On parle souvent de zone grise, avec méfiance d'ailleurs (beaucoup de gens utilisent l'expression comme synonyme de "je suis passé outre son consentement mais c'était pas vraiment un viol"). Le contexte où, selon moi, ce concept peut être utile est quand il s'agit des gens qui se forcent un peu eux-mêmes (sans avoir été forcés de l'extérieur) pour des raisons diverses. Là, il peut y avoir non-consentement, sans qu'il y ait pour autant agression. Et c'est là que ça devient compliqué à gérer. On peut se forcer soi-même pour tout un tas de raisons, parce qu'on pense qu'on devrait avoir envie, pour ne pas décevoir, parce qu'on a trop entendu parler de performance...
@Dulsao : je comprends bien ce que tu veux dire (effectivement, quand on a tout fait pour ne pas mettre la pression, inutile de culpabiliser sous prétexte que l'autre s'est forcé-e), mais peut-être que justement, la question ne se pose pas en terme de culpabilité (ou d'incohérence, ce qui revient aussi à poser le problème en termes de "faute"). S'il y a quelque chose dans le passé d'une personne, son éducation, son rapport à son corps etc. qui la pousse à se sentir obligée ou à se forcer, peut-être que c'est plutôt le moment de poser la question en termes d'empathie : plutôt "Je suis désolé-e, tu sais, tu n'as vraiment pas besoin de faire ça avec moi" que "Espèce de ***, tu veux me faire passer pour un-e violeur-se, c'est ça ?" (je caricature, hein ! mais c'est seulement pour bien montrer qu'à mon avis, dans ce cas-là, la priorité n'est peut-être pas la question d'ego mais plutôt de plaindre la personne qui se sent obligé de se forcer).