Perso, je suis d’accord que ça peut être violent pour un enfant d’être qualifié de menteur. Les enfants ne mentent pas pour les mêmes raisons que les adultes ou en tout cas avec la même compréhension morale du mensonge et charger de moralisme binaire un acte qui répond probablement à une tentative de gérer ses besoins par l’enfant peut amener à des conséquences opposées à ce que l’on souhaite (la fin du mensonge). L’enfant peut essayer de se sortir de cette étiquette négative difficile à assumer en inventant des mensonges encore plus gros par exemple. Ou il peut en conclure que ses parents ne lui font pas confiance et ne le croient de toute façon pas et renoncer à se confier en cas de problème, même si c’est normal qu’on ne croit pas son mensonge.
Par contre, dire que quelque chose ne semble pas vrai et expliquer pourquoi c’est un problème de cacher ma vérité sur ce point, voire essayer de comprendre pourquoi ce mensonge et proposer des solutions à l’enfant pour lui montrer que mentir n’est pas une nécessité, c’est beaucoup plus constructif que de le traiter de menteur.
Quand j’étais petite, j’ai eu une période où je n’assumais pas certains de mes actes, je disais qu’un monstre avait fait telle ou telle chose et je refusais de reconnaître que c’était en fait moi. Ça insupportait ma mère qui me disait d’arrêter de raconter n’importe quoi et qu’il n’y a pas de monstres. A l’inverse, mon père rentrait dans mon jeu, ce que ma mère ne comprenait pas du tout et qui l’énervait au plus haut point.
On en reparlait récemment et elle m’a dit qu’avec le recul, elle pensait que la stratégie de mon père était bien meilleure. Au final, j’avouais à mon père les « bêtises » que j’avais faites au nom du monstre et j’écoutais quand il m’expliquait pourquoi ce n’était pas bien, alors que la réaction de ma mère me faisait m’enfermer dans un déni de mes bêtises et me faisait craindre de me faire disputer. Puisque mon père faisait semblant de croire que ce n’était pas moi mais un monstre, je pouvais aller lui dire sans avoir peur et réparer avec lui la bêtise ou comprendre pourquoi c’était une bêtise.
Bien sûr, je n’assumais pas complètement mais avec le recul, ma mère me disait que ce n’est pas le plus important de dire « c’est moi » quand on est un enfant d’un certain âge, et que parfois, faire semblant de croire un mensonge pour encourager l’enfant à demander de l’aide à un adulte et ainsi comprendre ce qui s’est vraiment passé, c’est beaucoup plus efficace que d’exiger la vérité. Même si c’est important aussi de mener petit à petit l’enfant à un point où il n’a plus peur de dire la vérité et se sent assez en confiance pour être honnête plutôt que de l’encourager en permanence dans ses mensonges.
C’est pour ça que lui dire « tu mens » n’est pas forcément pertinent, alors que lui dire « est-ce que ça c’est vraiment passé comme tu le décris quand tu dis xyz ou il y a quelque chose qui était différent? Je te demande car si je n’ai pas cette info, voilà pourquoi ça peut poser problème » peut être plus utile.