Je suis bisexuelle, et mes droits ne sont pas un « coup de com »

[Nactios]

Il y a des commentaires où je me retrouve complètement... ça ne m'est jamais venu à l'esprit que la loi pourrait faire autant de bruit parce que tout simplement, à mes yeux (et aux yeux de la majorité), ça coule de source. L'égalité, et puis c'est tout.
Avec ma chérie on ne se sent pas à part, mais ce sont les autres qui nous font sentir à part par moment.

Les conneries des manifs me faisaient rire au début, les voir déblatérer des conneries plus grosses qu'eux, c'était tellement délirant et extrême. C'était juste des fous. Mais la scène leur a tellement été donnée que maintenant j'ai une sorte de "phobie de MPT", dès que je vois quelqu'un le premier truc que je me demande c'est s'il est partisan de la MPT. Je soupçonne tout le monde, les jeunes, les vieux, les gens de ma famille, tous. Il y a une banalisation de l'homophobie "passive", où il va être normal de dire qu'on est contre, de dire que c'est contre nature, etc.

J'avoue avoir du mal à ignorer tout ça, j'ai un caractère spontané (quand je les voyais au retour des manifs, j'avais juste envie d'être violente), pourtant c'est la meilleure manière je pense de les laisser disparaître. Encore tout à l'heure, je sors à ma copine "tu as vu ce qu'il a dit Sarko ??"... et elle m'a dit ne vouloir rien savoir, qu'elle avait vu mais qu'elle ne voulait pas en parler. Et elle a raison au final, laissons-les dans leur grotte. "Votre homophobie me rend malade"...

Quand je lis que certaines n'osent même pas s'embrasser à la gare ou se tenir la main, ça me rend tellement triste. Parce que moi ça me rend triste de pas pouvoir tenir la main de ma copine aussi où on veut, de "faire attention" sans arrêt. On arrive quand même à avoir des gestes affectueux en public, mais ils sont généralement assez furtifs... ce n'est pas toujours dérangeants parce qu'on aime pas trop être hyper démonstratives en public, mais il y a quand même cette limite invisible, cette pression et cette crainte que les couples hétéros ne subissent pas.
Mais il y a des moments où bon, on dit fuck. Quand on doit se quitter sur le quais de la gare, c'est gros bisou et puis c'est tout. Et les homophobes ils vont se faire voir.

Pour le moment nous n'avons pas subi d'homophobie en étant ensemble (directement j'entends, on la subit avec LMPT). Mais depuis le début j'y suis préparée, j'ai l'impression que c'est l'épée de damoclès qui va forcément tomber à un moment... :/

 

[Pikablanche]

C'est vrai qu'il y a des hétéros ou homo qui pensent que les bi sont soit des hétéros curieux ou des faux homos, comme si on ne pouvait pas aimer deux genres à la fois.

Bon pour ma part je suis une fausse bisexuelle ou une lesb tendance bi comme je le dis. Je suis autant attiré physiquement par les filles que par les garçons (même si j'ai parfois de longue période ou je ne me focalise que sur les filles, ma sexualité est vraiment chelou) mais ne tombe amoureuse que de filles. Et non ce n'est pas que je ne suis pas "tombé sur le bon gars" mais simplement qu'une relation amoureuse avec un homme ne m'intéresse pas. J'ai jamais eu de problème avec mon orientation que j'ai découvert très tôt, je disais franchement ce que j'étais. Mais je suis tombé sur des gens bien relou qui ne comprenait pas ça, du coup maintenant je dis juste que je suis queer ou lesbienne. Je suis donc pas dans votre cas mais je compatis au problème du "on ne crois pas en mon orientation sexuelle".

@Tracteur-Salade Si moi aussi, j'avais de gros béguin pour de nombreux personnages de fiction garçon ou fille. (ça continue encore d'ailleurs mais juste pour des personnages féminin haha).

