Alors TIG inutiles mais un accompagnement à la parentalité voire faire passer les droits des enfants au dessus de ceux de leurs géniteurs ne serait pas de trop dans certains cas.
Prof en collège dans une zone défavorisée, je ne supporte plus les maltraitances aux enfants qu'on cache derrière l'excuse "c'est culturel" on va pas faire une IP pour ça.
Ça va des quatre gamins d'une fratrie qui reviennent le crane rasé à la suite d'un mauvais bulletin (filles y compris) à la mère que je reçois pour son gamin irrespectueux et violent (sachant que les cinq grand frères déjà passés étaient pareils) qui me répond que c'est de ma faute.
"Pardon??". "Bah oui vous lui parlez, faut pas, au Mali les professeurs ils les tapent avec la ceinture et les élèves ils sont sages, ils bronchent pas, rien que le bruit de la ceinture ça les tient". J'explique qu'en France on croit que les enfants sont des personnes raisonnables et que parler c'est mieux. "Non mais lui on peut pas lui parler, il est bête (lui était à côté d'ailleurs), vous pouvez le taper, je vous autorise je vous fais un mot". Super...
Elle est fatiguée de de voir travailler à 4 heures du matin puis les réunions parents-profs pour tous ses enfants qui sont ingérables... Mais peut être que c'est cette violence qui les rend aussi borderline... C'est sûr que face à la ceinture on passe un peu pour des clowns avec notre bienveillance. D'ailleurs dès qu'il a un conflit avec quelqu'un c'est du tête contre tête. Les pères qui refusent de nous parler parce qu'on est des femmes. Pères de jeunes filles le red flag devrait être évident.
Les parents qui refusent des prises en charge pour des troubles psy/dys de leurs enfants "nan mais c'est trop cher/trop loin". On leur trouve des rendez-vous à proximité, remboursés et ils n'en veulent pas. Ça me rend folle.
Anecdote symptomatique, l'autre soir à 23heure, je tombe sur L 13 ans qui hurle mon nom dans la rue. Comme d'hab' dès qu'elle me voit c'est l'hystérie, plutôt gênant surtout que ses compagnons n'ont pas l'air ultra fan de l'école et sont clairement en train de faire des ventes, mais elle, elle m'adore, surtout depuis que je suis plus sa prof je lui manque troooop, c'est rigolo parce que je la voyais à un cours sur 4 l'année dernière et j'étais sa pp. D'ailleurs je manque aussi à F. Ah oui tiens, F ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue. Normal, elle est repartie au pays me dit L. Ah oui je peux comprendre, elle était super intelligente et investie et l’enseignement dans certains pays d'Afrique semble bien plus exigeant qu'ici donc c'est compréhensible. Ah non mais elle va plus à l'école, elle s'est mariée. Je me dis que je dois me tromper de F, elle était en 4 ème l'année dernière donc environ 13/14 ans... Si si, L me montre même des photos toute contente de F en robe traditionnelle entourée de fleurs, en train de tenir la main d'un mec bien plus vieux qu'elle et puis une autre d'elle très très enceinte...
Gamine que j'avais signalée à de nombreuses reprises pour ses absences (elle devait s'occuper des petits alors que sa mère ne bossait pas...). On fait quoi pour ces gamins qu'on abandonne pour ne pas stigmatiser leurs parents?
Juste la pauvreté n'est pas une excuse pour faire souffrir des gosses qui n'ont rien demandé. C'est pas qu'une question de chances de naitre dans une bonne famille, c'est une question de politique familiale, on donne l'impression que c'est facile de faire des enfants, que c'est une bonne chose, que ça coute pas si cher grâce aux aides de l'Etat.
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Mes parents étaient de la classe ouvrière, ils bossaient comme des cons depuis 4 heures du matin, mon père faisait les 6/4, et il nous faisait faire les devoirs le soir, ne nous a jamais frappés, même très énervé. Pareil pour ma mère. Ils ont fait le nombre d'enfants qu'ils pouvaient se permettre d'avoir sans être surchargés et nous ont donné le maximum.
Et j'estime que mon frère et moi sommes des personnes relativement équilibrés grâce à eux.
Mais là je sature de ces parents qui se déchargent de leur responsabilités de parents sur la société. Ce n'est pas la société qui élève les enfants, c'est eux.