Docu Arte - Je suis grande, et alors ?
- Initiateur de la discussion Fab
- Date de début
Je trouve que la réaction de la mère de Lisa est assez étrange, dans le genre "je crois en Dieu mais pas en la médecine". Sa fille ne souffre pas de problèmes d'articulations à seize ans, c'est cool, mais ça ne durera peut être pas toujours. Je trouve ça un peu dangereux parce qu'au dela d'une certaine taille on peut craindre des répercussions qui ne sont pas seulement d'ordre social…
Je viens d'une famille de grands, mon frère mesure 2m10 et je me suis arrêtée à 1m82 grace a une prise en charge médicale dès le début de ma (tardive) puberté. 1m82 c'est très commun mais j'ai l'impression qu'au dela d'1m85 c'est difficile à vivre, peut être que je pense ça à cause des normes qui jugent que la féminité est acceptable si on ne s'éloigne pas trop du mètre 80 (?) - d'ailleurs je dis toujours que je mesure 1m80.
Ado je me sentais difforme, je courbais l'échine pour occuper moins d'espace, je trouvais ça atroce d'être aussi imposante, d'avoir les pantalons qui s'arrêtaient aux chevilles, les poignets à l'air en plein hiver et des péniches dans n'importe quelle paire de pompes. Je me sentais ridicule et je me détestais d'avoir une tare aussi voyante. Non seulement j'aurai voulu être petite, moyenne, faire un tranquille mètre 70, mais j'allais jusqu'à me dire "je préfèrerai avoir une jambe en moins que trois têtes de plus" (j'avais quatorze ans hein…)
Et puis, une fois que l'adolescence s'est faite, j'ai très bien vécu ma taille. On m'en parle quasi tous les jours, ça remet en cause la virilité des hommes bêtes, ça impressionne les mamies dans les supermarchés, ça aide à la survie dans le métro, ça aide à apprécier les concerts en fosse, ça ennuie les autres spectateurs au cinéma, ça permet de prendre 5kg incognito, ça me distingue un peu. Je me dis que j'ai été bien bête d'en faire une montagne quand j'étais plus jeune, 1m82 c'est rien, on s'est moqué de moi comme on se moque de n'importe quelle particularité physique, tant que ça ne m'handicape pas physiquement je ne vois pas où est le drame.
L'autre avantage majeur qu'il y a à être grande, et le reportage en parle un peu, c'est que ça renverse les normes sociales et l'archétype de la petite bonne femme que l'on doit protéger. On me prend au sérieux parce que physiquement j'en impose plus qu'une femme d'un mètre soixante. Et je remarque que les hommes aiment mettre en avant le fait que je sois très mince pour contre-balancer cette autosuffisance physique (par ex "T'as pas de muscles, t'es fragile, on pourrait te casser") comme s'il était impossible qu'une femme puisse être égale ou superieure à un homme physiquement et qu'il faille nécessairement la rabaisser.
Je viens d'une famille de grands, mon frère mesure 2m10 et je me suis arrêtée à 1m82 grace a une prise en charge médicale dès le début de ma (tardive) puberté. 1m82 c'est très commun mais j'ai l'impression qu'au dela d'1m85 c'est difficile à vivre, peut être que je pense ça à cause des normes qui jugent que la féminité est acceptable si on ne s'éloigne pas trop du mètre 80 (?) - d'ailleurs je dis toujours que je mesure 1m80.
Ado je me sentais difforme, je courbais l'échine pour occuper moins d'espace, je trouvais ça atroce d'être aussi imposante, d'avoir les pantalons qui s'arrêtaient aux chevilles, les poignets à l'air en plein hiver et des péniches dans n'importe quelle paire de pompes. Je me sentais ridicule et je me détestais d'avoir une tare aussi voyante. Non seulement j'aurai voulu être petite, moyenne, faire un tranquille mètre 70, mais j'allais jusqu'à me dire "je préfèrerai avoir une jambe en moins que trois têtes de plus" (j'avais quatorze ans hein…)
Et puis, une fois que l'adolescence s'est faite, j'ai très bien vécu ma taille. On m'en parle quasi tous les jours, ça remet en cause la virilité des hommes bêtes, ça impressionne les mamies dans les supermarchés, ça aide à la survie dans le métro, ça aide à apprécier les concerts en fosse, ça ennuie les autres spectateurs au cinéma, ça permet de prendre 5kg incognito, ça me distingue un peu. Je me dis que j'ai été bien bête d'en faire une montagne quand j'étais plus jeune, 1m82 c'est rien, on s'est moqué de moi comme on se moque de n'importe quelle particularité physique, tant que ça ne m'handicape pas physiquement je ne vois pas où est le drame.