 

[Patriarcaca]

Ton texte m'a fait monter les larmes aux yeux.
2012, c'est l'année de mon coming-out, de ma rencontre avec mon amoureuse, et du débat social le plus violent que j'aiejamais vécu. Je suis militante, je me tenais au courant de leurs actions, j'apprenais leurs arguments pour pouvoir y répondre du tac au tac, je passais mes nuits à regarder les débats à l'Assemblée, d'autres nuits dans les rues de Paris à arracher leurs stickers. J'allais à tous les événements où on était surs qu'ils allaient troller pour s'assurer que quelqu'un ne les laisse pas monopoliser la parole. J'ai balancé des boules puantes au pied de Frigide Barjot pour qu'elle s'étouffe pendant sa prise de parole (ça a pas marché). Je suis même allée jusque dans les manifs, déguisée en catho bourgeoise avec des fausses pancartes pour que les LGBT enfermés chez eux aient un truc qui les fassent rire les jours de manif.
A chaque MPT, j'ai pris le métro pour aller me réfugier chez des amis ou troller sur le lieu de manif. Je leur ai hurlé dessus dans la rue, dans le métro, à la Sorbonne devant Taubira, j'ai floodé l'internet en commentant sous tous les articles, j'ai briefé mes potes hétéros-cis qui comprenaient pas les enjeux, j'ai engueulé les membres de ma famille, j'ai vu pleurer mes potes de fatigue et de peur. J'ai manifesté à Hotel de Ville quand un couple de gay s'est fait tabasser en sortant de boîte.
Mais je ne tiens pas la main de ma copine dans la rue, je ne l'embrasse que s'il n'y a personne pour nous voir, je ne suis à l'aise que si on se balade en groupe, et même quand je suis seule j'essaie de faire gaffe à ma démarche au cas où je ferai trop goudou. Personne ne m'a frappée, je ne me suis pas faite insultée directement, mais je ne peux pas m'empêcher de penser "pour l'instant". Dans le 18ème à Paris, on a peur de tomber sur des ignorants. Dans le 16ème, on a peur de tomber sur des réac. Avant on se lâchait la main de peur de croiser des "racailles", maintenant n'importe quelle chemisette ou pull sur les épaules devient une menace. Parce que je les ai vus, les cathos du dimanche balancer des bouteilles sur les CRS, essayer de casser les barrages, et je peux pas m'empêcher de penser que ça pourrait tout aussi bien être ma tête sous leurs mocassins à glands.
Oui 2012 a été une année horrible pour les nerfs. Mais le pire, c'est cette parano permanente qui s'est installée. Cette épée de Damoclès comme j'ai lu plus haut qui fait que dès que je rencontre une nouvelle personne, je me demande ce qu'il faisait de ces week-ends pendant le débat. Je peux pas passer 10min avec une nouvelle personne sans lui faire comprendre que je suis homo, et lui balancer un regard qui dit "vas-y essaie juste de dire un truc désagréable, je te démonte". Mais il y a d'autres fois où je pèse tous mes mots, où j'utilise des termes neutres pour qu'on ne devine pas si je suis partie en week-end avec une fille ou un garçon. 2012 a fait de moi une froussarde, une planquée, une lâche.

A celles qui disent "Moi je suis dans aucune case, hétéro et homo c'est pareil". Peut-être sur le principe, mais dans les faits, un couple hétéro ne se pose pas de question quand ils se tiennent la main dans le métro. Nous si.

 

[Lula.Birdy]

@Tracteur-Salade Ca me déprime réellement de voir ça, ces moments où des gens se revendiquent être tolérants pour au final faire autant de mal que les autres -_-

@Patriarcaca Ton témoignage est extrêmement touchant, il pourrait faire un article à lui tout seul. J'espère que ce climat d'homophobie ambiante et assumée s'en ira, c'est hyper violent pour un tas de gens.

 

[Mymy Haegel]

ça m'amène à demander si on a déja vraiment parler bisexualité dans un article ?

On en a parlé ici

 

[Lula.Birdy]

Merci @Mymy ! J'étais passée à côté.

 

[Une madmoiZelle]

Bon c'est moi qui ai écrit l'article. Je tiens déjà à remercier les messages de soutien que j'ai vus passer et qui m'ont touchée, et remercier Madmoizelle pour avoir accepté de relayer mon témoignage. Je rejoins les commentaires plus haut quant à la biphobie de la part d'homos qui à titre personnel me fait bien plus mal que l'ignorance des hétéros.

Après je voulais prendre un peu de temps pour répondre à Terra Incognita.

Bon ben moi j'ai un message un peu différent à faire passer........

Moi cet article m'énerve, et il ne me fait pas du tout "monter les larmes aux yeux". Pourtant je suis bisexuelle, pendant 7 ans je n'ai eu que des relations sérieuses avec des filles (et des petites amourettes avec des gars) et maintenant ça fait 4 ans que je suis avec mon copain . Et je ne me sens pas concernée, ni limitée. J'ai envie d'avoir des enfants et ce sera sans aucun doute avec mon copain actuel, mais si j'avais été avec une fille, je me serai débrouillée autrement (avec un ami !) et je n'aurais pas eu l'impression d'avoir une "pression sociale". Je sais aussi que si j'ai des enfants et que je divorce, je pourrais être amoureuse d'un gars ou d'une fille ; je serai peut-être plus tentée par une relation avec une fille (pour changer ?! C'est peut-être ça la chance de ne pas être limitée ).

