@ShkroupsEst-ce que c'est compliqué de l'envoyer à plusieurs éditeurs pour les convaincre de te rééditer et continuer avec eux ?
Merci pour ton retour qui me fait plaisir. Maintenant, passons aux choses tristes :
Oui. C'est ultra compliqué, et pas forcément si séduisant que ça.
C'est compliqué et pas juste parce qu'il y a des éditeurs qui ne lisent pas tous les manuscrits envoyés (c'est une réalité même si officiellement il faut dire "oh non pas du tout, tous sont lus hihi haha". En vrai ça dépend des éditeurs^^), pas non plus parce qu'il faut avoir la chance de tomber sur le bon lecteur quand le manuscrit arrive chez un éditeur qui les lit, pas non plus parce qu'il faut être dans la bonne marge "originale mais pas trop" pour rentrer dans les moules (qui demeurent larges hein, heureusement) de maisons qui ne peuvent pas se permettre de prendre de risques en faisant quelque chose de trop décalé, et pas non plus parce que les grosses maisons ont bien souvent des goûts... "de vieux" en matière de fantasy (je savais pas que ça existait avant qu'on m'explique le concept^^). Non. Tout ça, c'est déjà galère mais ce n'est que la 1ère étape et on peut la passer avec un peu de chance (ce fut mon cas).
Mais ensuite, il faut trouver un éditeur qui peut vraiment assurer une distribution et vente (sinon, autant faire de l'auto-publication) et qui ne risque pas de faire faillite l'année suivante... C'est de plus en plus chaud pour les éditeurs (un gars qui fait de la BD, maliki je crois, en a un peu parlé). Beaucoup ont du mal à survivre, ce qui n'est pas cool certes, et en même temps leur boulot peut être discuté dans notre monde moderne. Notamment si on prend conscience que cette chaîne étrange avec moult intermédiaires n'est pas une nécessité ni réellement justifiée (
http://toutva-mieux.blogspot.fr/2016/11/droit-de-copie-2.html). C'est ce qui me rend la perspective peu séduisante (à moins de tomber sur, je sais pas, une perle rare qui ne voudra très certainement pas de moi. Oui, je suis quelqu'un de très optimiste ^^).
Il est arrivé qu'on me dise "oui mais quand même, l'éditeur permet de trier le bon du mauvais, de servir un peu de sas avant que le livre n'arrive au lecteur, car n'importe qui peut écrire ! Être choisi par un éditeur, c'est un gage de qualité". Dans l'idéal, oui. En vrai, ça dépend. N'importe qui peut être éditeur, là y'a pas de sas "qualité-littéraire" qui fera un tri entre untel et bidule. Et tous ne sont pas forcément si qualifiés (tous ceux que j'ai croisés lisaient et aimaient la littérature, mais ceux qui avaient des profils de grammairiens ou qui s'y connaissaient en stylistique, j'en ai pas vus beaucoup.)
J'exagère un poil parce que, pour survivre, il faut bien que la maison évite de faire du total yolo et soit un poil compétente, mais quand bien même... est-ce que leur filtre est tant que ça plus légitime que celui du public ? C'est une question non-rhétorique, je me la pose vraiment. C'est le public au final, qui achète et fait les ventes. Actuellement, il est fortement canalisé par les éditeurs puis ceux qui suivent et le public lit ce qu'on lui donne. Or, avec l'auto-édition, on lui donnerait plus, et plus varié... peut-être qu'il lirait tout autre chose ?
Est-ce que se passer de l'éditeur ne permettrait pas au public d'avoir un vrai choix, même s'il devra faire plus de tri ? Est-ce que ça ne permettrait pas à des œuvres de se démarquer car elles auront réellement trouvé un écho chez des gens et non parce qu'elles auront été calibrées par un éditeur ou mises en avant par de la pub ? Je suis partagée mais toute cette réflexion participe à me rendre frileuse quant à recommencer l'expérience de l'édition classique.
Car cette chaîne du livre ne me convainc pas :
je n'ai pas eu d'avance pour mon roman, je n'ai jamais été payée, pourtant le livre s'est vendu et il continue de se vendre (sur Amazon etc.). L' éditeur a reçu ses sous, le distributeur aussi, même l'Etat (que, personnellement, je n'ai pourtant pas trouvé d'une grande aide...) mais moi non, j'ai même été sérieusement dans la merde, tout ça parce qu'en tant qu'auteur, je suis le maillon le plus dérisoire de la chaîne. Même si personne n'aurait rien reçu sans moi. Tout ça fait que je vois de plus en plus ce système comme une forme d'exploitation dans le pire des cas, de collaboration inégalitaire mais bénéfique dans le meilleur, et la plupart du temps, une offre pas si séduisante que ça.
Y'a qu'à voir : j'ai une amie illustratrice qui a lancé un projet en auto-publication, ça marche très bien, du coup elle est démarchée par un éditeur BD très très connu (qu'elle avait contacté plusieurs années auparavant mais qui voulait complètement changer son projet pour que ça fasse plus "Seigneurs des Anneaux, c'est à la mode tout ça". Bon, malgré le fait qu'il mette en avant que travailler avec lui lui permettrait de bénéficier de son regard de pro qui pour le coup n'était pas tip-top, on pourrait croire que ça lui ferait envie. Rejoindre les rangs de tous ces grands auteurs de B.D, ah lala, tout ça. Sauf que le pourcentage qu'on lui propose est tellement dérisoire que même en étant mieux distribuée (en fnac et librairie) ça ne vaut pas le coup et il vaut mieux pour elle qu'elle reste indépendante.
Bref... pour partir à l'assaut de l'éditeur, il faut être déterminé et remonté à bloc, avoir envie de se battre et y croire. C'est une quête difficile, tu devines aisément vu comment je pars que je ne suis pas prête d'en trouver un de sitôt :'(