Comment se (re)mettre à la lecture

[Shield]

il faudrait peut-être prendre le temps de se demander pourquoi ces auteurs sont au programme.

Ou de se demander comment les enseignants réussissent à dégoûter leurs élèves de si brillants auteurs (pourtant au programme .)? La vacherie, à mon avis, ce n'est pas d'étudier Balzac, Zola ou Corneille (ou n'importe qui d'autre d'ailleurs); c'est de donner à lire une oeuvre qui demande un certain décodage (linguistique, historique, culturel, stylistique, prosodique, etc.) en faisant complètement fi de l'opacité qu'ils peuvent représenter pour des jeunes gens de 15 ans en 2014 et sans leur proposer de clés pour comprendre (autres qu'un morne exposé biographique en début de séquence).
Je suis passée par là en seconde, et puis j'ai eu une prof géniale en première qui m'a fait véritablement aimer la littérature l'année suivante. Quand on est si jeune et/ou inexpérimenté, ça change tout d'avoir un bon professeur! Je pense que certains auteurs exigent aussi une forme de maturité en ce qui concerne la lecture (j'aurais détesté Flaubert et Stendhal si je les avais lus avant la prépa - je suis donc bien contente qu'on ne m'ait jamais obligé à les lire vu que Flaubert est un de mes auteurs préférés).

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[alphasublime]

Je suis pas concernée mais l'article est vraiment cool, et les conseils assez "judicieux".
Comme beaucoup j'ai eu une longue période où je n'ai pas vraiment lu, alors que j'adorais ça. J'avais commencé à me plonger dans l'univers manga au collège et j'avais plus trop la force de me lancer dans des choses qui demandaient une capacité de concentration un peu supérieure. Et puis je suis rentrée en première L, et petit à petit, ça a changé. Ma grande découverte cette année-là (et qui m'a vraiment redonné goût à la lecture) c'était L'étranger, de Camus. C'était juste une lecture complémentaire du coup j'avais même été déçue de ne pas l'étudier en cours. Puis j'avais une prof d'histoire vraiment géniale qui passait son temps à nous bombarder de références littéraires et ça me passionnait, je notais toujours avec ferveur tous les titres dans le coin de ma feuille. En terminale, j'ai vraiment aimé les cours de littérature (et ma prof était épique), on faisait enfin ce que j'aimais vraiment : une analyse de l'oeuvre d'après un point de vue quand même plus personnel qu'un simple commentaire composé. J'avais adoré décortiquer les oeuvres et trouver à chaque cours des thématiques nouvelles à explorer (sauf pour Les mémoires de De Gaulle haha). Après ça je me suis remise à la lecture pour de bon et je n'arrête plus.
Je pense que voilà, le gros plus quand même, c'est d'avoir des profs qui te donnent envie, qui te font participer etc. Et puis comme moi avec Camus, je pense qu'avoir un vrai coup de foudre pour un livre/auteur, ça donne envie d'en découvrir encore plus et tout ça.
En tout cas j'espère que les MadZ qui ont un peu lâché réussiront à s'y remettre 

 

[Bazinga-]

Par contre, en ce qui concerne le chapeau de la partie "lire, c'est relou", toutes les Madmoizelles que je connais un peu aiment (beaucoup ou follement) lire! Y a des contre-exemples dans la salle?

Edit : j'ai toujours espoir qu'un jour... Mais bon j'ai besoin de beaucoup de concentration pour lire en fait, le style d'écriture peut très vite devenir une barrière.
Après je veux pas tomber dans le "je lis parce que c'est bien de lire". Ca apporte beaucoup de choses, j'en suis sûre, mais si on n'en tire pas de plaisir c'est pas la peine.

 

[Shield]

perso moi j'étais presque contente que soient au programme des livres pour lesquels je n'avais aucune affection, parce que les décortiquer comme ça, ça me faisait mal au coeur. Un peu comme si on te demandais d'éviscérer ton animal de compagnie pour mieux le connaitre. Traumatisée de la section littéraire moi? non pas du tout

J'aime vraiment analyser un texte de près, l'interpréter, etc. Je suis du genre à refuser de sacraliser la "volonté de l'auteur" (et refuser de sacraliser la lecture en général), à préférer de loin rendre le texte vivant/le ressusciter en partant de l'oeuvre pour le comprendre à ma façon. Après j'ai une façon assez analytique/curieuse de voir le monde en général, donc je ne trouve pas ça incompatible du tout d'apprécier et d'essayer de comprendre, au contraire  A mes yeux, un livre/texte, c'est comme un mystère auquel on essaie de donner du sens. La beauté de la littérature, c'est de susciter un discours sur un discours pré-existant, d'inspirer/rendre créatif son lecteur, je trouve ça très vivant contrairement à la vision morbide que tu en as gardé

