Je vais essayer de répondre synthétiquement à toutes ces réactions intéressantes ?
Ce qui est intéressant, c’est qu’en lisant les commentaires de toutes celles qui sont passées par le non-mixte, on se rend compte à quel point l’expérience a été vécue différemment par chacune. Et bien sûr, je ne parle qu’en mon nom. Il est clair que les ressentis divergeaient en fonction des personnalités, des résultats scolaires, ou même tout simplement en termes de promo ou de profs.
De la même manière, je suis d’accord sur le fait que tout n’est pas à jeter dans ce système. Moi-même, j’ai eu certains profs vraiment excellents, et j’ai bénéficié d’une bonne formation. Pour autant, je demeure persuadée que bon niveau et pédagogie ne sont pas incompatibles (ce qui, dans mon expérience, semblait souvent être le cas). Et d’ailleurs, c’était clair lorsque des amies sont parties par choix dans d’autres lycées, avec plus de libertés sur le plan personnel mais sans que cela ne se ressente sur les résultats.
En ce qui concerne les motivations des parents, comme l’ont dit certaines, c’était souvent plus pour la bonne formation que pour la non-mixité, même si ça avait tendance à les rassurer. Dans mon cas, le collège-lycée public dont je dépendais avait de très mauvais résultats, il y avait pas mal de violences (et sans doute aussi des rumeurs) donc mes parents n’étaient pas très chauds. Un autre bon point, que j’ai oublié de mentionner dans l’article, c’est que les frais d’inscriptions étaient calculés en fonction du revenu des parents, donc il y avait une certaine mixité sociale, ce que je trouve encore aujourd’hui vraiment cool. Mais sinon, les parents ne se rendaient pas forcément compte de l’ambiance interne, et même si c’était le cas, ce n’est pas forcément facile de changer d’établissement. Les miens compatissaient en me disant que ça serait bientôt fini.
En réponse à celles qui ont parlé d’hypocrisie entre les valeurs affichées, ou du fait que c’était très sexe, drogues et rock’n’roll, moi j’y vois plutôt un décalage, parce que les valeurs affichées par mon établissement n’étaient pas les miennes, du moins pas toutes. Donc je ne vois pas le fait de ne pas respecter les règles tacites de bonne conduite comme une forme d’hypocrisie, à partir du moment où l’on est en désaccord avec ces règles. En revanche je pense que ce décalage a pu entraîner des comportements un peu malsains si certain(e)s étaient tiraillé(e)s par une éducation traditionnelle et les mœurs d’aujourd’hui, surtout en termes de sexualité. J’ai vu dans mon entourage des comportements un peu schizophrènes que je pense liés à cette forme d’éducation, même si en général ça n’a rien d’irrémédiable et que ça finit par se tasser avec le temps. Mais souvent, et parce qu’on était des ados à l’esprit de contradiction développé, se voir imposées des règles qu’on trouvait stupides nous donnait encore plus envie de les transgresser, même si ce n’était pas bien méchant.
Pour répondre à @Romanesques («Tu sais à quoi t'attendre quand tu t'inscris dans un établissement de l'enseignement catholique… »), en l’occurrence, à 11 ans, ce n’est pas vraiment de ton ressort de choisir d’intégrer ou non ce type d’établissement, et je n’étais pas ravie d’aller dans un collège non-mixte à la base. A propos de la présence de la chapelle en général, effectivement, ce n’est pas étonnant dans un établissement religieux mais ça m’a toujours dérangée, et c’est là mon avis personnel, je respecte celui des autres. Je tiens d’ailleurs à préciser que je suis contente d’avoir reçu une forme d’éducation religieuse (et je suis d’accord avec @AngelTen, les valeurs du catholicisme sont plutôt belles, même si je n’adhère pas du tout au concept de péché originel), mais les cours ont tourné au « bigotisme », et une fois que tu étais inscrite, dur d’en sortir : je répète que lorsque j’ai enfin eu l’autorisation parentale d’arrêter le cathé, j’ai été convoquée par ma responsable de niveau ! Par contre, j’aurais vraiment aimé avoir un cours de découverte sur les religions.
@BirdieBoop, je suis tout à fait d’accord, il y avait, comme partout, des filles lesbiennes, bi, hétéro… Mais c’est pour ça que j’ai employé le terme d’hétéronormativité, dans le sens où l’hétérosexualité était la norme supposée (mais bon, déjà qu’on ne parlait pas trop sexualité…) et qu’il était dur pour celles qui ne se reconnaissaient pas dans cette norme de l’assumer et de le vivre bien (encore une fois, comme partout, mais peut-être encore plus qu’ailleurs ?). Et en effet, l’homophobie était présente, et la seule fille qui s’assumait ouvertement lesbienne dans ma promo était totalement marginalisée.
Dernier point (j’ai laissé tomber pour le côté synthétique !), au sujet des difficultés dans les collèges mixtes, moqueries, pression vestimentaire, etc… N’ayant pas eu cette expérience, je n’ai pas de point de comparaison, mais les moqueries et pressions existent aussi dans les classes non-mixtes. Idéalement, je pense qu’il faudrait plutôt travailler à éliminer ces comportements, même si ça prend du temps, plutôt que de prôner la non-mixité totale. Ou peut-être commencer par dispenser certains cours dans des classes non-mixtes mais au sein d’établissements mixtes ? Il y a pas mal de d’études qui travaillent sur les biais inconscients qu’ont les profs/examinateurs/recruteurs dans leur attitude aux filles et aux garçons, les résultats ont l’air assez encourageants, ce sera peut-être une voie ! Mais séparer filles et garçons pendant plusieurs années (et pas n’importe lesquelles) me semble toujours un peu étrange, comme si notre sexe était la première chose qui nous définissait.