J'ai été adoptée - Témoignage

[Su2534]

Je suis moi même adoptée, Made in Thaïlande, importée en France à l'age de 2ans et demi et sans aucune donnée sur mes parents biologiques. Je suis très heureuse de voir un témoignage tel que celui là. Ça choque beaucoup de personnes quand je dis que quelque part j'ai eu de la chance, que j'ai eu plusieurs mamans (génitrice, celles de l'orphelinat, celle que j'ai aujourd’hui), mais aussi qu'en étant pas abandonnée, je n'aurais pas pu faire d’étude, vivre correctement, et au lieu de ça peu être vivre dans la rue.
On me demande souvent comment on me l'a annoncé que j'ai été adoptée, mais avec ma tête d'asiat, et celles alsaciennes de mes parents je me demande bien comment ils auraient pu me le cacher =). Tout comme toi, on me l'a toujours dit, on en a parlé librement comme quelque chose d’extraordinaire plutôt que de quelque chose dont il faut avoir honte. Quand j'ai été plus petite j'ai souvent voulue retrouver mes parents, mais aujourd'hui, cela m'importe peu (même si je suis plutôt curieuse de savoir si j'ai des frères et sœurs désormais.) J'ai fais circulé l'article dans ma famille, car c'est une occasion d'expliquer ce que je ressens. Alors Merci beaucoup pour ce témoignage qui apporte un autre regard que ceux qu'on voit dans les émissions ou dans les films, de montrer que l'adoption c'est donne une nouvelle chance à un enfant, et que les géniteurs, ne sont pas forcément a blâmer (il faut beaucoup de courage pour admettre qu'on ne sera pas à la hauteur pour élever son enfant, et lui permettre d'avoir peut être un meilleur avenir.)
Bravo =)

 

[3l5a]

Ça choque beaucoup de personnes quand je dis que quelque part j'ai eu de la chance, que j'ai eu plusieurs mamans (génitrice, celles de l'orphelinat, celle que j'ai aujourd’hui), mais aussi qu'en étant pas abandonnée, je n'aurais pas pu faire d’étude, vivre correctement, et au lieu de ça peu être vivre dans la rue.

Ca me fait penser au candidat de Top Chef 2013, Julien, il est né au Vietnam, adopté, et quand j'ai entendu ça, je me suis dit "qui aurait cru à sa naissance qu'il deviendrait ce qu'il est maintenant, qu'il ferait de la cuisine française"...

Pour ma part, je n'ai pas été adoptée mais je me retrouve dans certains témoignages concernant le lien établi avec vos parents non biologiques. Mes parents on divorcé très tôt et mon père à retrouvé quelqu'un très vite. Ma soeur et moi avons adoptée ma belle-mère et elle aussi. J'ai même pris - je pense - des traits de sa personnalité ^^ C'est un vrai lien parental d'amour pour moi.

 

[Djou_Falestine]

Bonsoir

Ce témoignage est beau à lire mais n'oublions pas que beaucoup d'adoptés nés sous X, même si les rapports entre les parents et l'enfant sont excellents, sont en quête de leur identité (Non seulement les origines mais aussi les éventuelles maladies héréditaires...).

Il ne faut pas croire que tout est merveilleux dans l'adoption. Certes, il y en a qui arrivent à passer au-dessus de l'abandon mais c'est loin d'être le cas de tous et je trouve qu'on ne parle pas assez d'eux, de leur combat et des associations qui existent (LES X EN COLÈRE, à titre d'exemple).

Voilà, je tenais juste à le faire savoir (même si je me doute que beaucoup d'entre vous le savent déjà). Et n'oublions pas non plus que chaque cas d'adoption est atypique !

Bonne soirée à vous.

 

[lenuagedelily]

Merci pour cet article!
J'ai cru lire mes propres mots.
Avec 10 ans de plus j'ai la même expérience qu'Anett et ça fait chaud au coeur de voir sur la toile des témoignages positifs sur l'accouchement sous X . Je partage complètement cette vision de "renaissance",ces mots qui ne culpabilisent ni les parents adoptifs , ni la mère biologique, ni les adoptions qui ne se sont pas déroulée dans le bonheur. De la joie, de l'amour , de la vie, du positif, merci .
Chez moi on a l'habitude de dire qu'être né sous X, c'est finalement être né sous une bonne étoile .

 

[lenuagedelily]

Super témoignage plein de joie de vivre et de bonheur ! Merci d'avoir partagé ton histoire @annett 

Et sinon j'ai une petite question ! Tu dis que tes parents t'ont toujours raconté ton histoire etc, mais j'ai du mal à comprendre comment en parler à un enfant, enfin à partir de quel âge as-tu "compris", ou ont-ils commencé à t'en parler ? Et de quelle manière ? (avec des livres ?..)