 

[Shield]

@shield
Ok j'avoue que certains livres ont été intéressants à analyser, mais pour la plupart c'était justement cette idée du sacro saint auteur qui me hérissait le poil. Cette idée que derrière chaque mot il était E-VI-DENT que l'auteur faisait référence a ci ou ça, qu'il pensait ci ou ça. 

Ben, justement, c'est sujet à débat, mais je pense pas que la question de la littérature ça soit "qu'est-ce qu'a voulu dire l'auteur?" (je pense que cette question, c'est juste une forme vulgarisée/clichée de la littérature qui a peu à voir avec ses enjeux réels). A mes yeux, la question c'est "qu'est-ce que le texte signifie?", parce que l'auteur a pu avoir une intention ou non, après tout, peu importe, dans la plupart des cas il est de toutes façons mort depuis bien longtemps et il va pas venir nous gronder si on prend des libertés avec ses intentions. Après, ça relève de la théorie de la réception en fait (le rôle du lecteur).
A mes yeux, les bons romans n'ont pas vraiment de message en soi, ils n'ont que le message qu'on leur prête - tout au plus, ils ont un sens ou une forme de cohérence interne, une "logique sous-jacente". Après y a deux choses : le sens de l'oeuvre (ce qui permet de discuter d'elle, de se demander ce qu'est la fiction, etc. - bref la littérature); et l'appréciation émotive de l'oeuvre, et je ne pense pas qu'on puisse discuter pendant cent mille ans de ses émotions - ses émotions ont plus de liens avec son propre vécu qu'avec le texte même finalement.
Je vois pas trop ce que tu veux dire par "réflexion plus profonde" ni ce que signifie "respecter un livre" (encore une fois, j'ai vraiment du mal avec la sacralisation des livres!). Pour moi une interprétation est intéressante dans la mesure où elle est originale, cohérente avec le texte (et c'est pour ça qu'on l'analyse de près et avec des microlectures - si c'est ça que tu appelles "disséquer") et cohérente avec elle-même.

EDIT : mais peut-être que tu es réticente face à une lecture "formelle" de l'oeuvre? En somme, dans la fiction, y a l'histoire qu'on raconte et les mots qu'on utilise pour la dire. Chez quelqu'un comme Hemingway, le style est tellement travaillé que c'est impossible de passer à coté, ça fait partie intégrante du sens (et j'ai envie de dire que c'est le cas de tous les ouvrages littéraires). Ce que j'aime dans un livre, c'est que l'histoire et les mots me fassent rêver, donc j'aime bien m'attarder sur le moindre mot, déconstruire la phrase pour comprendre pourquoi elle est si percutante, etc. Mais bon, faut dire que je suis une linguiste

 

[Marcelline P.]

@Shield Comme tu dis, la réception des bouquins dépend de la contextualisation faite par le prof. Mais dans une logique interdisciplinaire, je trouve ça dommage que le prof doive passer une séance à expliquer une période, un style etc. plutôt que de s'attaquer d'abord au corps du texte, la matière vivante, puis de bâtir là-dessus un exposé nourri d'exemples...
Surtout que bon s'il y a des manuels de litté, c'est bien pour les donner à lire en préparation des cours, histoire de perdre moins de temps. (Là par contre, si tu me dis que les manuels peuvent être -et sont souvent- mal fichus, je suis entièrement d'accord). Je n'ai pas de réponse toute prête à ce problème.
- Après c'est une question qui relève plutôt de la pédagogie et des méthodes d'enseignement de la litté, et c'est bien pour éviter ce genre de problèmes qu'on doit se former avant d'enseigner -
Tout ça pour dire que le prof et l'écrivain ne sont pas les seuls responsables dans le désamour des "jeunes" pour la lecture : il y a aussi une part de responsabilité de l'apprenant à mon sens (il faut avoir une certaine disponibilité d'esprit pour s'ouvrir à autre chose, une curiosité, enfin bref je ne vais pas te faire de discours sur l'élève idéal, mais je pense que tu as saisi l'idée  )

 

[Bloody Pi]

Bon, j'aime bien Madmoizelle... Mais de là à espionner ma vie privée, franchement, c'est pas bien hein!!

