@Mrs Sulu
@Kaus Australis
J'ai l'impression qu'il y a une mauvaise compréhension (sûrement induite par le titre de l'article qui aurait pu être mieux choisi) : bon, je suis loin d'être une pro de l'IEF, jusque là je ne fais que me renseigner donc mes connaissances sur le sujet sont encore assez légères, mais il me semble qu'il ne s'agit pas vraiment de "laisser les enfants choisir ce qu'ils veulent apprendre" dans le sens où on ne va rien dire ou faire au gamin et attendre qu'il dise tout seul comme un grand "oh tiens maman, j'aimerais beaucoup en savoir un peu plus sur la géographie !
" car effectivement, cela risque d'être voué à l'échec. L'idée est plutôt de
proposer un maximum de choses à l'enfant, et
ensuite d'approfondir avec lui les thèmes qui l'intéressent à l'instant t (puisque donc la dame de l'article explique qu'un enfant motivé va naturellement retenir facilement les choses). Et à mes yeux, les propositions d'activités ne sont pas faites au hasard mais correspondent à un projet pédagogique plus large, mais pas trop "rigide dans le temps" : exemple : je sais que j'ai 6 mois pour que ma fille apprenne à lire, écrire et compter, sache comparer la taille des objets, soit capable de rentrer des formes dans des trous de même forme, connaisse les couleurs, etc. Bon, je vais donc lui proposer un panel d'activités dont chacune me permettra de l'aider à faire ces apprentissages-là (c'est là où c'est moi qui décide), et elle va choisir le temps qu'elle va prendre et le moment qu'elle choisira pour le faire (c'est là où elle décide). Comme dit dans mon précédent commentaire, je pense que toute thématique permet de faire les apprentissages fondamentaux (lire, écrire, compter, déjà, mais le reste suit).
Parfois il faut leur imposer, parce qu'ils n'ont pas d'imagination, pas l'idée que telle chose nouvelle pourra leur apporter beaucoup plus qu'ils ne le pensent. L'enfance c'est le moment des découvertes, certes, mais elles sont imposées. Autrement la tendance naturelle est de rester sur ce qu'on connait parce que c'est rassurant et qu'on aime sa petite bulle confortable.
Je ne suis absolument pas d'accord avec cette partie de ton commentaire.
Déjà tu pars du principe qu'un enfant peut manquer d'imagination. Ça a pourtant été étudié (je crois que même sur madmoizelle il y avait eu un article sur le sujet) : un enfant non scolarisé ou au début de sa scolarité a une imagination débordante, et après 3 ans d'école, son imagination est vachement plus limitée (y'avait une histoire de "que faire avec un trombone" ou un truc comme ça, et en gros avant l'école, les enfants trouvaient des centaines d'idées, après 3 ans d'école ils avaient une dizaine d'idées de que faire avec ce trombone). La "tendance naturelle" dont tu parles, je pense qu'elle vient largement avec l'âge et le "formatage" des esprits induits par l'école traditionnelle. Or, là (je crois que c'est important de le rappeler), on parle de jeunes enfants (perso je visualise jusqu'à une douzaine d'années, ensuite ça peut se corser, et encore, faudrait voir l'impact de l'IEF et de la scolarisation tradi pour réellement prendre conscience du développement de la personnalité sur les enfants).
Tu parles ensuite de le laisser apprendre des choses "inutiles et chronophages" : as-tu des exemples ? On parle là de jeunes enfants, pour qui TOUT est sujet à apprentissage, à mes yeux encore il ne peut pas y avoir de trucs "inutiles et chronophages", ou alors faut voir quelle finalité tu mets derrière tout ça.
Un enfant n'aura jamais envie d'apprendre quelque chose si on ne lui a pas mis sous le nez à la base.
