@Clematis Merci pour ta réponse.
Perso l'application de la méthode mixte, donc à départ globale, je l'ai constaté. Lorsqu'on met un texte sous les yeux de l'enfant en lui demandant de "lire" grâce à des indices c'est une méthode globale.
Déjà c'est la méthode qui était appliquée lorsque j'étais en CP. Un texte au tableau sur lequel on passait une éternité à regarder les mots (tel mot commence par... qu'est-ce que ça peut-être? Ce mot là on l'a vu dans le texte précédant qu'est-ce que c'est?). A la fin les mots avait été deviné dans un désordre complet, il y avait des lettres soulignées, un travail sur la "silhouette" du mot etc...
On travaillait tellement de temps sur un texte qu'on finissait par le connaître par cœur. On finissait la séance par la
lecture récitation du texte. Au soir, on pouvait le réciter à la maison sans ouvrir le cahier.
J'ai retrouvé ce même genre d'approche avec d'autres enfants dans leurs devoirs.
Donc ok la méthode globale n'a jamais été utilisée complètement, ou alors de manière sporadique, mais la mixte à départ globale a été utilisée de manière massive et est encore utilisée aujourd'hui.
Maintenant ta collègue utilise peut-être une méthode à départ alphabétique. Aujourd'hui c'est possible. Il y a quelques années si un professeur utilisait une méthode syllabique il se faisait descendre lors de son inspection (voir témoignages de ces enseignant(e)s).
Un lecteur expert ne "reconnait" pas les mots comme des images. Le cerveau analyse chaque mot, plusieurs mots simultanément, et de manière analytique.
Ça fait des années que cette théorie de l’accès au sens par la "reconnaissance" du mot a été prouvée incorrecte.
Nous savons désormais que le cerveau est dans l’incapacité d’assimiler les mots aux images. L’accès direct au sens n’existe pas plus chez le lecteur confirmé que chez le débutant. L’image est traitée par l’hémisphère droit de manière analogique alors que les mots, comme des idéogrammes, sont pris en charge par l’hémisphère gauche, qui opère par une succession d’analyses et de synthèses. Quelle que soit la méthode proposée, le cerveau doit impérativement connaître le code de correspondance entre les sons et les graphismes qui les représentent pour accéder au sens de l’écrit. On conçoit sans peine qu’il est plus simple d’assimiler le code quand on en fournit les éléments de base et les règles de combinaisons à l’élève que lorsqu’il lui faut les découvrir tout seul, avec tous les risques d’erreurs que cet exercice complexe génère. En effet, les enfants victimes de discrimination des sons, de reconnaissance ou d’orientation des formes commettront de nombreuses confusions qui les priveront de l’accès au sens du texte et du plaisir de lire. Ils entreront alors dans la spirale de l’échec avec son cortège de perturbations qui vont des dysorthographies aux anomalies de comportement. Affirmer que les méthodes mixtes présentent moins de danger que les méthodes globales, est une grossière erreur car, les graphèmes isolés étant mêlés à des graphèmes inconnus, les risques de confusions sont identiques à ceux des pédagogies globales pour les enfants qui présentent les anomalies citées précédemment.
L'apocalypse aujourd'hui : la méthode globale. Un texte de Laurent Carle, Psychologue scolaire.
dcalin.fr
Donc non le but de la méthode syllabique n'est pas que les enfants reconnaissent les mots à force de les lire. Le but c'est d'amener l'enfant à un déchiffrage qui soit rapide et efficace et qui lui permette de commencer à lire.
La "recherche d'indice" et le déchiffrage partiel du mot c'est justement ce qui donne de mauvaises habitude de lecture aux enfants. On ne les habitue pas à lire un texte de gauche à droite et de haut en bas sans faire omissions. Au contraire, ça part dans tous les sens.
Il faudrait arrêter d'induire les enfants en erreur en leur disant qu'il doivent essayer de "reconnaitre" le mot. C'est source d'erreur et ça leur fait croire qu'ils ne doivent pas déchiffrer de manière systématique.
Sinon, devant chaque mot du texte, l'enfant ne sait pas s'il doit déchiffrer, totalement ou partiellement, regarder la silhouette du mot, "reconnaitre" sans déchiffrer. Il sait pas s'il doit lire un texte du début à la fin ou partir à la pêche aux indices. Le déchiffrage n'est jamais pratiqué correctement et reste laborieux.
L'enfant est placé dans une position d'insécurité face à un texte. Et cela de manière totalement injustifiée. C'est pas comme si un lecteur expert se posait la question de savoir comment il va lire un mot. Il utilise toujours le même processus automatisé dont il ne se rend plus compte et qui se base sur l'analyse des mots.
On fois qu'on lit, la pratique permet de rendre le déchiffrage plus rapide jusqu'à devenir inconscient. Le déchiffrage devient simultané: le cerveau ne déchiffre plus syllabe par syllabe mais déchiffre plusieurs syllabes à la foi. Mais c'est pas parce-qu'on ne se rend plus compte qu'on déchiffre qu'on ne le fait plus. Si on regarde au niveau du cerveau c'est toujours la même zone qui est activée, que ce soit pour l'élève qui déchiffre ou le lecteur expert.
Ça fait sans doute donneuse de leçon mais j'ai vu tellement de dégât suite à cette méthode. C'est dans certains cas extrêmement difficile à rattraper. Surtout si l'enfant n'aime pas "lire" (ce qu'on lui a fait croire être de la lecture) et se trouve nul.
Il serait grand temps d'enterrer les méthodes mixtes et globales, et les théories fumeuses qui les accompagnent.