En fait, est-ce que ce ne serait peut-être pas tant qu'il gagnerait du terrain, mais plutôt que le militantisme déjà existant se renforcerait (donc seulement auprès des militants, partisans voire sympathisants) ?bleue_;4692475 a dit :Et finalement, cet argument qu'en privant de parole le FN, il se pose en victime et gagne du terrain.. Je n'y crois qu'à moitié. Ici, il n'a pas tellement droit de cité, et.. il ne gagne aucun terrain pour autant !
Et aujourd'hui que le FN a déjà gagné du terrain, on ne peut plus appliquer le cordon sanitaire belge (ou apparenté) sans justement risquer que le FN se pose en victime et donc renforcer l'appartenance de ses militants et partisans au parti. Quand on sent notre idéologie en danger, on a tendance à se replier dessus. On l'a pas mal observé en France depuis les manifestations contre l'ouverture du mariage aux couples homosexuels : dès qu'un groupe sent son idéologie attaquée par les médias, il y a victimisation, on crie à la dictature, et on cire "Journalistes, collabos" ou je ne sais plus quelle formule consacrée. D'autant plus qu'il y a un vrai décalage entre les médias et les sympathisants d'extrême-droite (en tout cas, c'est ce que ces derniers ressentent). C'est d'ailleurs déjà le fond de commerce du FN : se poser comme celui qui ose dire ce que les médias gauchos et bobos nous cachent, se refusent à nous dire.
Aujourd'hui, je crois qu'en France, on ne peut plus faire marche arrière et faire en sorte que le FN redevienne une sorte de paria et soient absents des médias.
En fait, la principale différence entre la situation belge et française (d'après ce que j'ai compris), c'est que votre parti d'extrême-droite a toujours été éloigné de la sphère médiatique ; en France, le FN a obtenu, notamment depuis que Marine le Pen est à sa tête, le droit de cité et une part non négligeable de Français les suivent. Le FN est tellement bien intégré à l'appareil politique (alors qu'il y a encore 10 ans, c'était un parti marginal, honteux, dit publiquement raciste, etc., aujourd'hui, il est de plus en plus un parti "normal", au vernis républicain, et quatrième force politique) aujourd'hui, je ne crois pas que les médias puissent la jeter dehors sans justement risquer un repli.
Et concernant l'équivalent du cordon sanitaire politique, ce qu'on appelle par chez nous le Front républicain (et qu'évoquait donc @amalbergas-livingston), les dernières élections nous ont bien montré qu'il est aujourd'hui exclu, parce que le jeu politique (politicien) n'est plus le même qu'il y a quelques années. Il y a toujours une volonté de maintenir le FN dans une opposition, mais plus celle de s'allier avec les autres partis pour empêcher l'élection des candidats frontistes. Aujourd'hui, la tactique (essentiellement de la droite, la gauche m'avait paru moins frileuse à l'idée d'un Front républicain) repose, je crois, essentiellement sur la volonté de refaire le coup des présidentielles de 2002 en gros. L'UMP tente essentiellement par là de renforcer son rôle d'opposition en refusant une alliance avec le PS (d'autant plus à un moment où les différences entre le PS et l'UMP s'amenuisent mais parce que le jeu politicien se basant sur majorité vs opposition, il ne leur reste qu'à refuser toute alliance) (enfin, le jeu de l'opposition bête et méchante n'est pas nouveau ni l'apanage de l'UMP, mais j'ai l'impression que c'est assez nouveau qu'on le pousse jusqu'à refuser à l'échelle nationale le Front républicain).
Bref, les Belges doivent bien se foutre de notre gueule vu la gueule de nos climats social et politique de ces derniers temps et j'avoue que je vous rejoins volontiers