(J'espère que ça ne te gène pas mes questions, mais tu as l'air de le vivre très bien donc bon!!)


(et la photo du bébé est trop choupi )

Si je peux me permettre. Etant de le même cas qu'Anett j'ai pour habitude de dire que je sais que je suis adoptée, comme je sais que je suis une fille.

Je n'ai pas de date marquante, je l'ai toujours dit, même petite. Je disais au femmes enceintes que moi je n'étais pas venue par le ventre de ma maman mais par celui d'une autre. Aujourd'hui , je sais que je suis adoptée , comme je sais que je suis du genre "être humain" comme je sais que je suis une fille...y pas de date précise. c'est naturel.
Pour ce qui est de la façon d'en parler. Ma mère(adoptive) me le disait simplement quand elle me prenait dans ses bras du jour ou je suis arrivée chez eux. Et la nourrisse qui s'occupe de toi à la pouponnière avant que l'on te trouve une famille, te l'explique même si à 3 jours tu ne peux pas forcement comprendre  Elle t'explique pourquoi tu es là avec elle, qu'on va te trouver un papa et une maman ...ect. Comment je le sais? Je ne m'en rappelle pas, j'ai juste demandé autour de moi , aux institutions concernées. Plus on t'en parle tôt plus tu l'intègre comme quelque chose de naturel.

Après quand les questions sont venues, quand j'ai grandi, mes parents ont répondu tant qu'ils le pouvait et puis j'ai regardé de nombreux reportage et me suis adresser aux institutions concernées.
Quand on est adopté on a conscience du chemin que nos parents adoptifs ont parcouru mais pas forcement de celui par lequel on est passé soit même. Je veux dire la grossesse de la mère biologique, l'accouchement, le placement en pouponnière...Personnellement je m'y suis intéressé vers 18 ans. J'ai compris le cadeau que m'avait fait ma mère biologique .

Voilà j'espères avoir répondu à tes questions

 

[Pinceau_]

@lenuagedelily

Merci pour ta réponse, je comprends mieux. En fait je crois que j'avais tendance à croire qu'il fallait attendre un certain âge pour en parler à son enfant, et donc je me demandais à quel âge on pouvait commencer à lui en parler, mais ta réponse m'indique bien qu'en fait les parents n'attendent pas un âge en particulier. Et que ça se dit et se comprend tout à fait naturellement.



(et rien à voir mais ça me rappelle les débats sur le mariage gay et l'homoparentalité, et du coup ça me confirme mon idée qu'un enfant comprendra finalement tout si ses parents lui expliquent simplement)

Merci

 

[Zamora]

Mon cas est pas mal différent car j'ai été adoptée par la seconde femme de mon père. Ma mère est décédée quand j'étais bébé, et puis un jour mon père s'est remarié, j'ai eu une deuxième mère, et un elle m'a adoptée quelques années plus tard. Tout ça pour dire que j'ai toujours su que j'avais deux mamans, bien que je n'ai aucun souvenir de ma première mère, j'ai toujours su et compris que ma deuxième ne m'avait pas mise au monde. Comme @lenuagedelily je ne me souviens pas qu'on me l'ait dit, j'ai juste toujours su que j'avais deux mamans. Je suis convaincue que c'est la meilleure méthode, et franchement je n'en ai connu aucun traumatisme.

Alors que l'apprendre du jour au lendemain... Un ami de mon conjoint a appris à ses 18 ans que son père n'était pas son père (même si il l'avait reconnu petit, grande preuve d'amour aussi). ça a été un vrai choc, il a même repris le nom de sa mère lorsqu'il était au plus fort de sa crise identitaire... et a mis beaucoup de temps à digérer l'info...

 

[Annett]

