La réforme d'accès à l'université, ses risques et les critiques : madmoiZelle t'explique tout !

[liseul]

il y a des points positifs et négatifs à la sélection mais je ne vois pas du tout pourquoi cela renforcerait les inégalités filles-garçons. Il y a de l'auto-censure, c'est vrai, mais cela se fait bien avant l'inscription des vœux sur parcours sup et bien avant la découverte des pré-requis. J'étais en terminale S l'année dernière et même si beaucoup de jeunes ne savent pas ce qu'ils veulent faire avant l'inscription ou ne sont pas surs, la majorité savent ce qu'ils ne veulent pas faire. Et les filles qui pensent ne pas être faites pour les sciences, ne pas être capables ont très souvent cette idée depuis le début du lycée voire bien avant.
De plus, les pré-requis sont assez logiques par rapport aux filières donc une fille qui veut faire ou pense peut-être faire une licence de physique, je ne pense pas que le fait de devoir "disposer de compétences scientifiques" la décourage puisque c'est assez évident.

@Mullipa les filles ne sont pas forcément directement découragées (même si parfois ça arrive) mais ce sont plus des remarques sur le fait que quelque chose d'autre leur conviendrait mieux, on les pousse plus vers les matières littéraires et quand elles se questionnent sur leur orientation, les métiers qu'on leur propose sont assez "féminins". Petite histoire perso, l'année dernière, je rencontre mon prof de physique pour la réunion parents-profs. J'avais de bonnes notes dans à peu près toutes les matières mais la physique j'aimais vraiment ça et j'étais fière d'avoir 18 de moyenne. Première chose que le prof dit à ma mère en regardant mes notes "on voit que votre fille est vraiment littéraire" , il n'y a rien de mal à être littéraire mais moi je l'ai vraiment pris comme t'es littéraire= t'es pas scientifique, même avec 18 en physique tu mérites pas d'être scientifique . Et je suis persuadée qu'il n'aurait jamais mais jamais dit ça à un garçon puisque certains garçons dans ma TS avaient de meilleures notes dans les matières littéraires et parfois du mal dans les matières scientifiques et on les poussait à tenter une prépa maths ou un DUT informatique...

 

[Mullipa]

@liseul ça c'est aussi le problème français qui dit que tu dois choisir entre littéraire et scientifique =/
Mais @Cornélie, je comprends mieux, même si je n'y ai pas été confrontée (moi j'ai eu l'inverse, on m'a poussée à faire de grandes études alors que j'en avais pas forcément envie, juste parce que j'en avais les capacités).

 

[Llyx]

J'ai une vraie question au sujet des femmes à l'école : y a-t-il des Madz qui se sont vues découragées par des profs/conseillers d'orientation ou autre sous prétexte qu'elles étaient des filles?

J'avais de très bons résultats au lycée, surtout en science (18 de moyenne dans les matières scientifiques et plus de 18 en moyenne au bac). Ça n'a pas empêché ma ma professeur principale de me dire que la prepa n'était pas faite pour moi parce que les filles ont du mal a tenir la pression. Elle m'a donc conseillé de faire une prépa intégrée. Je suis partie de cette séance d'orientation en claquant la porte en lui disant que je n'avais pas besoin de ses conseils rétrogrades. J'ai fait une prepa MP que j'ai plutôt bien réussi. Je suis maintenant dans une école des Mines.

 

[Llyx]

Pour ce qui est des sélections, j'ai vu dans mon entourage beaucoup de personnes aller à l'Université par défaut et échouer complètement quand d'autres ont dû trouver des moyens détournés pour aller dans la filière souhaité et y réussir. Du coup, je me dis que la sélection permettrait aux premiers de trouver une meilleure orientation et aux seconds d'aller directement là où est leur place.
Qui plus est, tout le monde n'est pas fait pour les grandes études. Il faudrait voir à arrêter de dévaloriser les métiers plus "manuels". Certains y trouveraient peut-être plus leur place que dans un labo ou derrière un bureau.

