J’ai dansé dénudée dans des clips de rap et j’emmerde ceux qui voudraient que j’en aie honte

[RainyMood]

Mais putain le clip sérieux....
Si je veux parler de féminisme à quelqu'un, je montrerais pas ce clip hyper dégradant.

 

[~*Galaxy*~]

@Nienke mais ici personne ne parle de la contraindre à faire ou ne pas faire quelque chose. Et personne ne dit non plus qu'elle ne devrait pas faire ce qu'elle souhaite de son corps (le corps des autres femmes par contre c'est une toute autre question !)

Mais je pense qu'on est plusieurs à pointer que le fait qu'une femme décide de faire quelque chose n'est pas nécessairement en soit un acte féministe. Si j'adore les maths et que je décide de faire maths sup ce n'est pas un acte féministe. Si maintenant, je constate qu'il y a peu de femmes qui font maths sup et que je décide de motiver d'autres femmes qui souhaiteraient faire maths sup mais qui se disent que c'est difficile pour les femmes alors là ça peut devenir un acte féministe. Et effectivement ça peut passer par diffuser le témoignage de femmes ayant réussi dans le domaine des mathématiques. Donc promouvoir le fait que des femmes peuvent réussir en maths c'est féministe. Mais qu'une femme décide d'étudier les maths parce qu'elle aime ça ce n'est pas féministe en soi sauf si en le faisant, elle ouvre la voie à d'autres, genre la première à intégrer polytechnique ou je-ne-sais-quoi.

Si le témoignage ici visait à nous montrer que les femmes "racisées" peuvent choisir d'être réifiées dans la musique (danser en petite tenue autour de mecs habillés qui eux ne dansent pas, avec des gros plans sur leurs seins/fesses/jambes plutôt qu'un plan large pour montrer la performance artistique) merci mais je crois qu'on est toutes au courant... Et au passage, j'espère bien que toutes celles qui le font le font par choix et qu'elles kiffent ça... encore heureux même. Mais je ne vois toujours pas où est le message féministe là-dedans.

Je pense que le message féministe là-dedans c'est qu'elle combat le système, par exemple en s'assurant que toutes les vixens soient bien payées et bien traitées sur le tournage, et elle combat aussi le slut shaming en étant fière de faire ce qu'il lui plaît.

Concrètement, on a vu une récation pratiquement uniforme de la part des madz disant que cette femme ne peut absolument pas être féministe et participe au patriarcat peut importe c'est efforts..... C'est quand même un injonction super forte, même si personne ne lui a dit directement qu'elle ne devrait pas faire ce qu'elle fait, elle c'est fait vachement dénigrée la pauvre.

Alors on est d'accord que beaucoup de clips de rap ne sont pas top niveau sexisme, mais là elle nous dit que c'est le seul endroit où elle se sent acceptée, et qu'elle en fait un endroit meilleur et plus respectueux, c'est quand même pas rien.

 

[Jesilma]

Je pense qu"il y a une nuance. On ne peut pas dire que celle qui témoigne n'est pas féministe car il s'agit de convictions. Dans la vie réelle, on est tous plus ou moins obligés d'agir contre nos convictions à un moment ou un autre, d'une manière ou d'une autre donc je trouverais abusé de la contredire sur son féminisme à cause de sa profession.

Par contre, faire passer le VIxen ou autre pour des pratiques féministes ou empouvoirantes il faut oser. Au final, c'est encore les femmes qui sont humiliées / dégradées.
Surtout que je trouve que son témoignage contredit cela en fait. Elle parle du fait d'avoir été hypersexualisé très jeune, d'avoir intégré le fait que sa valeur réside dans son corps, de ses complexes qui l'ont poussée à se tourner vers ce type d’activité etc.
C'est au final assez clair (et tristement banal) cette façon dont on prépare les femmes à être des objets sexuels.

Un point qui m'interpelle par contre, c'est son activité de directrice de casting. J'aurais aimé qu'on aborde plus ce sujet un peu cringe parce que effectivement, comme ça a été dit, on est plus sur du "mon corps mon choix". Affirmer que les danseuses sont bien traitées et payées c'est facile à dire mais il faut voir le résultat après parce que ses clips sont loin de combattre le système, bien au contraire.

 

[Membre supprimé 350151]

Mais je pense qu'on est plusieurs à pointer que le fait qu'une femme décide de faire quelque chose n'est pas nécessairement en soit un acte féministe.

Mais pourquoi faudrait-il que ce soit un acte féministe ?

Le simple fait qu'elle puisse choisir sa voie, c'est féministe pour moi dans le sens où elle n'a pas de compte à rendre. Sous le patriarcat ou sous couvert de sexisme, on a beaucoup tendance à considérer qu'une femme doit rentrer dans des cases précises. Une femme ne pouvait pas occuper certains emplois parce que c'était une femme. Une femme ne pouvait pas être complètement indépendante parce que c'était une femme. Et une femme ne doit pas "être vulgaire", c'est mal vu. Je ne vois aucune différence entre toutes ces injections qui devraient être dans le passé, et une injection déguisé qui dit qu'elle ne "fait pas avancer la cause".

