Ahahah, je comprends mieux la réaction des gens quand je leur dis que j'ai fait toute ma scolarité dans le privé !
C'est vraiment particulier ce genre d'établissement ! Je n'avais jamais pensé que des établissements si extrêmes puissent exister !
Je suis originaire de Bretagne où il y a à peu près autant d'établissements privés que publics, et la différence entre les deux est assez peu marquée ici. Déjà, tous les établissements que j'ai fréquentés ou dont j'ai entendu parler sont mixtes !
Dans le privé, on était moins nombreux, jusqu'à 3 fois moins, ce qui fait que les profs et les surveillants nous connaissaient mieux, étaient plus à même de repérer un problème, de voir si on allait bien ou pas et donc de nous aider (sur le plan psychologique comme scolaire). C'était un bon point pour beaucoup de parents.
Après, sur la question de la religion, c'était très libre. Il y avait toujours du catéchisme, des messes de Noël de proposés, mais absolument aucune obligation, aucune pression pour qu'on y participe. On était totalement libres de s'y intéresser ou au contraire de vivre sans. Je pense que les profs étaient croyants mais à aucun moment ils ne se permettaient de mêler la religion à leur cours. La seule marque de religion, c'était les bijoux que les élèves étaient autorisés à porter (vu que ça n'était pas laïque), et les effigies de la vierge/christ et croix au dessus des portes ou des tableaux... Qu'on ne remarquait même plus finalement !
Je trouve ce système sympa, parce qu'au collège j'étais croyante, je faisais les cours de caté (toujours par choix, ni mes parents ni l'établissement ne faisaient pression), et les trucs humanitaires comme le ventes et collectes. C'était bien, ça rajoutait des petits plus au quotidien sans être trop bigot (je ne connaissais pas grand chose à la religion, mes parents n'étant pas pratiquant du tout), et aller faire du bénévolat aux restos du coeur était vraiment une expérience que j'ai été heureuse de vivre. Ensuite, au lycée j'avais cheminé et je me posais plutôt comme athée (voire à la limite de l'anti-religion). Je n'ai plus participé aux cours de caté et messes, mais il y avait toujours des événements (non obligatoires) comme le bol de riz (on paye le prix du repas normal au self, mais on nous sert une assiette de riz. La différence entre le coût du repas normal et le repas au riz était reversée à une association). J'aimais le fait que des belles valeurs de la religion (attention, je ne dis pas qu'elles sont exclusives à la religion, hein !) soient présentent dans mon quotidien, mais pas tout ce qui est plus dans la croyance et la pratique proprement dites.
Pour la tolérance, les différences je ne sais pas si c'était plus simple ou plus difficile à vivre qu'ailleurs... Je pense que c'était à l'image de la société en général...
Enfin, pour la question des performances, mon lycée était très bien classé dans le rapport population/résultats. Parce qu'il accueillait des personnes issues de tous les milieux, grâce à des bourses notamment, et que tout le monde réussissait bien à la sortie. Il y avait des enfants de médecins, cadres, même des héritiers. Il y avait également des enfants d'agriculteurs et d'ouvriers. Et le niveau était vraiment bon. Je pense que c'est ça qui fait la valeur de l'établissement : facile d'avoir de bon résultats quand tous les enfants ont à la maison des parents lettrés, cultivés et à même de les pousser, de les aider. Quand l'apport linguistique et culturel à la maison est moins important, l'établissement a un rôle plus important dans la réussite. Notre 99% de réussite au bac était vraiment un honneur pour tous : bacheliers comme enseignants. Tout le monde avait participé à cette réussite. Je ne sais pas si je l'explique bien, mais quand je vois les établissement où les étudiants sont tous issus de milieux privilégiés, je me dis que c'est plus simple d'avoir de bons résultats et c'est finalement moins un gage de qualité ^^
Finalement, dans mon lycée, ceux qui étudient actuellement aux mines, à normal sup ou à polytechnique ont côtoyé des personnes qui sont aujourd'hui dans des cursus plus modestes, mais je pense que l'important c'est que tous ont pu réussir à faire ce qu'ils voulaient. Et ce avec argent ou sans trop d'argent, avec croyances ou sans croyances et toujours dans un ambiance sérieuse mais sans pression. Pas de violences, du suivi, de la liberté, des occasions de faire de belles choses et d'apprendre à se connaitre : tout ce que je voudrais offrir à mes enfants si j'en ai un jour
(en gros : le privé en Bretagne, c'est plutôt un bon équilibre pour devenir qui on veut