 

[Annaïck]

@Mullipa
Pour ajouter mon témoignage à ceux des autres. Au moment des portes ouvertes dans différentes universités, je me suis fait entendre dire que les voies que j'étais en train de choisir étaient "très dures" ou "très difficiles". Comme pas mal de personne, je me suis prise de passion pour la physique à travers l'astrophysique (qui en effet est quelque chose de difficile, mais bon, comme beaucoup d'autres choses). Je n'ai pas compris pourquoi on partait du fait qu'il valait mieux que je n'y aille pas parce que je ne réussirai pas. Ces gens n'avaient aucune idée des notes que j'avais ! J'aurai pu être la surdouée de ma classe, ils n'en savait rien et me disait juste que ça n'avait pas l'air fait pour moi.
De la même manière que @liseul , je crois que c'était à l'affichage des résultats du bac, on avait également eu les résultats d'admission APB, je crois. bref. Mon prof de physique qui me demande ce que je prévois pour la suite. Je lui dis que je veux faire de la géologie. "De la géologie ? Mais il y a de la physique là-dedans !". Bha ouais. Où est le problème. Tu sais que j'ai 17 de moyenne dans ta matière, mec ? Tu sais que j'ai eu mon bac mention "très bien" pourtant. C'est quoi cette remarque ? J'y comprenais rien à l'époque pourquoi on ne faisait que de me décourager dans toutes les voies que je choisissais pour mon avenir. Finalement, j'ai fait une prépa BCPST (contre l'avis de la conseillère d'orientation) et j'ai bien fait !
Jsais pas vraiment si c'était parce que je suis une fille, ce n'était pas dit tel quel. Je ne comprends toujours pas la logique derrière ces remarques.

Spoiler: Idée à la con

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[Annaïck]

Ce serait tellement plus simple si on laissait les élèves, futurs étudiants, avoir confiance en eux et choisir ce qui leur plaise. En arrêtant ces stupides hiérarchisations manuel/cérébral ou littéraire/scientifique...

 

[Annaïck]

Ce dont tu parles c'est plutôt un problème de moyen et pas un problème de laisser les étudiants essayer ce qu'ils veulent, non ? Je trouve que le problème des maths est plutôt spécifique parce que c'est la matière où les élèves se sentent le plus nuls et considèrent cela comme une fatalité alors que c'est la façon de l'enseigner qui parfois laisse à désirer. Je n'ai pas trop compris ce que tu voudrais leur dire avant qu'ils arrivent dans ta classe. Pourrais-tu préciser ? Que ça va être dur et qu'il faut des pré-requis ?

En effet, il y a double problème. D'une part l'orientation professionnelle qui, semble-t-il vu les témoignages, est grandement perfectible et, d'autre part, les moyens octroyés aux universités pour accueillir le nombre d'étudiants. C'est le professeur qui a créé APB qui disait que son logiciel fonctionnait très bien (bon, je ne sais pas s'il allait dire l'inverse) mais que c'est le nombre d'étudiants qui était devenu supérieur au nombre de places disponibles qui faisait que certains se retrouvait sur la touche. Donc, en effet, c'est le nombre de places en université qu'il faudrait augmenter...
ça va faire peut-être un peu complotiste mais c'est ce que j'ai entendu à la matinal de france culture ce matin à propos de la sncf : que le gouvernement réduit délibérément les moyens octroyés aux services publiques pour y induire des dysfonctionnements et préparer la privatisation. En gros, on donne moins d'argent donc forcément il y a des problèmes et on présente la privatisation comme la solution à ces problèmes (alors que depuis le début c'était le manque de moyen). Je ne sais pas si c'est applicable au cas des études sup'. C'est pourtant la logique de ce qui s'est passé pour APB. Les dysfonctionnements viennent d'un manque de moyen mais au lieu de les augmenter, on propose parcours sup' qui ne répond pas au fond du problème et qui permet la mise en place de la sélection des étudiants (et sans doute également la mise en concurrence des universités qui vont être capables de recruter les meilleurs)... Qu'est-ce que vous en pensez ?

 

[Aisleen]

Mais en fait pourquoi il y a APB ? Pourquoi ils essaient de régler un problème en rendant tout compliqué? Ils vont vraiment regarder les notes jusqu'en quatrième ?

Je suis expat, et dans mon pays d 'adoption si tu veux faire des études à la fac, tu candidates direct dans l'Université qui t'intéresse. Pas d'APB, pas de processus super compliqué : tu montre ton diplôme, tu paie 20euros/remplis 2-3 documents et basta !.
Pour certaines filières surpeuplées comme Psycho ou médecine il y a un test vers aout-septembre pour une rentrée en Octobre (QI + QCM sur les connaissances générales concernant la filière choisie), les etudiants le savent et se preparent après le Bac (regardent les annales, lisent les bouquins conseillés sur le site de l'institut concerné etc.) Tout le monde peut essayer !

