@Dragonya : Pour moi, un des plus gros leviers pour changer ça, ce serait de revoir complètement l'accès et la formation des études de médecine. Quand tu as une majorité issue de la classe moyenne ou supérieure, venant de villes grandes ou moyennes, tu peux pas t'attendre à une grande diversité dans les projets d'installation.
Les jeunes des classes défavorisées ou de milieu rural galèrent plus pour réussir ces études, alors que ce sont ces mêmes jeunes qui auraient le plus de chances de retourner travailler dans des zones peu attractives. J'avais vu il y a quelques années un reportage où on expliquait à une médecin qui venait d'un pays du nord (mais je sais plus lequel, mea culpa) et qui était choquée quand on lui expliquait qu'en France se posait la question de proposer 15000 euros pour les médecins qui s'installeraient dans des déserts médicaux. Elle avait répondu que normalement, quand on fait médecine, c'est pour aider les autres et donc les gens devraient d'eux mêmes s'interroger sur où ils seraient le plus utiles sans qu'on ait à leur donner un bonus pour les appâter. Mais je ne suis pas sûre que cette qualité de se mettre au service des autres soit particulier favorisé par le système des études de médecine.
Et comme disait ma VDD, ça choque pas grand monde que les profs doivent gagner des points pour exercer dans un département proche de ce qu'ils auraient aimé après des années à travailler loin de tous leurs points d'attache. ça choque pas grand monde que des bibliothécaires se retrouvent à l'autre bout de la France parce que c'est là qu'elles ont été nommées. Et je viens d'une famille de pompiers, donc le plan "louper des anniversaires, être loin, devoir partir en urgences trois semaines pour couvrir des feux de ouf, être de garde à Noel, au jour de l'an, aux anniversaires etc etc etc", c'est ce que j'ai toujours connu autour de moi, et pas seulement pendant l'équivalent de leurs années d'études mais pendant leurs 40 et quelques années de vie professionnelle et... ben en fait, ça fait partie du job (ou du volontariat pour ceux qui étaient pompiers volontaires). Donc j'ai du mal à comprendre les personnes qui font médecine mais ne veulent pas de la contre partie qui est: aller là où y a des malades et pas de médecins.
Mais j'ai conscience que mon plan qui consiste à changer la formation pour changer le profil des médecins et changer les qualités qu'on cultive chez eux ne répond pas du tout au besoin immédiat de médecins qui sont en insuffisance numérique à peu près partout.
(Je sais pas si je laisserai ce message parce qu'en vrai, je déteste les débats donc je vous en supplie, si vous me tombez dessus parce que j'ai dit de la merde, essayez de pas être trop violentes.
Et je comprends complètement que quand on vient de Bordeaux, on veuille y rester, ou si on a passé ses dix ans d'études à se créer sa vie sur Dijon, on a envie d'y rester aussi.
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