L'autre avantage majeur qu'il y a à être grande, et le reportage en parle un peu, c'est que ça renverse les normes sociales et l'archétype de la petite bonne femme que l'on doit protéger. On me prend au sérieux parce que physiquement j'en impose plus qu'une femme d'un mètre soixante. Et je remarque que les hommes aiment mettre en avant le fait que je sois très mince pour contre-balancer cette autosuffisance physique (par ex "T'as pas de muscles, t'es fragile, on pourrait te casser") comme s'il était impossible qu'une femme puisse être égale ou superieure à un homme physiquement et qu'il faille nécessairement la rabaisser.
Et le plus dur de tout c'est pas d'être petite et grosse, ni petite et maigre, ni grande et maigre (parce que comme ça a été dit, la minceur renvoie à une image de fragilité et donc contre balance avec le fait d'être très grande). Non, le pire du pire c'est d'être G.R.A.N.D.E.-ET-G.R.O.S.S.E. Alors là sacrilège on s'en prend vraiment plein la gueule 
sharon-stone;4578215 a dit :Non, le pire du pire c'est d'être G.R.A.N.D.E.-ET-G.R.O.S.S.E. Alors là sacrilège on s'en prend vraiment plein la gueule
Oui, je confirme ... En tant que grande gigue de 180 cm, je n'ai que très rarement mal vécu ma taille, j'en ai toujours tiré avantage et les commentaires des gens m'ont toujours amusé. Par contre, le coup du "t'es pas grosse, t'es grande" heu ... ça va 2 sec ! J'ai été en maigreur comme en surpoids, et entre le pas assez et le trop, quand on est grande, y a pas à chier, être en surpoids c'est vraiment affreux, on passe vraiment pour un monstre de foire.
A 10ans je faisais 1m65 et je réalise à quel point j'ai eu de la chance de finir ma croissance 1 an et 3cm plus tard. J'avoue que quand j'étais "petite" personne ne s'est jamais inquiété de ma grande taille. J'avais un an d'avance à l'école et j'étais quand même plus grande que tout le monde. C'était vraiment pas agréable, les gens pensent que t'as 15 ans quand t'en as que 9 ou quand ils connaissent ton âge te trouve vraiment bizarre.
Maintenant du haut de mon 1m68 je me "fonds dans la masse" et c'est vraiment pas plus mal, j'ai eu assez de remarques les 10 premières années de ma vie pour en avoir assez entendu.
Maintenant du haut de mon 1m68 je me "fonds dans la masse" et c'est vraiment pas plus mal, j'ai eu assez de remarques les 10 premières années de ma vie pour en avoir assez entendu.
Mince, j'ai raté ça... Et la vidéo n'est plus disponible. Il y a toujours moyen de la voir quelque part ?
EDIT : ah non rien à voir en fait, c'est juste "indisponible dans mon pays" (Belgique). Quelqu'un connaît un moyen de contrer ça ?
EDIT : ah non rien à voir en fait, c'est juste "indisponible dans mon pays" (Belgique). Quelqu'un connaît un moyen de contrer ça ?
Dernière édition :
Salut 
Je ne peux malheureusement pas voir le documentaire, mais je vais essayer de le chopper, car je suis en effet moi-même "assez grande" (je pensais faire 1m82, mais j'ai grandi entre mes 16 et 24 ans apparemment, vu que maintenant je fais 2cm de plus que mon copain qui fait 1m85 ... je dois donc faire 1m87), et quand j'étais ado j'ai assez mal vécu ce fait, car couplé au fait d'être grosse, bête de foire combo gagnant.
Du coup j'en ai toujours imposé, parce que je n'ai jamais fait bouboule, mais plutôt carré, et mes camarades se lâchaient avec moi.