Je trouve beaucoup plus important qu'une femme puisse choisir ce qu'elle veut faire sans qu'on vienne lui dire qu'elle ne peut pas car c'est une femme, ou parce que ce n'est pas "un acte féministe". Personnellement, je ne pense pas non plus que ce soit de sa responsabilité si le sexisme existe encore de nos jours, et je trouverais ça un peu fort de café de tout rejeter sur des clips de rap. Je ne nierais pas qu'il y ait des images qui puissent entretenir ça. Mais le sexisme existait bien avant le rap et ne dépend absolument pas de cela.

De mon côté, je trouve quand même intéressant de lire son témoignage. J'irais jusqu'à dire que c'était très instructif sur le regard que les gens ont eu sur elle, notamment quand elle n'était qu'ado. Le fait qu'elle était sexualisée par les gens autour, au point d'essuyer des insultes, ce n'était pas anodin. Donc tant mieux si ce parcours qu'on peut surement trouver atypique lui a permis de s'aimer comme elle est. Ce n'est en réalité pas si facile.

 

[Kettricken]

J'avoue ne pas trop savoir que penser de ce témoignage. Mais je trouve que les commentaires tiennent relativement peu compte de ce qui apparait être un élément central pour la Mad qui témoigne : elle est arabe (si j'ai bien compris).
Les commentaires qui en parlent disent que ce type de clip sexualisent à outrance les femmes racisées, et c'est exact. Mais on a aussi là le témoignage d'une femme racisée qui dit que ce milieu est le seul où elle a eu l'impression qu'on la voyait comme une femme à part entière, une belle femme, plutôt qu'une """beurette""" (je reprends ses termes)
Et ça, c'est vraiment un pan du témoignage qui me fait cogiter

 

[Jesilma]

@Nienke
Mais choisir une voie n'en fait pas un choix féministe, non ?
Par exemple, il y a des spectacles de danse, notamment érotiques, qui ne déshumanisent pas les femmes, il y a des femmes qui posent nues pour des artistes qui ont sur elles un regard bienveillant etc. Même le porno peut-être féministe !
Donc le combat féministe contre le slut-shaming se situe plus dans ce genre de démarche. C'est bien la misogynie des clips en question (et leur industrie) qui pose ici problème.

Donc effectivement un choix peut ne pas nécessairement être féministe, elle peut choisir de participer à ses clips. Mais ce n'est pas parce qu'elle subit le slut-shaming à cause de son clip qu'on ne doit pas en dénoncer le sexisme par ailleurs.

 

[doudouillitsa]

@Nastasja Je pense que tu t'es trompée de sujet

 

[Aïda Djoupa]

Bonjour à toutes !

Merci pour vos retours sur l'article. Je les ai lus, et j'aimerais partager quelques points avec vous.

Ceci est un témoignage : une fenêtre sur l'histoire d'une personne, sa vie, et sa manière de penser le monde. Et comme tout le monde, les personnes qui témoignent portent leur lot de complexités et de contradictions. Il est inévitable que certaines de ces personnes aient des valeurs différentes, ou des discours qui sont ancrés dans des réalités éloignées des vôtres.

Parce que j'estime que ces récits sont précieux et loin de nous être dus, il est important de faire une distinction entre des désaccords qui s'expriment de manière bienveillante et construite dans certains de vos commentaires, et les attaques. Derrière ce témoignage, il y a une femme qui vous lit, et qui n'est pas responsable du patriarcat, donc prière de lui accorder le même respect que celui que vous accorderiez à quelqu'un qui serait en face de vous.

Ce témoignage est riche, et il explore des aspects très variés d'un métier exercé par des femmes qui n'ont la possibilité de s'exprimer nulle part, parce qu'elles sont slut-shamées dès qu'elles choisissent de se raconter dans leurs termes. C'est une réalité importante à prendre en compte, notamment sur la portée de cette rubrique qui a aussi pour ambition de donner la parole, plutôt que de refuser l'existence de certains discours.

Je me permets par ailleurs un précision : ce que Soraya estime féministe, c'est sa pratique de ses métiers : protéger ses collègues, lutter pour qu'elles aient de la reconnaissance et que leur métier s'exerce dans les meilleurs conditions possibles. C'est un point de compréhension important de l'article, qui n'a peut-être pas été exprimé assez clairement.

Bonne soirée à toutes !

 

[Nastasja]

@doudouillitsa oui oups. Cela m'apprendra à avoir plusieurs pages ouvertes en même temps. Bon ben du coup, vous savez désormais que Jester fait les MEILLEURS colis, si vous voulez venir participer aux envois

 

[Adhar]

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[LadyOscar]

Alors on est d'accord que beaucoup de clips de rap ne sont pas top niveau sexisme, mais là elle nous dit que c'est le seul endroit où elle se sent acceptée, et qu'elle en fait un endroit meilleur et plus respectueux, c'est quand même pas rien.

