Alors j'ai jamais regardé Bloqués mais j'ai suivi la polémique de près, sur Madmoizelle dans les articles et le forum. J'ai voulu tester celui-là puisqu'apparemment il fait "l'unanimité".
Du coup par la même occasion, j'ai appris que j'étais une connasse. Mais je l'ai bien pris. Parce que si j'avais été la féministe qu'ils décrivent, en fait j'aurais été ravie que MON bonheur, MA progression dans la société, ne serait bénéfique et légitime que PARCE QUE ça favoriserait LEUR bonheur. Imaginer que je veuille du mien sans me préoccuper du leur alors qu'on subit le patriarcat depuis toujours et qui fonctionne sensiblement de cette manière, c'est apparemment impensable. Ca n'appelle aucunement à la réflexion, ni à l'empathie qui est pourtant une capacité nécessaire en société. Ils ne soulèvent que les principaux poncifs, entendus déjà maintes fois (et pourtant pas réglés certes), mais absolument pas le sexisme vicieux, celui qu'on a du mal à déceler sans être informé. Parler du slut-shaming en introduisant par exemple "une fois j'ai eu une collègue, elle était habillée comme une pute" avec l'autre pour lui faire réfléchir sur la portée de ses paroles, déjà ça aurait été beaucoup mieux, car je ne doute pas que l'on soit très nombreux.ses à être concerné.es par cet exemple. Que ce soit soit du côté de l'oppresseur que de l'opprimé (dans le sens où les femmes peu éduquées au féminisme le font aussi aussi très facilement).
Je trouve que le dialogue manque énormément de subtilité, on dirait une pub pour la télévision, ou un spot de sensibilisation, qui rend le
féminisme anecdotique. Je ne trouve pas ça normal d'avoir comme visibilité, la vitrine d'un seul épisode, forcément réducteur.
Sinon pour mon premier épisode, j'ai pu juger du ton, j'ai bien aimé. Le côté loser, tout ça mais j'ai pas ri. J'adore les blagues sur tout et n'importe quoi, donc ça me gêne pas de rire du féminisme par exemple, mais là,
en rapportant tout à eux, ils plongent foncièrement dans le premier degré du sexisme alors qu'ils cherchent à le dénoncer. Le décalage du second second degré se réduisant à peau de chagrin, je ne peux pas rire. Je me rends compte que les auteurs n'ont pas compris la problématique du point de vue d'une femme opprimée et/ou ne cherchent pas à le transmettre et qu'ils restent dans la problématique du point de vue d'un homme oppresseur (désireux certes de changer) mais oppresseur quand même.
Sachant que je crois pertinemment qu'il existe des hommes qui ne soient plus oppresseurs car ils ont réussi à déconstruire le sexisme qu'ils avaient intégrés. Pour un épisode qui se veut féministe (puisqu'il traite le sujet en voulant le faire de manière productive), la moindre des choses aurait été de faire intervenir une femme ou au moins de laisser des femmes féministes écrire le dialogue.
Je précise que ça ne me gêne pas que la parole soit prise par un homme pour parler de féminisme, à condition qu'il ait appris à déjouer les pièges, d'autant plus quand tu cherches à le promouvoir et qu'il y a un public.
Et puis je pense au public surtout, les personnages ont beau être des losers, je pense qu'une partie du public s'identifie à eux (je m'identifie plus souvent aux loser/loseuses qu'aux héro.ines dans la vie pour ma part et je pense pas être la seule) et que leur apprendre que le féminisme c'est ça, c'est pas plus profond, c'est pas plus dommageable que ça pour les femmes (parce que ça a l'air assez supportable raconté comme ça hein) et pour les hommes et que si tu as des revendications qui vont au-delà, tu deviens une connasse (on a même pas parlé de l'éventualité d'une femme qui ne serait pas hétérosexuelle, puisqu'il fallait rester dans le cadre où la femme reste un objet de convoitise pour l'homme (cf coup d'un soir)) et ben c'est donner raison aux hommes qui se considèrent déjà féministes et "bien gentils".
Voilà, j'espère avoir été claire même si beaucoup de messages relayaient les mêmes réactions
.