Je passe juste pour rectifier les propos de Poutchinelle, l'argent n'est certainement pas offert aux banques. Je prends l'exemple du plan de sauvetage français de 360 milliards (je ne parlerai pas du FSI) : il est divisé en deux parties.
La première de 320 milliards sert à la garantie des prêts interbancaires. Bien entendu, cette garantie est payante, les banques payent à l'Etat cette "assurance". Le principe : si une banque emprunte et qu'elle est incapable de rembourser par la suite, l'Etat le fait à sa place. Certains experts disent que cette garantie de prêts interbancaires pourrait rapporter 1 milliards d'euros à l'Etat... bon après, chacun pense ce qu'il veut.
La deuxième partie de 40 milliards sert à recapitaliser les banques, par le biais de titre de dette subordonnée (bon, un peu compliqué, disons que ça se rapproche des obligations). En gros, l'Etat emprunte à un taux d'intérêt de, mettons, 4% et il prête aux banques à un taux de 8%. Cette opération devrait rapporter à l'Etat environ 450 millions d'euros. Donc, pas vraiment un cadeau.
Sinon, par rapport à la crise (financière, boursière et tout ce que vous voulez), les actions à court terme (telle que les injections massives de liquidités ou la baisse des taux directeurs des banques centrales, ou encore le soutien à certains secteurs de l'économie) semblaient incontournables.
Maintenant, comme Arthus (pas le photographe, l'économiste) le souligne, cette crise trouve sa source dans un constat malheureux : les revenus du capital ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus du travail. Si les ménages n'avaient pas dû substitué l'endettement à leurs revenus pour soutenir l'effort de consommation, cette crise n'aurait sûrement jamais vu le jour : l'inégalité croissante est pour moi la source de la crise.
Mais puisque la question est de savoir si la réponse à la crise est adéquate, je pense qu'à long terme, ça n'est pas viable : même si certaines techniques utilisées sur les marchés financiers comme la titrisation ou la vente à découvert ont été momentanément suspendues (il me semble), une plus grande régulation est de mise.
Voici quelques pistes :
- Les paradis fiscaux, ces zones qui font non seulement perdre des ressources fiscales aux Etats mais sont aussi des zones de non régulation, doivent disparaître.
- Les traders doivent être moins rémunérés et être juridiquement responsables des sommes qu'ils jouent.
- Les agences de notation doivent jouer leur rôle (les menacer de contrôle public peut suffire).
- La titrisation doit être interdite, ce qui entraînerait une baisse du nombre de crédits, et donc éviterait une nouvelle inflation (même si en ce moment, ça ne risque pas, avec le cours du baril qui est passé sous la barre des 40$).
De plus, la crise est l'occasion d'installer un nouvel ordre dans l'économie mondiale : ça pourrait être l'occasion de réaffirmer le rôle des instances publiques (et donc les renforcer), revenir à des économies fondées sur la production et non la consommation (hmm), revenir sur la répartition des richesses (comme cité plus haut)?
Bon voilà, désolée pour ce pavé, je m'ennuyais!