Franco-Allemande, j'ai été victime... de xénophobie — Témoignage

[aspirateur-killeuse]

Bonjour,
Je suis franco-serbo-slovaque. Mes parents sont issus d'une petite minorité slovaque en Serbie (ce qui n'est déjà pas facile à vivre). Lorsque je dis à des gens que je suis parfois victime de discrimination à cause de mon multi-linguisme, on me ris au nez en disant que je suis blanche, que ce n'est pas vrai, que j'invente. Dans l'ancien quartier où je vivais, la voisine parlait de ma famille comme des "bougnoules de l'est", elle refusait que ses enfants jouent avec nous. Par la suite, mes parents ont demenagés dans la même ville mais dans un autre quartier. Au debut, nous n'avions pas trop de contacts avec les voisins puis ça s'est amelioré. Il y a quelques mois de cela un voisin avait dit à ma mère "Au début on avait peur vu votre nom de famille mais vous êtes gentils pour des étrangers". Il y a aussi le fait 95% de mes profs, instits, n'aient jamais pris le temps d'apprendre à prononcer mon nom de famille correctement, m'appellant par mon prénom, disant que essayer de dire mon nom était trop difficile. Ce qui était assez rageant.

 

[Amerin]

@Little Moi-Même Désolée si je me suis mal exprimée mais je pensais aux très nombreuses remarques "anti-parisien" qu'on peut entendre, je ne voulais pas dire que c'était mal d'être parisien(ne) ! (ça serait assez absurde effectivement)

 

[Mstern]

Bonjour à tous!
Tout d'abord, merci à tous pour vos commentaires et vos compliments!

Pour mettre une chose au point : Je parle de la Bretagne parce que c'est un témoignage sur mes racines. Mes racines sont pour moitié bretonne. Pour autant, comme le dit très justement @SaintSaëns , je ne pense pas que ce soit spécifique à la Bretagne. D'ailleurs, comme je l'ai écrit dans mon témoignage et comme l'a vécu @Amerin , quand je vivais en Bretagne, je n'avais pas de problème, j'ai été très protégée. ("Dans mon petit village où j’ai passé les huit premières années de ma vie, j’avoue que rien ne m’a jamais choquée dans cette bi-nationalité, ni dans notre bilinguisme.") Mes problèmes ont commencé quand j'ai déménagé vers une grande ville qui n'était plus vraiment la Bretagne. La Bretagne et son caractère particulier n'ont donc absolument rien à voir avec la xénophobie dont j'ai pu être victime.

@Gia_Juliet @Snow W. : L'Autriche est un pays magnifique que j'aime énormément, mais les autrichiens ne sont effectivement pas faciles à approcher. Je ne dirais pas qu'ils ne sont pas ouverts, mais il est très difficile de passer le stade de la connaissance. (Un ressenti assez général parmi les immigrés ici, il me semble.) Cependant, il y a une communauté étrangère très conséquente (même en dehors de Vienne) dans laquelle je me suis intégrée à merveille. (Autrichiens et français, mais aussi allemands, grecs, italiens, palestiniens, croates, portugais, turcs, anglais... sont représentés dans mon cercle d'amis.) L'essentiel à ce moment là, pour moi, c'était d'être pris pour ce que j'étais, une étrangère. Que l'image qu'on me renvoie soit celle que j'ai de moi. (Exactement comme l'a expliqué @Little Moi-Même ! )

@Pazzi : Moi j'ai grandi sur la côte de granit rose, la famille de mon père est plutôt basée vers l'intérieur des terres sur la frontière entre côte d'Armor et le Finistère. Mais comme j'ai précisé plus haut, je parle seulement de la Bretagne parce que c'est un témoignage sur mes racines. D'ailleurs, quand je vivais encore sur la Côte de Granit Rose, je n'ai jamais eu à me plaindre de xénophobie. Bon, on m'identifiait aisément dans la famille, et alors? La xénophobie a commencé quand nous avons déménagé.

@Allitché : L'intertitre "Racisme ordinaire" est effectivement faux. J'avais demandé qu'on mette "Xénophobie ordinaire", mais ils ont du oublier.