[...]

Quand des gens sortent des atrocités sur les gays, je les trouve juste c*ns mais ça ne me touche pas. Je suis un peu énervée pour les autres qui n'ont pas la même force que moi à ce sujet, mais je ne me sens pas spécialement concernée (en fait c'est moi qui suis bizarre ?! ).

Et c'est tant mieux et je m'en réjouis pour toi.

Ne pas se sentir trop affecté est je pense la meilleure des solutions, sinon on se pourrit la vie. Le fait que je n'ai pas l'air attristé, ni en colère face à la haine m'aide aussi à appuyer plus fortement mon opinion. Quand je suis en train d'argumenter dans une soirée pour le mariage gay face à des gens qui sont contre, je sais que ma logique prévaudra, et parfois, ça change un peu les choses.

Alors oui, dans l'idéal oui, je suis d'accord. Et la plupart du temps à titre personnel j'y arrive ; mais tout le monde n'a pas les capacités de pouvoir faire abstraction de qu'ils entendent ou voient autour d'eux et jamais je ne les en blâmerais. Passer outre l'homophobie ambiante généralisée aujourdhui en France n'est pas donné à tout le monde.

Quant aux débats, je sais très bien cacher mes émotions quand j'argumente, donc "ne pas paraître affectée", comme tu dis. Sauf que y a des gens, même avec tout le calme et tous les arguments logiques du monde, ils continueront à s'enliser dans les préjugés.

Cet article est trop émotionnel pour moi, du coup, il m'énerve.

Je l'ai pourtant écrit avec beaucoup de calme et je ne recherche pas la pitié ou les tapes sur l'épaule. Juste à exprimer un ressenti, que malheureusement je ne suis pas la seule à avoir. Je l'ai constaté dans mon entourage et maintenant je le constate ici.

Du coup je comprends pas trop ce qui t'énerve. Tu trouves qu'être affecté par l'homophobie est une preuve de faiblesse ? Je veux pas faire de procès d'intention hein, juste à comprendre.

En ce qui concerne Sarkozy, même les gens qui étaient contre le mariage pour tous dans ma famille sont outrés. En effet ils pensent que maintenant que la loi est passée on n'a pas à revenir en arrière et ils trouvent que Sarkozy essaye de s'accrocher à tout et à n'importe quoi. Et pourtant ce sont des gens qui ont voté Sarkozy aux deux élections présidentielles ! Notre ancien président a tout à perdre, même ses plus fidèles.
N'oublions pas que sa femme ne le soutient pas à ce niveau : "J'ai beaucoup d'amis - femmes et hommes - qui sont dans ce cas-là et je ne vois rien d'instable ou de pervers dans les familles homoparentales" (Vogue)

Je suis bien d'accord et c'est pour ça qu'au final son intervention n'est pour moi qu'un symptôme de la façon dont on récupère la 'com' sur les droits LGBT pour tout et n'importe quoi. Sarkozy ne m'intéresse pas. J'en ai juste marre de voir que nos vies privées sont débattues avec autant de désinvolture de la part de gens non concernés.

 

[Pikablanche]

J'ai une amie 100% hétéro qui s'est donné à fond pour que le mariage gay existe en France, et j'ai eu l'impression que c'était plus son combat que le mien... C'est bizarre non ?

Non, heureusement qu'il y ait des gens comme ça sinon toute les minorités du monde ne s'occuperait que d'eux. Je veux dire, il y a des gens qui soutiennent des associations et ne sont pourtant pas concerné. C'est ce que j'appelle des gens aux âmes de justicier.

 

[Boogie]

@Lula.Birdy ça n'est pas qu'une impression. Bien sûr, ça dépend des endroits, des villes, ça passe de l'illégitimité des bi ( qui sont soit des hétéros qui veulent tester des trucs, soit des homos qui savent pas s'assumer ) à la haine, carrément. Et le pire, c'est que cette intolérance vient le plus souvent de la communauté gay ( j'aime pas employer ce terme, mais bon, faut bien mettre les mots sur les choses ), ce qui est drôlement triste

