Je suis contente de voir que je mon avis sur la prostitution est partagé par d'autres Madmoizelles. J'ai déjà vu certaines féministes avancer le fait que "la prostitution est un métier comme un autre", ou "il faudrait que la prostitution soit considéré comme un métier comme un autre", ou "moi quand je travaillais chez macdo je mettais bien mon corps en jeu aussi, il n'y a pas de différence...". Je crois pourtant qu'en tant que féministes, on est bien au courant des risques qu'encourent les femmes dans les relations sexuelles avec les hommes. C'est déjà le cas dans des relations non tarifées, alors lorsqu'il s'agit de la prostitution...
Il est évident que pour certaines le sexe est une activité comme une autre, et qu'elles auront peut-être les moyens de s'éviter les clients violents, mais dans celles qui se lancent dans la prostitution, combien ont des motivations externes au métier en lui même et risquent de développer des traumatismes importants ? Celles qui sont dans la précarité et qui n'ont pas le choix ? Celles qui ont un syndrome post traumatique qui les pousse à tenir des conduites à risque pour alimenter leurs difficultés mentales ? Celles qui vont se faire violer ? (car je crois qu'aucun métier ne porte autant le risque de viol, avec cette zone grise immense lié à la transaction financière).
Si le sexe est une activité comme une autre pour certaines, ce n'est pas du tout le cas pour tout le monde. Ce sujet a été largement développé en psychologie, que ce soit dans l'étude du développement psychologique des humains ou dans l'étude des traumatismes sexuels. Je n'arrive pas à concevoir qu'on puisse tenir un discours si simpliste à propos du sexe en général et de la prostitution en particulier sans prévenir des risques qui y sont liés et qui sont très spécifiques à ces métiers dans notre société misogyne.
IRL, les seules personnes qui j'ai entendues vouloir se prostituer étaient des personnes qui avaient des troubles mentaux, l'une d'entre elle un syndrome post traumatique (viols pendant l'enfance et à l'âge adulte) et qui de ce fait s'engageait constamment dans des conduites à risque qui la faisaient tomber toujours plus bas psychiquement. Autant dire qu'elle n'avait plus vraiment le choix sur ses actes, comme cela est bien décrit dans les mécanismes des SPT (mémoire traumatique, conduites dissociantes...). Un mec malsain lui avait mis la main dessus et lui avait proposé d'être son mac. Sa meilleure amie, pour la protéger, a pris les devants pour l'empêcher absolument de se lancer là dedans, quitte en dernier recours à appeler son psychiatre ou les flics. Et... Heureusement ? J'espère vraiment qu'aucune personne ne lui aurait dit simplement "c'est ton choix, vas y".
Encore une fois, j'entends que pour certaines, le choix soit délibéré et conscient, mais dès lors que ce n'est pas le cas pour la majorité et que de tels risques mentaux et physiques existent non, je ne pourrais jamais considérer la prostitution comme un métier ordinaire.