Bonjour à tous.
Merci infiniment pour vos commentaires. Je suis heureuse de voir que mon témoignage vous a touché et ravie de faire partager cette expérience.
Je tiens une fois encore à rappeler qu'il ne relate que ma vision de l'adoption. Celle-ci n'est en rien un modèle. Ainsi, je ne me permettrai pas de donner des conseils sur la manière de traiter les autres adoptions. Pour les personnes qui côtoient des enfants adoptés et qui ne savent pas comment réagir, tout dépend de l'expérience personnelle de la personne concernée. Mais je reste persuadée que le dialogue, qui peut par ailleurs être difficile et douloureux, reste la meilleure manière de partager son expérience et d'apprendre à vivre avec.
Quant à la question de l'âge auquel il faut dire la vérité à un enfant, je crois très sincèrement qu'il n'y en a pas. Cela doit se faire naturellement, et selon moi, tout de suite. Comme l'a souligné un commentaire, cette vérité est celle de l'enfant et il doit grandir avec elle pour l'accepter au mieux. Je crois donc que décider d'un âge pour annoncer la nouvelle est un pari risqué. Pour ma part, cette histoire faisait partie de celles qui m'étaient racontées continuellement. Je me souviens que mes parents ont utilisé un livre pour enfant (Nous nous sommes adoptés) pour m'aider à comprendre. Mais finalement, je l'ai toujours su. Je pense d'ailleurs que j'aurais mal vécu de l'apprendre un jour, au détour d'une conversation (ce n'est tout de même pas une information anodine).
N'hésitez pas à poser d'autres questions. J'y répondrai du mieux que je pourrai.

 

[Sommaii]

Histoire de rajouter un témoignage :

Je suis thaïlandaise et j'ai été adoptée à l'âge de 3 ans par un couple français. Tout allait bien jusqu'au jour où j'ai commencé à grandir et développer mon esprit critique.

Les gens me demandent souvent si le fait que je ne m'entende pas avec mes parents est du au fait que je suis adoptée : et bien non, c'est juste qu'ils sont complètement obtus, racistes en vers le monde (sauf les asiatiques "parce que tu comprends, eux ils bossent et on entend jamais parler d'eux") et entièrement obnubilés par l'argent !! Donc je ne suis plus seulement leur fille, mais aussi un gouffre financier parce qu' "une étudiante qui vit encore chez ses parents à 23 ans c'est inadmissible, alors que nous on en est parti à 16 ans et en plus on avait pas le choix !"

Le problème n'étant pas l'adoption, mais l'éducation qui a suivie.

Mais j'ai quand même très envie d'adopter au final, pour le bonheur de voir un enfant sourire !

 

[Nausicaa26]

Bonjour! Superbe témoignage!
Par contre j'ai quand même envie de te dire que tes parents ne t'on peut être pas exactement sauvée, même si c'est comme cela que tu le vois. Tu les as sauvés aussi, car ils avaient un grand désir d'enfant (voilà encore un exploit à rajouter à ton ascendance royale ). Pour ma part, je ne suis pas le résultat d'un acte humanitaire. Il y a peu d'enfants adoptables plénièrement en France et énormément de parents qui veulent adopter. C'est un parcours du combattant qui dure des années. Donc je considère que c'est un peu les parents qui ont eu de la chance d'être sur la liste des élus! Et que c'est toi qui les a sauvés.

"Et sinon j'ai une petite question ! Tu dis que tes parents t'ont toujours raconté ton histoire etc, mais j'ai du mal à comprendre comment en parler à un enfant, enfin à partir de quel âge as-tu "compris", ou ont-ils commencé à t'en parler ? Et de quelle manière ? (avec des livres ?..)"


Je suis dans la même situation, pinceau, je l'ai toujours su et je n'ai aucun souvenir du jour où j'ai compris ce que cela signifiait, vu que j'ai l'impression que ça a été toujours en moi. Pour information, mes parents m'ont expliqué qu'ils me l'avaient dit bébé et souvent: "on avait envie très fort d'un enfant, et on est venue te chercher à ..... (nom de la ville) car une dame voulait bien te confier à nous".
Voilà, c'était quelque chose dans ce genre dit à un nourrisson. Jamais eu de livres, je pense qu'il n'y a pas besoin d'objets achetés pour expliquer quelque chose qui est très simple en soi. Je pense même que c'est peut être plus facile d'expliquer une adoption (plus désincarnée) qu'une filiation biologique à un enfant.

Et oui, je pense aussi que l'adoption se vit différemment selon les individus, l'âge de l'enfant au moment de son entrée dans sa nouvelle famille, son passif et le passif des parents, l’éducation donnée par la famille, le monnayage éventuel de l'adoption (et oui, n'oublions pas qu'il y a des trafics dans certains pays et que les adoptions n'y sont pas nettes)...la couleur de peau.

N'ayant pas la même couleur de peau que mes parents, une ou deux personnes ont quand même osé demander à ma mère de quelle couleur était le facteur.

Mis à part ces goujats, la surprise des amis, des enfants quand ils voient la maman blondinette façon reine des neiges venir chercher une petite frisée à la peau sombre de mauresque peut se comprendre dans un lieu où il y a peu de métissage (j'ai grandi dans un lieu comme ça).
J'ai moi même une amie café au lait crépue dont la maman biologique est blondinette, la première fois qu'elle est venue chercher sa fille chez moi j'ai dit à mon amie: "Jessie, ta nounou est là!"

