Bonjour, je suis Rose du témoignage.
Je ne sais pas si quelqu'un.e me lira après toutes ces années. Je suis retombée sur ce témoignage, sur mes mots et sur les vôtres. J'ai lu l'ensemble de vos commentaires, des vrais et faux débats, l'ensemble de la violence de certains propos également.
Pour vous donner un certain contexte, j'ai rencontré Océane (merci encore si tu passe par là) en plein milieu de la tempête, et témoigner, vous raconter cela m'a sauvé.
Depuis j'ai arrêté. J'ai fait parti des témoignages du film "Sugar" de Nina Robert. Pendant quelques jours nous nous sommes retrouvées dans un cadre idyllique pour parler de l'horreur. Parce que oui, nos vécus ont bien était dans l'horrifique. Je minimisais encore à l'époque de cette rencontre avec Océane. Et je reste d'avis que cet homme n'était pas violent contrairement à beaucoup d'ex "amoureux". Il a plus respecté mon consentement que tellement d'autres. Et pourtant, c'était horrifique.
Je comprends les débats idéologiques autour de la prostitution. Mais je ne comprends pas ce nouveau discours présentant la prostitution comme un facteur de libération, que ce soit sur Onlyfan ou autre. Au final c'est toujours les mêmes qui sont gagnants, qu'importe l'argent sur nos comptes. Ce sont toujours ces hommes qui s'en sortent. ceux la qui profitent.
Alors encore aujourd'hui je défends cette idée que oui, on doit pouvoir être libre de son corps et bien sûr que dans un monde idéal la prostitution n'est pas un problème. Mais soyons réaliste, ce monde n'a rien d'idéal. Au final j'en deviens abolitionniste, mais de part notre système.
Récemment j'ai du fuir une nouvelle relation toxique. J'ai appris que cet homme avait dit "plus elles sont traumatisées, plus c'est un film de cul". Et c'est vrai. Plus on est traumatisées plus on accepte.
La plus grande douleur aujourd'hui vis à vis de ce vécu c'est de me rendre compte que ma vie sentimentale et sexuelle m'a amenée si facilement à la prostitution.
Je pensais avoir bien plus à dire mais me voilà un peu perdue face à cet écran, aussi la peur d'un certain jugement, la peur de ne pas être cru quant à mon identité aussi un peu. Mais sait-on jamais, peut être que les quelques personnes voulant de mes nouvelles à l'époque lirons cela : je vais bien, je m'en suis sortie, je resterais précaire à priori mais que voulez-vous...
Je vais m'auto-cité, avec beaucoup d'humilité bien sûr, justement du docu Sugar : Nous vivons dans un monde capitaliste, patriarcal et brutal. Alors courage à vous tou.te.s, mois je vais continuer de panser ces plaies et peut être qu'un jour tout cela sera vraiment oublié.