C'est là où je crois qu'il y a une mauvaise compréhension, car (à mes yeux toujours
), justement le rôle des parents qui font l'IEF c'est de mettre "sous le nez" de l'enfant un max de choses pour lui donner envie d'approfondir. Quand j'en parle avec mon copain, c'est très clair pour nous : prendre chaque opportunité qui se présente pour lui permettre de s'intéresser et de développer sa curiosité (qui de base est déjà hyper développée), ça veut dire être à l'affût de tout ce qui se fait en ville déjà (musées, expos...) ET parallèlement établir de notre côté un projet pédagogique qui va inclure des posters, objets, vidéos, médias variés pour titiller sa curiosité. On prévoit par exemple de dédier une pièce à l'apprentissage en intérieur (oui parce que y'a aussi tout ce qui se fait à l'extérieur
), et de mettre au mur un max de trucs : posters avec le corps humain, le monde, des animaux, des plantes, bref des trucs très divers et variés qui, à un moment ou à un autre, vont piquer sa curiosité. Encore une fois, il ne s'agit pas de laisser l'enfant se gérer tout seul (et je doute que qui que ce soit dans le domaine de l'éducation ait cette vision-là des choses), mais bien de lui proposer un max de trucs.
Maintenant il y a aussi un truc problème, c'est que l'école formate en vue de nous insérer dans un monde professionnel malade, et qu'un enfant qui ne réfléchit pas comme les autres sera vu comme défaillant et futur improductif plutôt que comme un enfant qui apprend différemment de la majorité (ce qu'il est objectivement sans faire la connerie de se projeter). Mais étendre cet apprentissage différent à tous les enfants, pour moi c'est un bordel monstre. Avoir un socle commun ce n'est pas une insulte, ce n'est pas stupide, c'est la base d'une culture générale qui permet de s'y retrouver dans une société donnée; parler à ton voisin de quelque chose qu'il connait, que tu connais, et s'y retrouver.
J'ai du mal à comprendre ce que tu penses au final, car d'un côté tu critiques la société actuelle dans son formatage des esprits (et on est bien d'accord
!), de l'autre j'ai l'impression que tu penses qu'il faut malgré tout "faire comme tout le monde" pour surtout pas être trop "différents" au risque d'avoir du mal à s'intégrer.
Là-dessus, deux choses : d'abord, personnellement, je considère qu'il n'y a rien de bon à vouloir que son enfant soit adapté à une société malade, car ça voudrait dire que je lui souhaite d'avoir une mentalité "déficiente" dans le sens "mauvaise, pas adaptée" (là-dessus, je précise que j'ai des convictions anti-capitalistes et écologiques assez prégnantes). Je préfère me dire que j'élève mon enfant de façon à ce qu'il soit une part non négligeable d'
une nouvelle forme de société, qui ne met pas l'individualisme et le matérialisme au coeur de tout, mais au contraire la solidarité, la bienveillance, l'empathie, etc, plutôt qu'un nouveau rouage de cette société mortifère.
Ensuite, il faut se rappeler que deux générations nous séparent de nos enfants en matière d'éducation : j'ai été élevée dans une certaine génération avec ses défis et obstacles, mon enfant grandit dans une nouvelle génération qui, que je le veuille ou non, me dépasse d'une certaine manière, et elle sera l'adulte d'une génération totalement inconnue pour le moment, avec ses propres caractéristiques. Vouloir éduquer son enfant pour faire face au monde actuel,
c'est l'éduquer à faire face à ce qui sera son passé et non son présent. Raison pour laquelle je préfère l'éduquer de façon à ce qu'elle se sente bien dans ses baskets et de façon à ce qu'elle développe tout son potentiel, et de là, j'estime que ça lui donnera les bases et outils nécessaires pour faire face au présent qu'elle aura à affronter lorsqu'elle sera adulte.
Et pour finir sur ton dernier paragraphe, justement,
éduquons nos enfants pour qu'ils soient cette société humanisante, solidaire, altruiste et bienveillante telle que nous la souhaitons !
Mais cela demande un certain courage, celui de ne pas faire comme tout le monde, de risquer de se tromper (mais de toutes façons, soyons clairs, nous nous trompons et nous nous tromperons tous en ce qui concerne l'éducation des enfants ! c'est comme ça, pour moi l'essentiel c'est de faire avec le coeur, pour le bien de l'enfant selon chacun nos propres convictions)
Moi je refuse de rester passive en me disant "quand la société ira mieux, alors..." :
je suis la société, tu l'es, nous le sommes tous et toutes, prenons nos responsabilités et agissons tel que nous voudrions que tout le monde agisse ! (
)