@DaisyFitzroy moi je suis pas convaincue justement, et j'estime que les femmes ont un grand rôle à jouer dans la relation entre les hommes et le féminisme.
Encore une fois je pense que c'est une erreur de penser en termes de genres, "les femmes" vs "les hommes".
La majorité des hommes qui ont été convaincus par le féminisme et que j'ai connus / connais, l'ont été très majoritairement par des femmes, de par mon expérience.
D'une part, si un homme est vraiment misogyne dans ses actes et sa vision du monde, je vois pas comment il pourra être convaincu par un autre homme.
Surtout que pour ces gens-là, les hommes vraiment proféministes ne sont pas de "vrais hommes" mais des "gauchistes"/"woke"/"homme-soja" etc... (la caricature des "hommes devenus femmes" convaincus par des "femmes devenues hommes")
D'autre part, l'image d'une certaine forme de militantisme peut poser problème et repousser d'éventuels alliés.
On ne convainc personne si on n'essaie pas d'écouter et de comprendre le camp d'en face (surtout si on demande d'être écoutées et comprises, mais qu'on refuse de le faire dans le sens inverse), ou si on part du principe qu'ils ont forcément tort et qu'on a forcément raison, et qu'on doit "éduquer" les hommes (ça sera pris pour de la condescendance et ça n'attirera personne - et ça sera normal).
La manière de communiquer est très importante si on veut convaincre des personnes "extérieures". Et il faut aussi éviter le piège "convaincre des convaincu.e.s".
Il y a un certain nombre d'hommes qui ne se reconnaissent pas dans la société patriarcale, mais qui ne se reconnaissent pas non plus dans une certaine forme de féminisme militant.
"Je suis d'accord avec le féminisme mais je n'aime pas les féministes". Ça je l'ai entendu plusieurs fois déjà, et en général, la première question que je pose est "pourquoi ?".
La réponse qui revient est qu'ils sentent clairement qu'ils ne sont pas les bienvenus et qu'ils ne sont pas écoutés quand ils parlent (voire moqués/dénigrés dans leur souffrance ou leur vécu). Parce que "homme" = "méfiance".
C'est là qu'on leur explique qu'ils sont mal tombés et qu'il y a d'autres féministes (peut-être moins médiatiques...) mais qui sont plus ouvertes à l'écoute et au dialogue. Et là ça passe beaucoup mieux...
ça montre que la différence entre "féminisme" et "militantisme (féministe)" est importante, et aussi la vision qu'ont les gens du féminisme dépend beaucoup du militantisme (donc de la partie "visible" / médiatique du féminisme), ainsi que des individus rencontrés.
Toutes les féministes sont loin d'être d'accord entre elles, que ce soit en terme de sujets jugés sensibles, ou de manière de communiquer. Et c'est important de le souligner.
Voilà pourquoi je pense que c'est principalement des femmes qui peuvent donner une autre image du féminisme que ce qu'ils en ont, et que bien moins souvent un homme pourra le faire.
Exactement à l'image de l'opinion qu'on a d'un pays à travers ses habitants. On sera toujours mieux convaincus par des gens du pays (des "autochtones") plutôt que par des "compatriotes".
Pareil pour le féminisme, de mon point de vue.
Après, tout dépend des profils d'hommes à convaincre, de leur histoire personnelle, de leurs rapports avec le féminisme, etc...
Mais considérer que seuls les hommes peuvent convaincre d'autres hommes , ça serait, à mon avis, une erreur stratégique.
- Ça serait sous-estimer notre pouvoir de convaincre certains hommes
(notamment qui ne correspondent pas aux standards, ou qui ne se reconnaissent pas dans l'image de la masculinité, ou des "devoirs en tant qu'homme" que la société impose, etc...) qui peuvent tout à fait devenir nos alliés, à condition qu'on veuille aussi dialoguer avec eux (et non, je parle pas des hommes autoproclamés dont il faut se méfier).
- Et ça serait mettre tous les hommes dans le même sac.
Or on a bien vu que la réalité est complexe et que non seulement on peut pas mettre tous les hommes ensemble, mais on ne peut pas non plus mettre toutes les femmes ensemble.
Quoi qu'il en soit, la diplomatie passe forcément par la discussion et la compréhension des arguments de l'autre "camp" (même si je n'aime pas ce mot, trop réducteur).
Et je pense que c'est à tout le monde de jouer un rôle, homme ou femme.