Je rejoins les madz qui ont bien reprécisé que les 3 termes "idolâtrer", "idéaliser" et "admirer" ont des sens différents (sinon il n'y aurait pas 3 mots différents
).
Pour commencer, l'article me gêne car il est un peu péremptoire (voire didactique : comme si il y avait une "bonne manière" de "bien aimer" quelqu'un, comme si le seul objectif d'une relation était de durer, coûte que coûte) malgré son humour en demi-teinte et ces études scientifiques sur les relations amoureuses me barbent. Le seul intérêt, comme le dit Maggie May, de ce genre d'articles est éventuellement de pousser au récit et au témoignage. Mais le fond de l'article me dérange, tout ce qui prétend établir la moindre généralité sur les relations humaines de cette manière (à partir d'une vague base chiffrée, sans aucune réflexion de fond) m'est franchement pénible. (Et uniformisant dans l'esprit en fait, ce qui est vraiment stupide.)
J'ai "idolâtré" ou "idéalisé" et je l'ai été aussi. C'est une forme d'amour parmi taaaant d'autres avec ses avantages et ses problèmes. Et dire qu'il n'y a qu'une forme d'amour qui "marche" : alors, il faudrait déjà m'expliquer ce que ça veut dire, une "relation" qui "marche" : on parle de durée ? Absurde : des relations courtes peuvent apporter autant dans une vie que des années et des années de vie de couple. On parle d'intensité de sentiments ? Un sentiment n'est pas quantifiable, merci bien.
Je trouve que cette manière de comparer les relations amoureuses entre elles en essayant d'instaurer des critères par défaut est le vrai tue-l'amour, pas je ne sais quel réalisme ou je ne sais pas quoi. Merci bien, les gens ont déjà suffisamment de mal à s'aimer les uns les autres, si en plus on doit "mesurer l'efficacité" de sa relation amoureuse à l'aune de celles des autres, alors franchement c'est désespérant pour tout le monde.
Pour psychologiser un peu plus, l'idéalisation est souvent à mes yeux une forme de narcissisme (et en disant ça, je ne juge rien, je constate, vu que je l'ai vécu moi-même) : la relation a une intensité particulière parce qu'on se voit au-dessus du monde. Et de fait, en actes, on fait tout pour que ce soit bien le cas. Pourquoi pas, après tout, pourquoi pas. Des gens ont besoin de ça pour se dépasser eux-mêmes. C'est en fait une forme de sublimation. Les illusions sont sublimes, les désillusions aussi super violentes. Mais il y a des gens qui ne peuvent vivre que comme ça, qui préfèrent vivre les choses ainsi, car ils ont le sentiment que sans cette intensité là, ils ne se sentiraient pas assez vivants. Ils deviendraient banals.
C'est fou, ça, cette angoisse de la banalité dans les relations amoureuses, n'empêche. Comme si l'amour, en soi, pouvait se définir... et tomber dans la banalité. Alors que c'est faux.
Pour ma part, je ne suis plus là-dedans, dans l'idéalisme ou dans l'idolâtrie. Pour mille raisons. Peut-être qu'avec une autre personne ça se reproduira, je ne sais pas. Je n'ai pas envie de dire que c'est bien ou mal, si ça fait plus souffrir ou pas au final, je n'en sais rien. En ce moment, je sais que j'ai besoin de relations solides, avec des gens honnêtes et vivants. De construire des liens uniques que je n'ai pas envie de figer avec un mot, un qualificatif (amour, amitié). Ces liens dépendent de moi et de la personne que j'aime. Leur nature, leur manière de se construire, de se renforcer au fil du temps... aucun de ces liens ne se tisse de la même manière, et c'est ce qui m'enrichit et me donne envie d'avancer. Je peux trouver certains points communs entre certaines de mes relations, et j'aime à penser que ces points communs viennent de moi, révèlent qui je suis vraiment. Car voilà, dans l'idôlatrie ou l'admiration, j'ai eu l'impression de perdre de vue qui j'étais, malgré tout. C'est pour ça qu'aujourd'hui je reviens à des relations plus sereines, qui me laissent et laissent ceux que j'aime libres de devenir ce qu'ils veulent être. L'idolâtrie a aussi l'inconvénient de forcer l'autre à répondre, sans faillir, à l'image qu'on a de lui.
Et puis je me fous de savoir si mon voisin est plus heureux que moi ou pas : on a pas les mêmes critères, et on peut parvenir à être heureux chacun à notre manière, c'est bien ce qui compte.
Bon voilà ça faisait longtemps que j'avais pas tartiné.
Mais c'est triste un peu de vouloir "prêcher une paroisse" ou de se sentir attaqué quand on lit un positionnement différent du sien. Pas besoin de revendiquer une manière d'aimer pour qu'elle soit légitime d'exister. Pas besoin de se dire qu'on est mieux que tout le monde pour se sentir bien.
L'amour peut être déraisonné, raisonné, passionné, frivole, narcissique, cynique, régressif, adulte, enfantin, libre, possessif, obstiné, lâche etc. Il dépend d'une multitude de facteurs socio-culturels aussi, qu'on a tendance à oublier. En tout cas, on devrait arrêter de juger la manière dont les gens vivent leurs émotions et leurs relations : il est déjà suffisamment difficile comme ça d'éprouver quoi que ce soit d'un tant soit peu tangible dans un monde comme le nôtre.