Pas considérée comme une vraie fille, on se permettait de me frapper vu que j'étais plus grande et imposante que la plupart des mecs. Pourtant, je souffrais moi aussi. Des prétendants, j'en ai eu peu, p'tet un ou 2, grand maximum, j'étais un bonhomme sans bite. Les adultes ne me considéraient pas mieux, me faisant porter des choses très lourdes pour mon âge, qui me donnaient mal au dos. J'ai toujours du encaisser le fait de n'être ni une fille ni un garçon, juste un monstre "surpuissant", a qui on pouvait refiler toutes les tâches difficiles.
Des surnoms, j'en ai eu "quel beau grand garçon" "cheval" (ça c'était de la part de mon oncle), "arbre" "girafe" "thon" de la part de mes camarades.
Convaincue de n'être qu'une monstruosité, je n'ai jamais spécialement pris soin de moi, jusqu'à ce qu'on me témoigne un peu d’intérêt, ce qui forcément renforçait le sentiment que je n'étais pas une fille (ni un homme d'ailleurs), juste une bête, si pas pire.
Finalement, en devenant plus âgée, et en quittant l'école, j'ai appris à apprécier cette taille, et même si on ne me voit pas comme une pauvre fille fragile (que j'aurais tant voulu être fut un temps), j'en tire avantage, et même une fierté, d'être assez marginale et imposante, c'est ma particularité et à l'heure actuelle je ne voudrais vraiment pas être plus petite, c'est moi, c'est mon corps, il en impose, il fait peur parfois, je n'ai pas à en avoir honte.
Je ne peux malheureusement pas voir le documentaire, mais je vais essayer de le chopper, car je suis en effet moi-même "assez grande" (je pensais faire 1m82, mais j'ai grandi entre mes 16 et 24 ans apparemment, vu que maintenant je fais 2cm de plus que mon copain qui fait 1m85 ... je dois donc faire 1m87), et quand j'étais ado j'ai assez mal vécu ce fait, car couplé au fait d'être grosse, bête de foire combo gagnant.
Du coup j'en ai toujours imposé, parce que je n'ai jamais fait bouboule, mais plutôt carré, et mes camarades se lâchaient avec moi.
Pas considérée comme une vraie fille, on se permettait de me frapper vu que j'étais plus grande et imposante que la plupart des mecs. Pourtant, je souffrais moi aussi. Des prétendants, j'en ai eu peu, p'tet un ou 2, grand maximum, j'étais un bonhomme sans bite. Les adultes ne me considéraient pas mieux, me faisant porter des choses très lourdes pour mon âge, qui me donnaient mal au dos. J'ai toujours du encaisser le fait de n'être ni une fille ni un garçon, juste un monstre "surpuissant", a qui on pouvait refiler toutes les tâches difficiles.
Des surnoms, j'en ai eu "quel beau grand garçon" "cheval" (ça c'était de la part de mon oncle), "arbre" "girafe" "thon" de la part de mes camarades.
Convaincue de n'être qu'une monstruosité, je n'ai jamais spécialement pris soin de moi, jusqu'à ce qu'on me témoigne un peu d’intérêt, ce qui forcément renforçait le sentiment que je n'étais pas une fille (ni un homme d'ailleurs), juste une bête, si pas pire.
Finalement, en devenant plus âgée, et en quittant l'école, j'ai appris à apprécier cette taille, et même si on ne me voit pas comme une pauvre fille fragile (que j'aurais tant voulu être fut un temps), j'en tire avantage, et même une fierté, d'être assez marginale et imposante, c'est ma particularité et à l'heure actuelle je ne voudrais vraiment pas être plus petite, c'est moi, c'est mon corps, il en impose, il fait peur parfois, je n'ai pas à en avoir honte.
