J'aime beaucoup le fait de trouver un article sur le TDaH(Trouble Déficitaire attentionnel avec ou sans Hyperactivité) sur madmoizelle.com (qui est un super site !!

), donc merci à Iranoe de l'avoir écrit (mais peut être que tu as juste écrit le témoignage que t'as envoyé une autre madmoizelle...

) Enfin bref, merci quelqu'un pour cet article

Cependant, j'aimerais faire 2-3 critiques (mais rien de méchant hein, chacun sa façon de voir les choses

.
Je suis moi-même TDaH à un stade avancé (en gros, je le suis beaucoup quoi

) et j'ai voulu poster ce commentaire parce qu'il y a certains aspects qui n'ont pas du tout été abordés dans l'article, et je voudrais les mentionner parce qu'ils ne sont pas anodins.

J'ai vu que certaines personnes ayant laissé des commentaires ont découvert tard leur TDaH, ce qui n'est absolument pas mon cas : nous l'avons su vers mes 5-6 ans je crois (en allant voir un neuropsychologue), donc j'ai grandi en sachant que je l'étais... Sans vraiment en comprendre les enjeux finalement.
Il faut savoir que le TDaH est une maladie (bon je sais que les médecins ne sont pas tous d'accord là-dessus, certains le considèrent seulement comme un trouble, mais encore une fois je donne simplement mon avis sur la question

) qui ne se guérit pas : les symptômes peuvent s'atténuer en devenant adulte, mais ne disparaissent jamais complètement. Ensuite, il faut savoir qu'on peut l'être à différents degrés et que cette maladie ne s'exprime pas toujours de la même façon. Par exemple, bien qu'étant diagnostiquée comme ayant un fort TDaH, je n'ai jamais vraiment été hyperactive, contrairement à mon frère qui l'est énormément. D'ailleurs, l'hyperactivité et les troubles d'attention et de concentration ne sont pas les seules conséquences de cette maladie, loin de là. Tout le plan affectif, sentimental est atteint, et même si ça n'a l'air de rien dit comme ça, c'est en vérité le plus difficile à vivre pour moi. Pour faire simple, les émotions sont décuplées par rapport à une personne "normale" (même si la "normalité" chez l'être humain ne veut pas dire grand chose

) : quand je suis triste, même pour des stupidités, j'ai l'impression que le monde touche à sa fin, que je ne m'en remettrais jamais etc., et quand je suis joyeuse, j'ai l'impression que mon coeur va exploser à cause de tant de bonheur. Et toutes les émotions s'expriment à l'extrême comme ça : l'amour qu'on éprouve pour une personne (ami(e), petit(e) ami(e) ou membre de la famille) est beaucoup plus intense... et la colère aussi (croyez-moi, un TDaH en colère peut se transformer en Hulk en une fraction de seconde, parfois sans même s'en rendre compte

). Ceci est un autre problème : le TDaH est très impulsif, et nous pouvons passer d'un extrême à l'autre très rapidement, sans le faire exprès. Il m'est arrivé de m'énerver pour des trucs débiles et de partir au quart de tour, me mettant à dire des choses parfois réellement méchantes sans le vouloir : les mots sortent tous seuls et je réalise ce que je dis au moment où je m'entend parler. Alors oui, je sais, vous pouvez croire que c'est juste parce que je suis colérique mais non : ça marche comme ça pour toutes les émotions (j'ai déjà dis je t'aime sans le vouloir). Et croyez-moi, c'est très handicapant parfois.

Après, les problèmes de concentration, de cerveau en surchauffe permanente tout ça : oui, c'est vrai. D'autant plus vrai pour moi car je suis "intellectuellement précoce" (autrement dit j'ai un QI au-dessus de la moyenne et petite j'étais en avance pour mon âge au niveau des capacités cognitives, intellectuelles etc.) (AUCUNE VANITE, je cite juste mon médecin

), comme beaucoup de TDaH, ce qui fait que réellement, notre cerveau ne se repose JAMAIS (bon, cela dit, c'est quand même pareil chez les TDaH "classiques" hein

; c'est juste encore pire chez les précoces). Genre, vraiment jamais : je suis constamment en train de penser à quelque chose, imaginer, réfléchir... Je ne suis PAS capable de rester assise sans penser à quoi que ce soit.
Mais contrairement à l'auteure de cet article, l'école a été très difficile pour moi : je ne supportais pas les programmes que je trouvais trop simples donc je m'ennuyais, donc je n'écoutais pas, donc j'étais toujours à la ramasse... Ou sinon je décrochais tout simplement, sans m'en rendre compte : je réalisais, au beau milieu d'un cours, que je n'écoutais plus du tout la/le prof De plus, j'avais peu d'amis car je trouvais mes camarades très ennuyeux... Il faut dire que cette différence n'aide pas : nous savons que nous sommes différents, et nous sentons que les autres s'en rendent compte et nous jugent (pas forcément méchamment, mais quand même) parce qu'ils ne comprennent pas nos réactions, sauf que nous ne comprenons pas les leurs non plus.
Après, concernant le traitement du TDaH via des médicaments, je n'y crois pas vraiment. Je ne veux pas dire que le traitement n'est pas efficace, parce qu'il l'est ; mais le TDaH n'est pas une grippe qui va disparaître au bout de quelques jours, et ce n'est pas non plus une maladie mentale qu'il faut soigner à tout prix : les TDaH sont des gens comme tout le monde, ils sont juste différents (mais pas fous pour autant !). Selon moi, nous devons accepter cette différence et réussir à vivre avec, parce que nous ne changerons pas. Lors de mon adolescence, on m'a proposé de prendre de la Ritaline mais j'ai refusé car je voulais me débrouiller avec moi-même, et je ne regrette absolument pas, au contraire. MAIS je ne juge personne : si des gens TDaH suivant un traitement à cause de ça lisent ce commentaire, surtout ne vous sentez pas critiqués, j'expose mon juste mon propre point de vue. Et bien sûr, vous pouvez voir les choses différemment (c'est même ça qui est bien !)

Bon, la fin est venue (il était temps quand même

). Je tiens juste à préciser que je n'ai pas écrit tout ça pour étaler ma science ou ce genre de chose, mais parce que ma maladie est très méconnue (même par les instituteurs/professeurs) et peu reconnue... On m'a dit tellement souvent que "j'exagérais", que je "dramatisais la situation", que je n'avais qu'à "arrêter d'être comme ça". Ce qui n'est PAS possible : être TDaH c'est comme ton orientation sexuelle, tu choisis pas. Tu dois t'accepter comme tu es et apprendre à vivre avec. Donc vous qui lisez ça, si vous connaissez un TDaH, souvenez-vous de ces quelques trucs et ne le jugez pas (mais en même temps si vous êtes sur le forum madmoizelle c'est que vous êtes cool). Et ne minimisez pas tout ça, c'est très difficile à vivre !
Sinon, bisous à toutes et à tous, et encore bravo à madmoizelle