Comme c'est écrit dans les textes, c'est un peu plus compliqué que ça, ce sont le gens "susceptibles de troubler l'ordre public". On peut avoir leur identité via un contrôle d'identité, certes, mais pas seulement. De plus, on peut avoir "affaire à la police" sans pour autant être coupable de quoi que ce soit... J'ai déjà vu des contrôles d'identité très musclé dans mon lycée (de campagne, je précise) contre des potes qui n'avaient rien fait et qui se sont retrouvé la gueule écrasée sur le trottoir parce qu'ils mettaient plus de 30 sec. à sortir leur carte d'identité. J'imagine que cela, on les voit comme "susceptibles de troubler l'ordre public", et pourtant, jusqu'à preuve du contraire, il n'en est rien. (y a vraiment une notion de "précrime" qui me dérange là dedans.)
Pour ce qui est du "ça ne me dérange pas puisque je n'ai rien à me repprocher", c'est vrai que j'entend souvent cette phrase... L'année dernière on avait fait une sorte de micro trottoir par rapport à la vidéo surveillance, et c'était la phrase la plus redondante...
Le principe me gêne pas mal en fait : Nous n'avons rien à nous reprocher, donc nous acceptons que nos libertés soient bridées, et notre vie fouillée.
Dans un pays où l'on nous demande sans cesse d'avoir confiance en notre gouvernement, foi en notre chef d'état et en ses actions, je trouve ça fort que la confiance ne soit possible que dans un sens et que le "juste retour des choses" soit un fichage des informations personnelles. En étant plus "vaste", je trouve que c'est prendre les gens pour des cons : "comportez vous en honnêtes citoyens, vivez votre vie tranquilement, en échange, on vous surveille, on vous fiche, on vous suspecte, sait on jamais, que vous basculiez du côté obscur de la force."
L'autre soucis, c'est dans le "rien à craindre".
Je reprends mon exemple d'Alain Declercq.
Un artiste connu et reconnu en France. Pour le connaitre et savoir ce qu'il fait, pas difficile : un coup de google, au pire, deux ou trois coup de fils aux musées, et hop, on sait qui est cette personne : un artiste qui a fait de la société de surveillance son thème principal.
Et le mec se retrouve avec la brigade anti terroriste et la brigade anti criminelle qui débarque chez lui en le suspectant d'être un dangereux terroriste.
Donc, si on part dans ce sens là, tous les artistes, sociologues ou journalistes qui font des recherches "poussées" sur des thèmes "sensibles" peuvent être eux même suspectés d'être de dangereux criminels.
Le soucis, c'est que pour l'instant, on ne prévoit aucun droit de rectification de nos informations. Ce qui me fait peur, c'est que, en plus de ficher les informations, ça veut dire qu'elles peuvent être interprétées par n'importe qui et n'importe comment, et que l'on n'a aucun recours...
L'autre jour, je me suis mise à y réfléchir "sérieusement" de manière personnelle : j'ai été déléguée de la région Picardie au Conseil National de la Vie Lycéenne il y a 3 ans... On faisait des réunions avec le ministre de l'éducation.. Donc en gros ils ont facilement mon nom, il est dans tous les rapports de ces réunions. Je ne sais pas s'ils considèrent ça comme un mandat, mais de toutes façons, même sans ça, avec ma super famille, je pense sincèrement que je ne pourrait pas échapper à la fiche.
Si on me connait, on sait que je ne représente pas de "danger", même pour l'ordre public. Je ne suis qu'une énervée de premier degré qui se contente de réfléchir et d'aller à des manifs, mais ça ne va pas plus loin. Au pire, une artiste en formation qui a des risques de se retrouver au chomage... Pas de quoi casser 3 pattes à un canard, ni perdre son temps avec moi.
Mais quand j'y réfléchis, entre la famille, les relations passées ou présentes, mes recherches, et mon taf, il serait vraiment facile de d'amasser simplement les données et de les interpréter d'une manière plus qu'inquiétante.
Je me dis que si c'est déjà possible avec une gamine de 20 ans qui n'a jamais donné de fil à retordre, alors ça doit vraiment être possible de considérer à peu près n'importe qui comme une menace.
En fait, plus j'y réfléchis, plus je me rend compte que ce que je crains le plus dans tout ça, c'est le nombre d'interprétations possibles que l'on peut donner à une seule information. (Et à ce truc de "tous coupables".)
Vizzle a dit :
Soit, c'est un peu comme "Big Brother" mais nous sommes tous "surveiller" d'une manière ou une autre alors autant l'officialiser.
Là c'est clair que pour le coup, ils jouent le jeu du "on vous le dit"... D'ailleurs ça m'a assez étonnée, car quand j'avais commencé à fouiner, je trouvais que c'était l'une des choses qui différaient le plus entre l'Angleterre et la France : la situation de l'Angleterre était plus inquiétante, mais plus facile à appréhender car on parlait beaucoup plus facilement des moyens de surveillance. En France c'etait beaucoup plus difficile de trouver ces infos.
Bref.
Comme on l'avait dit plus haut (et Eliame avec Dédé
), le soucis, c'est qu'ici ces informations ne sont plus réservées à des "professionels de la surveillance" mais à toutes les personnes de la police, de la gendarmerie, et par extension, aussi les préfets... (ce qui en plus, j'en ai peur, favorise les "mauvaises interprétations".)
Désolée pour le pavé ^^