Plus sérieusement, cet article tombe juste à pic! J'ai lu le titre et je me suis dis "Marion, cet article a été écrit pour TOI" (on peut toujours rêver :chou. Avec les études... pas trop le temps de se consacrer à la lecture de loisir. Mais comme j'ai eu mon diplôme, rebonjour les romans! Et j'avais oublié à quel point ça me faisait du bien 

Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai une 30aine de livres en attente

 

[Ki-moon]

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[Mircea Austen]

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Merci Ki moon ! Non non tu ne fais pas grosse groupie c'est toujours agréable de voir que des gens kiffent notre travail  ! Après faut avoir conscience que derrière y'a Mymy qui relit/clarifie, Fab qui conseille, SPP qui fait des blagues que ça rend heureux, Léa qui met de la musique ringarde à fond, Lucie et Christelle qui font en sorte que j'ai de l'argent à la fin du mois, Mélissa qui me fait des câlins, ... Le moindre article de la moindre rédactrice est un vrai travail d'équipe  !

 

[Abs24]

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Ça tombe assez bien en plus, j'essaye de me remettre à lire en ce moment !

Ma mère m'a appris à lire tôt (à quatre ans je savais lire couramment et autant vous dire que je crânais bien avec ça ), et... Bah elle a bien fait, parce que je suis devenue super férue de lecture. Mais genre pour l'anecdote, mes bêtises de l'époque c'était frauder et lire dans le noir alors que je devais être couchée (déjà une petite bête nocturne hmf).
Ou bien, Harry Potter, j'avais lu le premier tome à huit ans. En une semaine. Et ça comptait comme très long parce que j'avais eu du mal à accrocher au début du bouquin.

Le souci, ça a été l'adolescence. Déjà de base, le début des emmerdes donc j'avais pas forcément le temps de lire, et puis surtout j'avais lu tout le coin jeunesse de ma bibliothèque. Mais... Tout. Et le coin adulte (encore maintenant d'ailleurs) me plaisait pas tant que ça, parce qu'allez savoir pourquoi, aucun livre ne me donnait l'envie de le chopper et de l'emmener avec moi. Trop de rayons, de titres et de couvertures pas attractives... Et le fait que je suis devenue plus exigeante dans mes lectures. J'avais besoin de m'attacher aux personnages, de fangirler un peu, et bah... Si je ne ressens pas d'affinité ou d'affection pour les personnages, je, non.

Par contre, du coup, je me suis tournée vers les fanfictions. D'abord pour prolonger les Harry Potter (j'ai toujours pas fait mon deuil ), puis sur des séries, film... Dans cette optique de partage entre fans, de prolongation de l'univers, de personnages auxquels j'étais attachés, bref... Sans m'en rendre compte, j'ai continué à lire. (Et calmé ma frustration du MAIS MACHIN AURAIT DU FINIR AVEC MACHIN ET BIDULE NE DEVAIT PAS MOURIR C'EST VRAI QUOI FLÛTE À LA FIN )

Par contre maintenant, j'ai envie de me remettre aux vrais livres (tout en continuant à lire des fanfictions en fait, je veux les deux). Déjà pour apprendre des choses (je fais plus confiance aux livres pour ça, et surtout je me sens guidée... Par exemple, je voulais en apprendre plus sur le Japon, mais je ne sais absolument pas quoi taper sur Google pour ça Donc hop, des livres sur leur histoire, les samourais, etc etc !) et puis pour m'évader...
J'ai trouvé le truc pour me poser et lire : lire dans le métro. Chez moi j'ai du mal, je suis beaucoup trop scotchée à mon ordinateur, c'est foutu. Je m'y pose "deux secondes" et ah tiens on est trois heures plus tard.
Donc je me piège toute seule... Un livre dans le sac, et quand dans le métro je m'embête en rentrant du taff, je le sors

Par contre j'ai toujours la peur d'acheter un "mauvais livre", qui ne me plaise pas et que je regrette (c'est bête hein, mais les achats "inutiles", vu ma petite paie d'apprentie, je culpabilise grave). Du coup je fonctionne aux auteurs que je connais, mais bon... Pour en découvrir de nouveaux, c'est compliqué. Et la bibliothèque je m'y perds si je ne sais pas déjà ce que je viens y chercher. Vous avez des "trucs" pour choisir vos livres, vous ?
(J'hésite limite à squatter les rayons de ma Fnac et de lire les livres aux 3/4 avant de les acheter mais je crois que je vais me faire jeter par les vendeurs)

 

[Kiem]

Ben moi j'aime pas lire des livres. 

