"L'avocat du diable", c'est quelque chose que je trouve horrible dans un débat, surtout parce que la plupart du temps ça ne veut pas dire que la personne en face de toi choisit une position inverse à la tienne et s'y tient, mais plutôt qu'elle contredit tout ce vers quoi tu vas, quitte à se contredire elle-même au cours de la conversation. Ça plus le fait de ne pas s'impliquer émotionnellement (parce que ce n'est pas son opinion, ou pas complètement), je trouve ça vraiment dégueulasse comme manière de débattre : d'un côté une personne qui défend son opinion, parfois sur des sujets qui lui tiennent vraiment à cœur, de l'autre une personne qui s'en fiche et attaque par tous les côtés sans se mouiller personnellement.
J'ai deux techniques face à ce genre de chose :
1. Expliquer à mon interlocuteur ce qu'il est en train de faire. Parce que certains ont parfois sincèrement l'impression de débattre alors qu'ils ne font que se placer en faux par rapport à ton opinion. Je leur demande d'expliquer leur opinion sur le sujet et je leur pose des questions pour définir quelle est la position qu'ils choisissent d'adopter. Ça me permet, dès qu'ils se contredisent, de les replacer en leur disant "ah, mais si tu dis ça tu te contredis par rapport à ce que tu m'as expliqué tout à l'heure". Les casse-burnes, ça les calme un peu, ou ça les ennuie, les gens sympas ça leur fait comprendre qu'ils ne sont pas cohérents, et moi ça me permet de prendre de la distance. On estime toujours beaucoup trop la position de son interlocuteur. Se rendre compte qu'il est incohérent ça aide à se dire "ok, ma position est peut-être pas parfaite mais au moins j'ai une position claire et cohérente".
2. Ramener ma position à deux-trois principes. Je ne suis pas méga-friande des principes, mais je pense qu'il y a certaines choses qui valent la peine qu'on se batte (there is some good in this world master Frodo) et qu'on a parfois tendance à les perdre de vue. Typiquement je suis pour l'ouverture des frontières et quand le débat sur le sujet commence à tourner trop technique et économie (choses que je maîtrise mal), j'aime bien rappeler qu'il y a des pays dont les gens partent parce que s'ils restent ils vont mourir. Aussi que les pays qui accueillent le plus d'immigrants sont des pays frontaliers et souvent pauvres, pas les pays occidentaux bien isolés. Et qu'ils ne se sont pas effondrés pour autant... J'essaie aussi de sortir le principe qui se cache derrière les opinions pour vérifier que tout ce qui est dit est compatible avec. Autre exemple : le débat pour ou contre le burkini. De base, je pense que personne ne devrait jamais dire à quiconque comment s'habiller. Alors je suis pour l'autorisation de la nudité dans l'espace public ET pour l'autorisation du burkini sur les plages. Par contre, je trouve normal qu'un policier (ou un instit qui rend son gamin à un parent...) ait le droit de savoir qui est une personne et à ce titre puisse demander à cette personne de se découvrir momentanément.
Mais je sais que je peux être émotionnellement touchée dans un débat, alors surtout je réfléchis bien, avant d'accepter de me lancer, pour voir si j'en ai vraiment envie. Et souvent, je fuis...