J'avais commencé à leur écrire une grosse suggestion bien sentie mais je me suis découragée par la tâche que ça aurait représenté de rester polie tout le long du message..
Cette étude est un gros tas de n'importe quoi !
Je suis en dernière année dans mes études de psycho sociale et appliquée avec une orientation dans la promotion de la santé et la prévention des risques et une grosse partie de la formation qui porte sur la création de questionnaires, leur analyse, leur fiabilité etc.. (si on colle tous mes cours sur ces sujets, y a quasiment une année sur les 5 qui y a été consacrée) et j'ai halluciné tout le long, si on avait fait un truc aussi approximatif dans un cours de méthodo, on se serait fait allumer !
Déjà le fait de donner de donner un feedback sur les réponses au fur et à mesure, c'est n'importe quoi parce que ça augmente les effets de conformisme (puisque tu sais que tu vas être comparé à la "norme"), de désirabilité sociale (puisque t'as pas forcément envie de voir écrit "coucou tu es un taré alcoolo et dépressif"), et tous ces biais auxquels on nous apprend à faire gaffe depuis la première année d'uni parce qu'ils peuvent complètement invalider un jeu de donnée.
Ensuite, clairement ils n'ont pas considéré que quand c'est une machine qui fait les stats, elle va juste les recracher de manière bête et méchante, sans faire preuve d'esprit critique. D'où les "supers" analyses du type "tu bois pour te conformer" parce que t'as mis un "parfois" à la question "je bois avec des potes".
Ben oui, c'est vrai "parfois" c'est plus grand que "jamais", donc si t'as répondu "jamais" à tout le reste, pour une machine, c'est que le parfois représente la raison de 100% de tes choix... (je te laisse imaginer si comme moi t'as répondu "parfois" à quasiment tout et jamais de "toujours"... en gros à les écouter, dès qu'il se passe un truc dans ma vie, je bois..)
Je passe sur l'absence quasi totale de choix "autre", ou leur représentation du monde en mode MPT (un papa, une maman youpi), parce que je pense qu'assez a été dit là dessus..
En plus de ça on lit clairement les hypothèses des chercheurs dans les questions (on boit parce qu'on est des crétins conformistes dont les parents sont des alcoolos et puis aussi parce qu'on est tous dépressifs et impulsifs, un peu), ainsi que dans les réponses qu'ils te donnent (clairement orientées). Il n'y a rien dans ce questionnaire qui leur permet de tester des hypothèses alternatives (du type "la consommation est plus présente pendant les périodes de loisir (vacances, match de foot etc..)" ou "les étudiants boivent parce qu'ils apprécient le vin/la bière/le whisky" bref, ce genre de trucs qui apportent un peu de nuance (je l'ai attendue tout le long la question "vous aimez le goût" dans les raisons qui te poussent à boire.. mais non les étudiants sont des incultes qui ne boivent que pour être bourrés parce qu'ils sont mal dans leur peau..).
Bref, un des premiers trucs qu'on apprend dans la recherche, c'est que tes données doivent permettre de rejeter tes hypothèses (vu que de toute façon tu ne peux jamais confirmer une hypothèse), ce qui n'est plus vraiment une option pour eux vu qu'ils ont bien mis toutes les chances de leur côté pour trouver ce qu'ils cherchent (formulation des questions, des échelles de réponse etc..)
Je suis absolument abasourdie que l'INSERM qui est censé être une institution à la pointe fasse des erreurs méthodologiques comme ça et tombe à ce point dans les stéréotypes et les préjugés envers les étudiants..