Ce qui m'a vraiment perturbée, à mon sens est un peu plus social: le fait qu'on me demande toujours d'où je viens ce qui donne invariablement ce type de dialogue, car honnêtement on a pas forcément envie de communiquer sur une adoption avec quelqu'un qu'on vient de rencontrer: (les lieux ont été changés)

-D'où tu viens?
-Bah, de N.......... , la Picardie, quoi.
-Nan, mais je veux dire, d'où tu viens, de quel pays quoi? (Elle est con ou quoi? se dit-il)
-Ben, de France, je suis née a N........ en Picardie.
- (gros moment de gêne, ne sait plus où se mettre) Mais euh, tu sais...euh...bien ce que je veux dire?Ta culture, tes origines, avant le France etc...
-Je répète, je viens de Picardie.

La surprise aussi de certains quand tu t'exprimes est priceless (bah oui, faut croire que ça doit pas cadrer avec les représentations qu'ils ont d'un certain type de couleur de peau). En gros, le fait qu'on te renvoie toujours à des racines présupposées exotiques fleurant bon le manioc, le couscous, le griot alors que tu as une culture "monolithique" 100% européenne, et que tu enseignes le Français et l'Histoire, c'est très saoulant. Ça, ça gêne beaucoup de Noirs, Blancs et autres nuances, car tu ne corresponds pas à un stéréotype rassurant. T'es une sorte d'hybride (paradoxalement) inquiétant.
En plus, je fais partie de ceux qui revendiquent le fait que peu importe la couleur,les métissage de culture qu'on se compose, on est Français plénièrement quand on vit dans ce pays. Je pense que ça réglerait pas mal de problèmes que tout le monde se mette bien ça dans la tête: quand on rencontre une personne "de couleur" (et oui, les autres étant incolores, c'est bien connu ), faudrait peut-être commencer à penser ressemblances avant de demander les différences! Peut-être que certains se sentiraient plus intégrés de cette façon. Bah oui, il me semble que ça gênait personne en 98 de considérer l'équipe de foot comme française. Alors pourquoi en serait-il autrement aujourd'hui? C'est bizarre.

Et le reste, les racines, les origines plus ou moins exotiques réelles ou fantasmées, les mannes et les os des ancêtres qui blanchissent quelque part sous un soleil implacable qui n'a rien de tempéré, c'est personnel. Chacun fait sa cuisine personnelle avec, si j'ose dire, et en retient sa substantifique moelle qui ne nous empêche pas d'être à 100% français.

 

[LittleShark]

Woah... premier commentaire sur madmoizelle, et je dois dire que j'ai vraiment été touchée par cet article (oui j'arrive un peu après la bataille). Je suis dans le même cas de figure également. Abandonné sous X, pas de nom, pas de lieu, nada. Mes parents ont toujours été transparents. Ma mère m'a expliqué que la dame qui m'avait laissé ne pouvait sans doute pas me garder et que ça a dut être très dur pour elle. Du coup, cette simple phrase m'a permis de beaucoup relativiser, et de ne pas être en colère. En tout cas ton état d'esprit est admirable !

 

[Stachä]

Personnellement, j'ai eu beaucoup de sentiment d'injustice vis à vis de cette situation. Je pense que c'est dû aux nombreux harcélement que j'ai eu étant jeune aussi et qui ont fini de miner ma confiance en moi. Et cette partie de moi, je l'ai longtemps gardé secrète (bon c'est encore le cas maintenant), mais pour de mauvaises raisons. Et je me suis toujours dis que si j'étais malheureuse c'était à cause de ça, en faite j'en ai longtemps fait une faiblesse. Alors que bon, en soit, j'ai des parents merveilleux, on se ressemble quand même pas mal physiquement, j'ai toujours été choyée et ils ne m'ont jamais rien caché. Mais j'ai toujours une boule dans la gorge quand je pense à cela... Sans trop savoir pourquoi. Mais depuis qu'un jour mon ex m'a dit "tu n'en parles jamais, je trouves ça pas très sain, même à moi".. J'ai eu un peu un déclic on va dire. Je me suis aperçue que j'en avais vraiment fait une faiblesse, un boulet, au lieu d'en faire une force. Je me sens chanceuse, et je crois qu'il va falloir que je travailles encore sur la bienveillance que je peux avoir pour Mme X, et après cela, je pense être sereine à ce niveau.

En tout cas c'est une très belle aventure à vivre des deux côtés je pense !