Bonjour.
Étant à l’origine de cette pétition, je suis désolée d’en lire votre interprétation sans que nous ayons pu en échanger en amont. Le sujet du congé maternité ne pouvant être traité en surface, j’aurai voulu pouvoir vous expliquer ma démarche.
Cette pétition, bien que relayée il y a peu sur la plateforme de l’assemblée nationale, est parue sur une plateforme de pétitions privée en 2018 et a obtenu plus de 112 000 signatures. À l’époque, le gouvernement planchait déjà sur l’augmentation du congé paternité, alors j’ai voulu interpeler les politiques afin de les informer qu’il y avait également un réel besoin chez certains mères de prolonger le congé maternité.
La loi permet déjà de pouvoir revenir au travail avant la fin de la durée légale (pour celles notamment qui ne supporteraient pas cet isolement induit par la maternité dans notre société) mais elle ne permet pas de le prolonger au delà de 10 semaines. En demandant son allongement, je ne demande en aucun cas de supprimer cette possibilité de reprise du travail précoce, déjà existante.
Le congé maternité relevant de la branche santé ( et non de la branche famille comme le congé parental) j’ai dû faire un choix dans la publication de ma pétition. Je ne l’oppose en aucun cas au congé paternité et au congé parental qui doivent bien évidement être revalorisés.
Beaucoup de femmes ne se sentent pas prête à 10 semaines post accouchement de retourner au travail. Le congé maternité n’est pas un congé pour « éduquer » son enfant (ce qui relève des deux parents) mais, comme vous le dites, pour se remettre d’une grossesse, d’un accouchement et du chamboulement hormonal et identitaire qui nous arrive. Les professionnels de santé et de l’enfance sont unanimes, 2 mois 1/2 c’est trop tôt pour tout cela et aussi trop tôt pour qu’un bébé se retrouve en collectivité. Ce n’est pas essentialisant de dire cela, ce sont des faits et actuellement seules les femmes sont encore capables de porter et de donner la vie. Mais aujourd’hui, peut d’entre elles ont le choix de prendre ce temps pour elles et leur bébé.
Le congé parental, qui pourrait être aussi une solution (même s’il s’agit d’un congé pour élever son enfant et non se remettre du post-partum comme ce que nous demandons), est complètement inégalitaire en France puisque son montant est inférieur à celui du RSA. Il implique un sacrifice entre sécurité financière et vie familiale. Je le dis dans ma pétition mais également dans mes e-mails directement envoyés aux sénateurs et députés.
Certains m’ont répondu plancher sur la revalorisation du congé parental et que ma pétition sera un outil pour démontrer qu’il existe un réel besoin. Et c’est à ça que ma pétition doit servir. Pas à opposer mais à informer. Car oui, il faut une réelle refonte des congés parentaux en France et des moyens pour rompre l’isolement autour de la parentalité. Le rapport des 1000 premiers jours a permis de mettre en lumière les problématiques et besoins mais il ne s’est rien passé depuis.
Mais mettre des combats en opposition ne permet de faire avancer personne. La publication d’une pétition est un acte citoyen libre que tout le monde peut engager et j’invite tout le monde à mieux faire si la mienne ne leur convient pas.
Actuellement il existe une souffrance maternelle réelle face à cette loi du congé maternité qui impose une séparation précoce. Cette souffrance, tabou en France, peut conduire à de l’isolement, de la culpabilité et à des dépressions post-partum. Ma pétition a pu mettre cela en lumière et doit service d’outil pour que les politiques revoient l’intégralité des congés parentaux en pleine conscience.
Ma pétition initiale, c’est plus de 112 000 signatures de mères en souffrance aujourd’hui, hier, demain. S’il vous plait, ne dites pas à toutes ces femmes qu’en signant la pétition elles encouragent un système inégalitaire alors qu’elles se lèvent enfin pour sortir de l’isolement et militer pour leurs droits.
Dire à ces femmes qu’elles ne doivent pas se mobiliser pour marquer leurs convictions profondes et exprimer leur souffrance, c’est encore une fois les bâillonner et les contraindre à souffrir en silence. Donc non ! Ma pétition est là aussi pour que toutes les femmes qui ont et vont souffrir un jour de cette séparation précoce sachent qu’elles ne sont pas seules. Que cette culpabilité qu’elles ressentent dans leurs tripes n’est pas de leur faute mais de celle d’une société qui ne leur permet pas aujourd’hui d’avoir le choix.