Ce genre de chose me rend triste aussi, quand j'ai commencé à avoir de "vrais" doutes sur ma sexualité, j'en ai parlé à mes amis gay et lesbienne et à part un ami, la réponse(qui est aussi une question^^) principale était "oui mais tu préfère quoi alors??" justement...je préfère rien,
c'est là que mon pote gay m'a posé les vraies questions "Est-ce que tu saurais être en couple aussi bien avec un fille qu'avec un mec?" Oui..je choisis les gens en fonction de si ça fonctionne bien entre nous et pas de leur sexe... Là il a eu la plus cool des réponses possibles "Ah t'as vraiment de la chance, moi je sais pas me passer de bite". J'lui dis merci parce que ça m'a vraiment aidé, après j'ai eu peur d'en parler parce que j'avais peur que mes potes filles croient directement que je voulais les pecho genre toute (oui le cliché gay lesbien en rut à la vie dure) mais je n'en ai parlé qu'au gens qui compte pour moi, mon meilleur amis qui est un peu homophobe m'a dit "Oh ben euh..ça fait des années qu'on regarde des meufs ensembles, ça me surprend pas vraiment".
Je n'en ai pas parlé a ma famille, je le ferais si un jour je veux me marier avec une fille, en attendant je vais éviter d'en parler et de créer des conflit en rapport avec me "vertu légère"...
Pour la phrase "J'ai l'impression que c'est plus facile d'être gay que bi", je suis d'accord, l'incertitude fait peur aux gens..
Bon j'arrête de raconter ma vie^^

EDIT: Non c'est faux je n'arrete pas de raconter ma vie

 

[Boogie]

En lisant l'article sur la bisexualité dans le lien donné par Mymy. J'ai un peu tiqué vers la fin, je me suis un peu bloquée sur l'idée de l'amalgamme partouze/plan à 3, c'est une autre partie de la sexualité je peux etre avec mon copain sans avoir envie de meuf, etre avec une meuf sans avoir envie d'un mec mais c'est tellement génial d'avoir les deux, ya pas si longtemps(genre un an) je me disais que ça pourrait etre parfait d'etre en couple avec un mec et une fille, je crois que c'est pas non plus le polyamour dont une mad parlait dans un article, moi je veux les deux pour moi mais les deux ensemble aussi, qu'on s'aime tous et qu'on fasse des bébés tous ensembles..
Par contre ça rend aussi les choses plus difficile, plutot que de trouver la bonne et ou le bon, il en faut deux et il faut qu'ils s'entendent x)
Mais je suis heureuse avec mon copain, vraiment, rooh je suis encore plus "bizarre" qu'une bi normale
Est-ce que je suis la seule? (je ne suis pas ici pour comparer et voir si je suis normale ou pas mais je me pose vraiment la question parce que je n'ai jamais entendu parler de qqn qui ressentais la même chose que moi)

 

[Karrie788]

En lisant l'article sur la bisexualité dans le lien donné par Mymy. J'ai un peu tiqué vers la fin, je me suis un peu bloquée sur l'idée de l'amalgamme partouze/plan à 3, c'est une autre partie de la sexualité je peux etre avec mon copain sans avoir envie de meuf, etre avec une meuf sans avoir envie d'un mec mais c'est tellement génial d'avoir les deux, ya pas si longtemps(genre un an) je me disais que ça pourrait etre parfait d'etre en couple avec un mec et une fille, je crois que c'est pas non plus le polyamour dont une mad parlait dans un article, moi je veux les deux pour moi mais les deux ensemble aussi, qu'on s'aime tous et qu'on fasse des bébés tous ensembles..
Par contre ça rend aussi les choses plus difficile, plutot que de trouver la bonne et ou le bon, il en faut deux et il faut qu'ils s'entendent x)
Mais je suis heureuse avec mon copain, vraiment, rooh je suis encore plus "bizarre" qu'une bi normale
Est-ce que je suis la seule? (je ne suis pas ici pour comparer et voir si je suis normale ou pas mais je me pose vraiment la question parce que je n'ai jamais entendu parler de qqn qui ressentais la même chose que moi)

C'est un amalgame fréquent et un peu facile qu'on fait sur les bis mais le polyamour ça existe oui (je pense que c'est malgré tout de quoi tu parles) et c'est une façon de vivre sa vie amoureuse comme une autre, tu n'es pas la seule

 

[Lula.Birdy]

@Boogie J'ai été contactée par un couple pour devenir la troisième et ainsi entamer un "trouple", j'ai vu plusieurs témoignages du genre aussi sur différents sites donc non tu n'es pas seule. Perso j'y ai jamais vraiment réfléchi, c'est encore une notion dont on ne parle pas vraiment je trouve, contrairement au polyamour ou au libertinage.