Le clip mis en lien par @Esturgeon auquel Soraya a participé comme directrice de casting (j'avoue ne pas avoir vérifié ce fait mentionné par Esturgeon) c'est-à-dire un rôle derrière la caméra, comme Soraya le dit elle-même, est quand même très poussé en termes de sexisme. Gros évitement pour filmer les visages des danseuses versus cadrage ultra intense sur leurs fesses (c'en est au stade où on ne peut même pas apprécier les mouvements de danse alors que la pole danse c'est très physique et ultra technique...). Et le coup du mec qui verse du champagne dans la raie des fesses d'une des femmes façon sperme... Je trouve vraiment que c'est contradictoire avec son discours sur ce qui lui plaisait à elle dans le métier de Vixen versus modèle classique: le fait que pas seulement son corps mais aussi son visage soit mis en valeur, le côté performance artistique, une palette de rôles féminins diversifiés, des femmes sensuelles et puissantes, etc...

[...] une injection déguisé qui dit qu'elle ne "fait pas avancer la cause".
[...] tant mieux si ce parcours qu'on peut surement trouver atypique lui a permis de s'aimer comme elle est. Ce n'est en réalité pas si facile.

Je n'ai pas vu ici d'injonction déguisée mais plutôt une réflexion sur est-ce que c'est féministe que de mettre en avant l'idée qu'on peut apprendre à aimer/se réconcilier avec son corps en se sur-sexualisant dans des clips vidéos où les rôles joués par les hommes et les femmes sont si contrastés et dissymétriques (parce que des clips où les hommes dansent au côté des femmes même si moins court-vêtus ça existe et il y a aussi la possibilité de danser dans des clips de rappeuses/chanteuses). La question du côté féministe de la chose ne concerne pas tant la personne qui témoigne que Madmoizelle qui publie cet article sous cette forme d'ailleurs. Mais effectivement c'est toujours intéressant de voir des parcours de vie diversifiés et de savoir comment des femmes font pour se réapproprier leur corps dans notre société patriarcale.

Ce témoignage est riche, et il explore des aspects très variés d'un métier exercé par des femmes qui n'ont la possibilité de s'exprimer nulle part, parce qu'elles sont slut-shamées dès qu'elles choisissent de se raconter dans leurs termes. C'est une réalité importante à prendre en compte, notamment sur la portée de cette rubrique qui a aussi pour ambition de donner la parole, plutôt que de refuser l'existence de certains discours.

Je me permets par ailleurs un précision : ce que Soraya estime féministe, c'est sa pratique de ses métiers : protéger ses collègues, lutter pour qu'elles aient de la reconnaissance et que leur métier s'exerce dans les meilleurs conditions possibles. C'est un point de compréhension important de l'article, qui n'a peut-être pas été exprimé assez clairement.

Si un des buts était de donner la parole à une Vixen ou ancienne Vixen, ça aurait été plus pertinent de le faire avec quelqu'un qui n'est pas devenu directrice de casting/production depuis (avec son compte Instagram pro mis en avant plusieurs fois qui plus est)...
Après c'est aussi vrai qu'il est important de montrer comment certaines essayent de changer les choses de l'intérieur plutôt que de s'attaquer frontalement au système.

 

[lazaretto]

Je n’ai pas d’avis tranché mais j’ai énormément de mal avec les commentaires qui se permettent d’attribuer une valeur à ces femmes (« femme pas libérée », « humiliée et rabaissée »)… je suis pourtant d’accord avec le constat que c’est bien dommage, que ce soient principalement les corps des femmes qui soient aussi sexualisés, et évidemment que je ne suis pas très enthousiaste à l’idée que ce soit ce modèle qui soit présenté aux adolescent(e)s.

MAIS un corps sexualisé ce n’est pas forcément un corps rabaissé et humilié, et ce n’est pas forcément une femme « pas libérée ».

Il faut aussi savoir que le clip qui a été posté dans les commentaires n’est pas forcément représentatif de ce milieu, il y a comme dans tout genre musical une diversité de clips et une diversité de représentation des femmes et de leur corps. Également, ce qui semble choquer ici c’est une forme de « vulgarité » : c’est un jugement de valeur qui est entièrement basé sur les critères bourgeois de ce qui est esthétique ou non.

Je dis tout ça alors que j’ai moi-même du mal avec l’abondance des images sexuelles dans notre société (dans la pub, les séries, les clips, etc.) mais j’ai horreur des jugements sur le niveau d’émancipation d’une personne selon son travail, ça me rappelle des débats sacrément paternalistes sur les femmes voilées ou les TDS.

Personnellement, avec mes complexes, mon autocensure de tout vêtement trop moulant ou ouvert de peur d’être sexualisée ou jugée, ma conformité avec les codes vestimentaires « bourgeois » pour me faire accepter dans mon monde, je ne me permettrais pas de juger une femme qui a décidé d’utiliser et de vivre son corps différemment.