Sixtine.;2458541 a dit :Je ne regarde pas (et n'ai jamais regardé) Secret Story, et ne connaissais donc François-Xavier que par les bribes aperçues entre deux interviews, deux sujets ou deux zappings. Ces bribes là ont le plus souvent suscité chez moi un agacement profond envers sa prétention et certains propos, mais je ne prendrai pas le risque d'effectuer une quelconque généralité à son sujet. A l'heure actuelle, le fait est que la violence extrême de son suicide me choque sans pour autant me bouleverser, et m'interroge beaucoup, surtout.
Si j'interviens en revanche sur ce sujet, c'est (comme beaucoup d'autres MadmoiZelles) à cause de certains propos cruels et inconsidérés ayant accentué le choc et la surprise.
Ces propos là ne possèdent aucune compassion et aucune considération.
Il s'agit de ton avis, ta révolte, et je l'entends, mais il me semble que la détresse de l'être humain devrait mériter un minimum de respect et de reconnaissance.
Quelle que soit la raison pour laquelle une personne dépressive est dépressive, une personne suicidaire est suicidaire, nous (les autres, l'alentour) ne possédons aucun droit de jugement ni aucun droit d'échelle. La notion de hiérarchie exprimée par une demoiselle précédemment est très juste : Le traumatisme psychologique de X ayant écrasé quelqu'un est-il plus important que celui de Y ayant considéré la valeur nulle de sa vie ? Comment quantifier le traumatisme de A, conducteur de métro n'ayant pu arrêter son transport, et celui de B ou de C persuadés que l'existence n'offre plus ? Peux-tu seulement imaginer ce que cela fait que de se réveiller le matin en regrettant de ne pas être mort dans la nuit, le fardeau de devoir vivre d'apparences et de faux-semblants, de sourires qui écorchent et de propos stupides ? Peux-tu saisir à quel point ne plus vouloir vivre est tabou face à une norme vantant la longévité et l'endurance des jours ?
A l'heure actuelle, ne pas accepter de continuer alors que certains le désirent et se battent jusqu'au bout fait tache aux yeux des gens, car cela est perçu comme une faiblesse hors de toute tolérance : La vie est un cadeau, la vie est belle, nous reculons pour mieux sauter, touchons le fond pour remonter. Il nous faut nécessairement assumer de vivre pour se garantir l'acceptation, et ce même si nous ne possédons pas la même vie, pas les mêmes soucis, et surtout pas la même tolérance aux heurts. Il ne s'agit pas d'un manque de courage que de vouloir le vide. Le héros abrégeant les souffrances de son ami soldat, toutes tripes à l'air, n'est jamais perçu comme un tueur insane car la blessure est physique et reconnue, car il n'y a plus rien à faire. La douleur morale, en revanche, est plus difficilement visible et décelable, plus aisément considérée comme un caprice. Les cerveaux et c?urs à l'air ne sont pas reconnus comme des blessure de guerre.
Alors non, "une bonne dizaine de boîtes d'antidépresseurs" n'aurait pas "réglé l'affaire", car il ne s'agit pas d'affaire, il s'agit de vie. La détresse ne raisonne pas en terme d'ennui, elle pousse à l'acte dans son plus grand creux et avec ce qu'il y a autour. Et si je conçois tout à fait la douleur et le traumatisme des personnes présentes dans cette voiture et les regrette, je crains que tu n'aies pas saisi vraiment ce qu'implique le fait de se "bousiller la vie".
Merci. Tu as parfaitement résumé ma pensée.