Dégoûtée par les lectures imposées au lycée puis en DUT, comme pas mal. Et pourtant j'adorais lire avant, je voulais même être bibliothécaire. Mais voilà, c'est devenu une corvée pour moi. J'aime toujours connaître le contenu des livres, mais le fait de lire lui même me frustre. Je lis pour cocher une case, pour enrichir ma culture, mais commençant j'ai déjà hâte d'avoir fini le livre pour avoir l'information que je voulais et passer à autre chose. J'ai l'impression de travailler alors que je pourrais faire quelque chose d'autre. Contrairement à Internet, je ne peux faire qu'une chose à la fois quand je lis et ça me frustre. Ensuite j'ai découvert La Distinction de Bourdieu, et le côté "culture légitime" a terminé de me dégoûter.

J'ai décidé de finir les séries que j'adore de mon adolescence (principalement le Trône de Fer donc. Et encore.) et un peu de socio et d'anthropo une fois tous les 6 mois parce que j'ai envie de creuser un sujet.

Et j'avoue que par certains côtés, cet article me chiffonne un peu. J'ai l'impression que je dois absolument trouver un style de livre qui me plaît, que si je ne lis pas j'y mets vraiment de la mauvaise volonté. Qu'il faut absolument lire des livres en quelque sorte.

Alors que j'écris, je dessine, bref, j'ai plein d'autres moyens de m'occuper. Peut-être qu'il y a des trucs qui me plairaient, que j'ai juste la flemme d'aller les chercher. Mais... Et alors ? Je lis des articles en ligne pour m'informer, mais je n'ai pas envie de lire des livres. Et je le vis très bien, ça me fait même gagner du temps, de l'argent et de la place de rangement. Je n'ai pas envie de me remettre à la lecture, et j'ai l'impression que l'article ne prend pas en compte que tout le monde n'a pas forcément envie de lire. Même si il y en a très certainement pour tous les goûts.

 

[MrsAnonyme]

"Bonjour, je m'appelle Lullaby84 et je suis bookaholic. Ah non, je ne veux pas arrêter ^^"

En bref, très, très bon article ! La lecture, c'est un plaisir qui doit le rester. Et il ne faut pas avoir honte de ce qu'on lit ! S'il fut un temps où je méprisais certaines lectures (honte à moi... ), au fil du temps et de mon travail (je suis bibliothécaire), j'ai appris à regarder tout cela d'un autre angle.

J'ai ainsi eu une jeune ado qui venait de terminer Twilight et demandait des conseils pour d'autres livres fantastiques "mais pas forcément du même style, c'est pour découvrir d'autres choses, Twilight, ça m'a donné envie". Je l'ai orientée vers Barbara Hambly et Tanith Lee, elle a bien aimé, et je suis contente de voir que Twilight (que je n'ai pas aimé) a donné ainsi envie de lire d'autres titres à cette jeune fille.
Et moi-même, depuis peu, je me suis mise aux romans à l'eau de rose pour les soirs où je suis trop épuisée pour me lancer même dans mon bouquin préféré (j'aime bien les trucs qui ont un style travaillé, du sous-texte et tout mais quand on est crevé, un petit bouquin rigolo ou romantique pas prise de tête, c'est super ! Idem pour se changer les idées en cas de déprime).

Bref, + 1000 pour les droits du lecteur de Pennac - bookaholic ou pas, je ne me force plus : quand ça passe pas, je laisse tomber ou je saute des pages. Ou direct la fin. Pas de culpabilité, trop de bons livres attendent leur tour derrière !

Ne pas hésiter, aussi, si vous ne savez pas quoi lire, de demander conseil aux libraires et aux bibliothécaires : vu que c'est notre boulot (pas de lire ! Je vous vois venir avec les clichés ) d'être au courant (pas de tout ce qui sort, hélas, il y en a trop, mais au moins on sait le résumé des bouquins qu'on a commandés ou au mieux orienter vers le/la collègue qui connaît tel domaine), on peut donner quelques pistes. J'ai ainsi eu de précieux conseils de mon libraire et en ai donné aussi à mon boulot - et rien ne me fait plus plaisir que de voir repartir un lecteur tout heureux, son livre sous le bras

Lisez, lisez, c'est bon comme passe-temps