Du coup tout le monde est content : un(e) étudiant(e) a loupé son lycée/ fait le mauvais cursus avant (ex: Bac pro & co avant médecine) ? pas grave ! il faut juste lire les bouquins cités!

Au début de chaque cursus universitaire des cours de "mise à niveau" sont obligatoire du genre : comment écrire un exposé/une bibliographie? / introduction à "X" etc.
C'est sur que tout le monde n'y arrive pas, mais ceux qui ont passés les examens sont motivés, les cours super calme, et il y a beaucoup moins d'absentéisme alors que les études sont quasi gratuites (20euros/semestre dans ma ville si les études sont faites dans le temps requis, après c'est 400euros/semestre sauf si l'étudiant(e) travaille à mis-temps à côté)

Je trouve l'argument "oui mais avec un concours les filles vont moins se présenter" un peu débile.... C'est pas en ne faisant pas un concours que plus de filles iront dans les grandes écoles. C'est un travail qu'il fallait faire à la base....
Pareil pour l'argument de la discrimination: un concours anonyme et automatisé règle le problème. Faut juste bosser un peu après le Bac....

Peut être que ne je comprends pas tout de la situation, mais à l'étranger beaucoup se disent " Nan, mais qu'est-ce qui ont encore ces français à se créer des problèmes?" Honnêtement en comparant les états des Facs en Allemangne/Autriche avec la France, la première question que je me suis posée c'était : "Mais qu'est-ce qu'ils ont foutu en France ? Ici tout fonctionne et rien ne se fait voler.... Et il fait toujours chaud dans les amphi !

 

[Annaïck]

C'est super chouette d'avoir ton avis @Aisleen ! Merci.
Par contre, je ne suis pas sûre d'être capable de répondre à ton message. Je ne peux que donner mon avis très bref. En ce qui me concerne, si c'est si compliqué selon moi, c'est parce qu'il y a une bataille idéologique sur le sujet de la sélection en études entre la méritocratie d'une part (si un étudiant réussi dans ses études c'est qu'il le mérite, c'est grâce à ses efforts) et l'égalité des chances d'autre part (nous ne sommes pas tous égaux selon nos classes sociales, des parents ouvriers auront plus de mal à aider leurs enfants pour leurs devoirs que des parents de classes supérieures). Il n'y a, malheureusement, pas forcément beaucoup de pragmatisme dans les réformes proposées. Il me semble.
Les désaccords sur la réforme actuelle de l'enseignement supérieur s'intègre en plus dans une remise en question du système scolaire français dans son ensemble qui reproduit beaucoup les inégalités sociales. Des enfants d'ouvriers auront en effet plus de mal à accéder à des études "prestigieuses". D'où le refus d'une sélection qui pourrait éliminer non pas les éléments les plus mauvais mais ceux à qui on n'aurai même pas donné leur chance. Je parle du point de vue de ceux pour qui l'égalité des chances est important. Pour ceux pour qui la mérite est important, la sélection permet de garder les meilleurs éléments, pour qui, on suppose qu'ils sont travailleurs puisqu'ils ont réussi à arriver jusque là. Avec dans l'idée d'entraîner les plus performants et les plus motivés, pour arriver à d'excellents résultats.
Est-ce qu'il y a les mêmes préoccupations dans les pays que tu évoquais ?
Je parle sous couvert d'autres personnes ici qui pourront te répondre avec plus de justesse que moi ^^

Edit : J'ai oublié de parler du manque de moyen dans les facs également. Mais bref !

 

[PetitePaille]

@Aisleen

Personnellement je trouve l’idee de « plateforme » pas mal. Il y a beaucoup d’etudiants qui s’inscrivent d’abord à des cursus sélectifs (prépa, iut, bts, etc). Du coup si ils sont refusés ça leur permet d’etre pris de suite en fac et d’eviter d’aller voir les facs après pour savoir lesquelles ont de la place etc.

