Mais en fait, ce qui me perturbe ici c'est de considérer comme normal de travailler sans être payé.es sous prétexte d'être étudiant.es.
On est dans une société où on entend à longueur de journée que pour avoir de la thune faut bosser, et là on cherche un moyen pour ne pas rémunuérer des gens qui bossent, et qui produisent quelque chose qui va ensuite être exploité ?
Oui, une entreprise privée va faire du bénéfice qui va être envoyé aux actionnaires, que je sois d'accord ou non, c'est la base du capitalisme, et c'est un autre débat. Mais rechercher la gratuité pour lutter contre le capitalisme, c'est faire le jeu des dominant.es, en fait. Les travailleur.ses n'ont plus de salaire, le rêve de tout.e dirigeant.e qui veut "diminuer les charges" !
Je suis désolée que certain.es d'entre vous, en tant qu'étudiant.es, aient eu à travailler dans un similacre d'emploi non rémunéré, mais je refuse que ça devienne normal. Je sais que j'en avais eu l'occasion, étudiante en réalisation numérique, et que toute notre promo avait envoyé chier une grosse chaine de télé privée. Merci, mais payez des professionnel.les, en fait. Embauchez-nous dans deux ans, quand on sera diplomé.es. Là, y avait un arrangement financier entre la boite et l'école (privée !), de l'argent circulait, pas de soucis. Juste pas dans les poches des travailleur.ses, parce qu'on étaient pas reconnu.es comme tel.les, parce que étudiant.es. Alors qu'on aurait bossé exactement comme ça, sous la direction d'un réalisateur, avec un cahier des charges et zéro prise de décision. "Ca nous prépare au monde réel", merci mais non. On a toute notre vie pour obéir à nos directeur.ices de projet et ne plus décider de ce qu'on fait de nos journée, pour ces dernières années, laissez nous être nos propres directeur.ices. Si vous voulez nous préparer au monde réel, parlez nous du statut d'intermittent du spectacle, de comment c'est d'être auto-entrepreneur, d'à quel point on va galérer, parce que des films entiers se font l'été, uniquement avec des stagiaires "dédommagé.es"
C'est un drame très lié aux métiers "passion" : beaucoup de gens ne les considèrent pas comme des "vrais métiers", et ne comprennent pas pourquoi on devrait être payé.es alors qu'on fait ce qu'on aime. Mais parce que ce qu'on créé est exploité par des entreprises, génère des bénéfices, et profite à beaucoup. (la vie sans films, séries, livres, jeux, objets jolis mais pratiques ? L'angoisse !)
J'ai beaucoup dérivé sur mon cas personnel. Mais embauchez, sacrebleu, faites pas bosser des gens gratos. Le produit que vous achetez est le même au final, qu'il ait été fait par des étudiant.es ou des vieux de la vieille. Donc y a pas de raison que le prix soit différent.
Et c'est encore pire que ce soit le gouvernement, zut !