n'ayant jamais trouvé cela très confortable, je vois pas d'autres raisons d'en porter
)
Par contre, je connais des personnes qui préfèrent les strings parce que c'est plus confortable, parce que ça évite les marques au niveau des fesses (un peu comme lorsqu'on porte un soutien-gorge chair (ou pas de soutien gorge) sous des t-shirts blancs). J'aime mettre des décolletés car j'aime bien mes formes et un t-shirt un peu cintré maintient ma poitrine en place (vu que je ne porte plus de soutien gorge). Le short ou la jupe permet d'avoir moins chaud. Et après y a tout ce qui est purement mode où là j'y connais rien qui peut sans doute expliquer l'attrait pour les mini-short, mini-jupe, etc.
Mais après, oui, j'ai du mal avec les parents qui maquillent leurs petites filles par exemple. Donc je me dis que c'est moins lié à la sexualisation précoce qu'à une forme d'interdiction/d'accélération de l'enfance. Je suis aussi un peu réac'
mais un·e enfant, ça court partout, ça fait des taches et des trous dans sa salopette, et donc ça ne porte pas de maquillage, ou de tenues qui entravent les mouvements ou qui doivent rester propres.
Là où je veux en venir, c'est que oui on doit être libre, mais oui on a aussi des codes sociaux, une "norme" et qu'elle est aussi fondée pour qu'on ait des relations humaines saines.
Mes propos ne concernent pas les cas de l'article qui sont sérieusement dépassés.
Je m'interroge juste sur vos limites en fait. En un sens, parfois je "comprends" l'origine du slut-shaming, dans le sens où une fille qui porte un short montrant la moitié de ses fesses dans la rue en avril, why ?
Bah, parce qu'il fait grave chaud en ce mois d'avril, 27°C, siriously
?
Mais oui, tu as tout à fait raison de ramener cela aux codes sociaux. Nos limites s'inscrivent à la fois dans et par rapport à ces codes. J'aimerais repousser mes limites car ma réflexion m'a amené à refuser ces codes qui sont un des héritages de nos sociétés patriarcales, mais dans la vraie vie, je suis aussi pudique que n'importe qui. Me mettre seins nus sur une plage de Barcelone a été un effort mais aussi une libération
Problème, j'ai l'impression (mais ce n'est peut-être qu'une impression) que de ce point de vue là, la société commence à aller à reculons. J'ai pas souvenir dans mon collège puis mon lycée d'avoir jamais entendu parler de règles sur la tenue vestimentaire (hormis le côté « Club Med », mais qui visait plus les garçons d'ailleurs
). Mais je n'avais pas Twitter/Facebook pour voir des cas de ce genre relayés, donc je ne peux pas dire.