Par contre je trouve l’idee des concours pas bête ! J’ai moi même passé des concours après le bac pour des écoles de commerce et je trouvais ça pas mal comme système de sélection. Et quand je les passais il y a plus de 50% de filles donc effectivement je vois pas en quoi les filles auraient peur des concours ou autre.

Sinon je pense qu’on devrait rajouter plein de formation à distance aussi avec un accès seulement sous condition du diplôme et sans place restreinte. Ça permettrait aux gens de faire plusieurs cursus en même temps si ils en ont envie, de découvrir d’autre chose etc.

 

[Aisleen]

@Annaïck
Non ils ont pas du tout les memes preocupations, ici ils encouragent des filieres qui sont completement laissees de cote en France (coiffure, batiment). Du coup c est possible qu un ouvrier du batiment aie des meilleures conditions de vie qu un psychologue! Ce qui en France serait pas tres bien vu je pense.... Les inegalites financieres et sociales sont moins marquee : un caissier au Spar gagne autant qu un medecin au debut de sa carriere ( et je parle pas de l internat-esclavage moderne francais) pour le meme nombre d heure/semaine (a peu pres).

Il y a du coup moins de clivage entre les etudiants, impossible de differencier un fils/fille de cadre d un fils/fille d ouvrier(ere)...Le systeme scolaire est aussi un peu different et devrait en principe reproduire les inegalites (genre le Lycee commence vers 14 ans et les jeunes, enfin les parents decident si ils feront la fac ou pas) mais ca s egalise a la fac. Il y a une difference entre ceux qui veulent et ceux qui veulent pas faire de longues etudes mais pas entre les etudiants eux memes.

Le rapport a l elite est aussi different : si une personne a fait des etudes superieures (a un titre BA, MA ou Phd) c est super mis en avant, par contre ils se posent pas de question sur qui fait quoi comme etudes. Beaucoup d etudiants font plusieurs cursus a la fois pour le fun, (pas jusqu au Master) du coup c est parfois super melange. Je connaissais par exemple une fille qui etudiait la logique mathematique/informatique ET l archeologie parce qu elle pouvait pas decider entre les deux. Tout le monde fait tout, sans distinction. Si c est bien vu d etre medecin, c est pas mal vu d etre boulanger ou coiffeur vu que la societe a besoin de tous les metiers possibles.

@PetitePaille
C est vrai que ca pose un probleme dans ce cas si tout le monde ne peut pas faire d etudes. En Autriche j ai l impression que si les etudiants n ont pas trouves de place a la rentree c est pas tres grave (deja c est assez rare) , dans ma ville il y a que architecture, psycho et medecine qui sont contingentes) : ils retentent au semestre d apres et travaillent entre temps ou font carrement une annee sabbatique....En France c est la CATASTROPHE !
+1 pour la solution cours a distance ! (vive le CNED)
PS: j ecris sur clavier qwertz
.

 

[Azurhibis]

@Aisleen :je plussoie trop ton post
j'ai la chance d'étudier en Allemagne et c'est teeeeeellement plus détendu du slip... bon, certes il y a une sélection par rapport aux notes du bac, mais si tu échoues, il y a toujours la possibilité de réessayer au semestre d'après (la note se "bonifie" avec le temps, il faut attendre en fonction des points qu'il y a à rattraper (le temps d'attente (wartesemester) ça peut être de 1 à 6 semestres ^^=> dans ce cas là autant faire autre chose ^^). Les âges des étudiants sont également très mélangés : dans ma promo je côtoie plusieurs mamans (dont les emplois du temps sont aménagés pour correspondre avec leur vie de famille) ainsi que d'autres personnes qui suivent cette licence "berufsbegleitend" (en exerçant un métier à côté). Y a pleins de gens dans ma promo qui ont 25/30/40 ans... tout en étant en première année comme moi... c'est vraiment admis de chercher sa voie, le fait d'abandonner en cours de route (pour choisir un autre cursus) n'est pas vu en terme d'échec ! ld'ailleurs l'année se découpant en semestre, on peut commencer soit début octobre soit début avril ce qui laisse beaucoup de flexibilité et permet facilement de rebondir quand on a pas trouvé sa voie dès le premier/deuxième/troisième coup
En Allemagne c'est aussi possible de travailler à côté de ses études tout en réussissant à peut près à suivre les cours (je dis pas que c'est pas galère, mais la compatibilité études/petit job se fait plus facilement qu'en France j'ai l'impression...).