Moi je ne fais "que" 1m80 et déjà j'ai mis longtemps à l'accepter. Je vivais dans le sud où les gens sont un peu plus petits et je devais toujours me pencher,j'essayais de me faire discrète. Quand je suis arrivée en Bretagne et après à Paris ça m'a fait un bien fou! J'ai enfin rencontré des gens de ma taille, même des filles. Je me suis mise aux talons, j'ai rencontré quelqu'un de plus grand que moi. Mais c'est vrai que ça reste toujours un peu une différence. Les gens me posent souvent des questions sur ma taille, on me dévisage quand je porte des talons et le plus drôle, c'est le nombre de fois où on regarde mes pieds, pour s'assurer que je ne suis pas perchée sur des échasses !!! Il faut en faire un atout, mais c'est sur que la route est longue. Et encore je ne parle pas des fringues !!
Au final du haut de mon 1m60 je ne me sens pas si mal. Et puis on a toujours la possibilité de se grandir le contraire est plus difficile.
paulineorother;4578660 a dit :
Disons qu'à moins de marcher sur les genoux je serais toujours un grand cheval :icon_4laugh:
PS : mais je me rends compte que je n'ai pas parlé de l'aspect vestimentaire, c'est en effet très difficile de trouver des vêtements quand on est très grande, et très grosse.
Mes vêtements sont systématiquement trop courts, j'ai abandonné l'idée de trouver des blouses avec des manches suffisamment longues, j'ai l'air d'une clocharde avec mon manteau qui dévoile mes poignets.
J'ai acheté un maillot récemment (non je ne mets pas de bikini, vergetures sur le ventre sans enfants), XL, il me défonce les épaules, il est trop court.
C'est un peu la merde, surtout sans le budget qui suit, j'espère qu'on nous fera un peu plus de place dans la mode.
Dernière édition :
Ce qui me choque dans cette vidéo, c'est que (au début) la réalisatrice, puis une des mamans s'inquiètent et veulent protéger leurs enfants.
Mais les protéger de quoi, de qui?
Ben de nous, de la société, un peu conne tous les jours.
Les gens dans la rue qui me font payer le choix d'avoir une couleur de peau depuis la naissance, qui n'est pas blanche. Et me mette à l'écart de différentes manières.
D'ailleurs je suppose que les Madz qui me lisent doivent le faire au moment ou elles lisent ces mots. Vu que ce n'est pas une personne blanche derrière l'écran, donc avec une culture différente de la culture française. (Eh ben non je suis française depuis l'âge de 0 mois).
Les "problèmes" physiques :
grande taille,
taille trop petite
couleur de peau
etc, sont la cause de souffrance au quotidien, alors je comprends ce adultes (les mamans) qui pensent comme moi aujourd'hui ( à savoir, je ne compte pas avoir d'enfant avant au moins 10 ans, mais je sais malheureusement déjà que mon futur enfant souffrira: il sera traité chaque jour différemment à cause d'une seule chose. Donc j'espère que il ne sera pas , en plus, gay ou tatoué ou que sais-je de rédhibitoire ).
Voilà ce que me fait ressentir cette vidéo, l'exaspération face à la conformité, de besoin d'avoir l'air le plus plat, le plus normal possible et de nier que nous sommes tous des êtres différents et originaux.
Mais les protéger de quoi, de qui?
Ben de nous, de la société, un peu conne tous les jours.
Les gens dans la rue qui me font payer le choix d'avoir une couleur de peau depuis la naissance, qui n'est pas blanche. Et me mette à l'écart de différentes manières.
D'ailleurs je suppose que les Madz qui me lisent doivent le faire au moment ou elles lisent ces mots. Vu que ce n'est pas une personne blanche derrière l'écran, donc avec une culture différente de la culture française. (Eh ben non je suis française depuis l'âge de 0 mois).
Les "problèmes" physiques :
grande taille,
taille trop petite
couleur de peau
etc, sont la cause de souffrance au quotidien, alors je comprends ce adultes (les mamans) qui pensent comme moi aujourd'hui ( à savoir, je ne compte pas avoir d'enfant avant au moins 10 ans, mais je sais malheureusement déjà que mon futur enfant souffrira: il sera traité chaque jour différemment à cause d'une seule chose. Donc j'espère que il ne sera pas , en plus, gay ou tatoué ou que sais-je de rédhibitoire ).
Voilà ce que me fait ressentir cette vidéo, l'exaspération face à la conformité, de besoin d'avoir l'air le plus plat, le plus normal possible et de nier que nous sommes tous des êtres différents et originaux.
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