 

[Loweene]

Je suis aussi franco-allemande, de père allemand et de mère française, ayant toujours vécu à Grenoble. Je n'ai pas du tout eu de problèmes de xénophobie, et ai toujours été fière de ce double héritage linguistique et culturel. Après, petite, j'ai fait partie d'un groupe d'échanges franco-allemands, qui regroupait plein de gamins bilingues de Gre, et où on chantait et parlait dans les deux langues, et où on mangeait des choses d'un peu partout. J'ai grandit dans l'une des Villeneuves de l'agglomération, et suis allée dans des écoles maternelles et primaires où on était pas mal de gamins issus de familles multiculturelles, avec des parents ou grands-parents ayant émigré en France. En maternelle, chaque jour une famille volontaire différente préparait un goûter pour toute la classe, et on a eu des choses d'absolument partout. Je me souviens de la réaction d'un de mes meilleurs amis devant du Schwartzbrot allemand, un pain complet très noir. Il a d'abord été très réticent, et puis a voulu finir le plat ! En France, je n'ai jamais été vue comme une aberration, et même si à l'école on me demandait de parler allemand, plein de gamins étaient comme moi et du coup parlaient aussi un peu dans leur autre langue pour l'exemple. En Allemagne, les gens ne me croient souvent pas quand je leur dit que je suis française (c'est comme ça que je me définis quand je suis là-bas), parce que j'ai un accent très standard, comme toi, et une manière de parler que je tiens en grande partie de mon grand-père, né en 1926. Des deux côtés, les gens trouvent le bilinguisme "de départ" très cool, et m'envient. Après, ni mon père ni moi ne correspondons au cliché aryen, étant bruns, et n'avons d'accent en français (enfin lui si, du sud, parce que c'est là qu'il a appris le français)
Ce que tu dis ici me choque un peu, parce que je n'ai jamais été confrontée à ça, mais je fait que tu aies grandi en Bretagne joue peut-être, comme l'ont dit d'autres. [edit] Pardon, je viens de voir la réponse que tu as faite à propos de la Bretagne, oublie
Enfin, souviens toi que c'est une force, d'être bilingue et multiculturel.le !

 

[Lele_Lenka]

Ce témoignage me touche car je l'ai aussi vécu il n'y a pas si longtemps que ça.
A 18 ans, la fleur aux dents j'ai quittée mon Alsace natale pour aller faire mes études dans la magnifique ville de Lyon. Comme beaucoup d'alsaciens mes grands-parents sont allemands et sont arrivés suite à la guerre mais moi je suis tout à fait "franco-française".
Pourtant, à 400km de là où je suis née, avec des gens prédestiné à des études dans des grandes écoles on m'a traité d'allemande, de boche, de nazi et de SS ...
"Tiens tu parles bien français pour une allemande" "Une blonde aux yeux bleu t'es vraiment une aryenne, tu connais Hitler?"

Sauf que moi ça ne m'a pas fait rire du tout et au contraire ça m'a beaucoup blessée. J'ai subi ces mêmes réflexions dans le Sud-Est ou en Bretagne. Après mes études je suis retournée en Alsace et je compte plus vivre dans une autre Région de France.
Ces comportements m'ont fait me sentir exclue et rabaissée. J'ai sentie une hostilité des personnes venant d'autres régions qui m'a touchée.
La France est un beau pays mais avec des progrès à faire en terme de mentalité !

 

[soph63]

Malheureusement le témoignage de cette Madz ne me surprend même pas. Je suis franco-française, mais l'un de mes arrières-grands-pères m'ayant fait hériter d'un nom de famille catalan et très court, il a toujours fait l'objet de moqueries à l'école, quelle que soit la classe d'ailleurs. Et aussi, au collège, j'avais déjà entendu des petits malins qualifier les germanistes, dont j'étais, de nazis, et vas-y à coups de "Franchement c'est moche, c'est la langue d'Hitler". Et ce, venant de ceux qui avaient choisi espagnol... Ça leur plairait qu'on les qualifie de franquistes ? Coucou l'ouverture d'esprit dès l'enfance/jeune adolescence hein...