Je vis la même chose depuis mon adolescence. Ce qui est vraiment insupportable, c'est cette pression permanente. Je dirais même qu'il y a un phénomène de culpabilisation des gens qui ne veulent pas boire et qui n'ont pas de raison "valable" -- les seules raisons "valables" selon les standards absolus de l'univers semblant se réduire à : grossesse, Sam, et éventuellement religion.
Du coup, quand on ne boit pas par choix, certains ont tendance à vous regarder avec des yeux qui disent "qu'est-ce qu'elle a, cette conne, elle se croit mieux que nous ?".
Et cette focalisation sur "mais pourquoi ???" est tellement épuisante. Je suis tout à fait prête à parler des raisons qui font que je ne souhaite pas prendre telle ou telle substance, à partir du moment ou la personne en face n'a pas pour but de me convaincre d'en prendre, mas bien d'avoir une discussion.
Lors des rares soirées étudiantes mainstream auxquelles j'ai participé, j'ai même eu droit à une insistance qui frise le harcèlement de la part de garçons (ça aurait pu être des filles, mais là n'est pas la question) qui cherchaient visiblement à me faire boire à tout prix pour avoir une chance de me ramener dans leur lit, et qui, voyant que c'était inutile, en arrivaient presque à s'énerver avec un côté "Méééééé si elle refuse d'appliquer les conventions sociales qui permettent d'endormir son jugement, je ne pourrai jamais lui faire accepter du sexe comme je fais d'habitude, c'est pas du jeu !"
Je ne dis pas que l'alcool est forcément dangereux en soi, et je suis pour la libre consommation de toute substance du même type. Mais justement, le mot clé est LIBRE. Ça veut dire, libre de refuser aussi. Pour moi, le danger est dans l'idée que certaines choses vont de soi, qu'on n'envisage même pas de les remettre en question.
Se dire "fête = alcool" sans jamais envisager la possibilité de ne pas suivre cette règle, et prendre le chou aux gens qui ne souhaitent pas la suivre, c'est aussi stupide et dangereux que "femme = foyer" et d'engueuler les femmes qui travaillent ou inversement.
Lueur d'espoir tout de même : je rencontre beaucoup moins ce problème en vieillissant (oui, bon, j'ai encore moins de 25 ans, mais vous voyez l'idée). Je ne sais pas si c'est l'âge ou juste dû au fait que je choisis mieux mes amis, mais c'est un soulagement.
Aux gens qui insistent sur le fait qu'il y a une infinité de boisson et qu'il est stupide de tout mettre dans le même sac, je répondrai : ce n'est pas forcément faux.
Mais d'abord, l’éthanol est une substance particulière commune à toutes les boissons alcoolisées, donc il ne me paraît pas aberrant de pouvoir la détecter et d'être gêné par ça quelle que soit la boisson.
Ensuite, l'alcool a d'autres effets, comme l'ivresse mais aussi brûlures d'estomac, auxquels on est plus ou moins sensibles, et qui vont avec la boisson. J'ai une amie qui "n'aime pas les tomates cerises" parce qu'elle n'apprécie pas la sensation de la petite boule de jus qui explose en bouche, même si elle aime le goût de la tomate. Ce n'est pas plus stupide de dire : "Je n'aime pas l'alcool, pas à cause du goût mais à cause de l'effet".
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http://www.bouletcorp.com/2012/05/29/ma-pizza-metal/]