Ministry of fear de Fritz Lang. La construction visuelle, notamment l'omniprésence du symbole du générique emblématique de la situation mentale du personnage et plus généralement de la paranoïa, rend le film presque auto-analytique. Le scénario, souvent prévisible et tiré par les cheveux, apporte une dimension de recul, un élément de dérision qui permet une distance entre le spectateur et le personnage tout en poussant à l'auto-interrogation lorsqu'il se laisse prendre au jeu, une forme d'auto-ironie subtile et salvatrice, partie intégrante de la réflexion. Ca, plus des éléments qu'on peut trouver kitsch et surannés aujourd'hui qui replacés dans le contexte de l'époque retrouvent une place qui dépasse la simple propagande (le contenu des micro-films transpose le symbole à de l'industrie cinématographique, une sorte de mise en abîme de la réflexion du film), bref j'ai trouvé que c'était une réflexion intéressante sur la projection, l'enfermement, les faux semblants, l'image, et j'ai adoré l'atmosphère évidemment.
A Serious Man des frères Coen. Là ça a été une excellente surprise, je ne m'attendais pas à aimer autant ce film, à vrai dire j'avais un apriori très mitigé et finalement j'ai vraiment beaucoup aimé. Je l'ai vu hier soir donc il faudra que je prenne un peu de recul. Ce film m'a paru métaphorique sur plusieurs niveaux, les personnages et situations étant exclusivement des archétypes, voire des allégories, une dissection mentale en même temps qu'une reproduction biblique, ça c'était un point fort du film aussi, rappeler qu'un film n'est pas une interprétation, n'a pas une unique signification, que justement ce qui peut le rendre grand c'est la multiplicité des niveaux. Et puis l'humour m'a plu, cette douce ironie martelant le spectacle statique des archétypes indélogeables, avec une attention extrême à certaines phrases clés symbolisant l'ensemble de la situation à elles toutes seules. Le thème du passage de témoin au fils aussi, qui quitte son rôle pour entrer dans la vie d'adulte, reprendre trait pour trait celle de son père, les personnages, les archétypes, sont exactement les mêmes, chacun à sa place l'attendant, immuable, tout est déjà tracé. J'ai été bluffée, sincèrement, visuellement j'ai énormément accroché, j'ai trouvé ça très maîtrisé, une excellent surprise réellement.