Je crois que j'ai eu du mal à te suivre parce que je ne comprends pas comment tu estimes que ces gens là ne sont pas allés voter, mais au final le taux d'abstention / la prépondérance de LREM parlent d'eux même je suppose
. Je comprends ta déception !
Aussi le fait que les électeurs FN et France Insoumise n'était pas franchement présents
Si on prend le référendum d'entreprise, ceux que ça fait le plus chier c'est les syndicats parce qu'on passe au-dessus de leur tête. Demander aux salariés de voter pour leur conditions de travail, je trouve que c'est une bonne idée, le fait d' intégrer tous les salariés non syndiqués qui était écartés des discussions jusqu'alors est une bonne initiative. Maintenant les syndicats ont le devoir de protéger les salariés et de négocier au mieux.
Si on prend un changement de temps de travail, disons le fait de 35h à 40h par semaine payé 40h, ça veut dire une heure de plus par jour ou le fait de travailler le samedi matin, entre les deux il y a une sacrée différence de condition de vie. Les syndicats sont là pour expliquer et voir ce qui est possible de faire : si c'est une entreprise avec beaucoup de femme, vu qu'elles ont souvent la charge des enfants est-ce que les salariées peuvent bénéficier de contrepartie, quel format est le plus adapté, si c'est même envisageable. Si on a une majorité pour le changement il faut que les syndicats essayent de tous leur poids d'avoir des contreparties avantageuses. S'il n'y a pas de majorité, bah il n'y pas de majorité. Je prend l'exemple d'un grand magasin parisien qui a fait un référendum pour l'ouverture le dimanche , il y a eu une majorité contre et bah ils sont fermés le dimanche. Il y a évidemment des répercussions en terme de chiffres d'affaires en comparaison avec les grands magasins ouvert le dimanche. Mais on infantilise énormément les salariés en disant qu'ils n'ont aucun pouvoir fasse leur patrons et qu'il ne peuvent pas prendre des décisions qui les concernent collectivement et comprendre les tenants et les aboutissant d'un sujet. Et puis bon sang, les syndicats à part faire du corporatisme exacerbé ne font pas leur boulot de syndicat en étant proactif et en étant de bon négociateur.
Alors je n'ai pas franchement de truc à dire sur le reste car j'ai un avis en construction et hésitant sur les réformes du travail mais par contre je connais très très bien la question du dialogue social en entreprise et je trouve ce que tu décris assez décalé de la réalité. Après, peut-être que toi aussi tu bosses dedans mais dans ce cas on n'a absolument pas la même expérience du rôle des représentants du personnel et je tenais à le dire...
Déjà, je ne vois pas pourquoi tu dis que les "salariés non syndiqués étaient écartés des discussions jusqu'alors". Les représentants du personnel ne sont pas nécessairement syndiqués, en particulier quand ils siègent au CHSCT qui gèrent les questions de sécurité et de conditions de travail. Mais même quand dans une entreprise tous les membres du CE, les DP et les membres du CHSCT sont syndiqués, ils représentent TOUS les salariés et pas juste les salariés syndiqués. C'est assez fréquent que les seuls salariés syndiqués soient les représentants du personnel, et ce n'est pas nécessairement parce qu'ils sont ultra-politisés mais parce qu'ils veulent bien faire ce job et que les syndicats leur offrent un accompagnement, un soutien militant, de la documentation et des tas de formations.
Donc même si tous les représentants du personnel sont syndiqués, ils représentent l'ensemble des salariés de l'entreprise. Les salariés ont élu ces représentants, donc ils peuvent s'adresser à eux pour toutes questions ou revendications liées à leurs conditions de travail. Ils soient loin d'être écartés des discussions
Après si leurs représentants ont un agenda politique et non un désir de les défendre, bah c'est comme pour les élections législatives, faut élire quelqu'un d'autre la fois suivante ou se présenter soi-même
Et les salariés lambdas peuvent demander à participer aux Commissions s'il y en a dans l'entreprise pour participer aux débats et aux discussions sur un thème précis (égalité professionnelle, oeuvres sociales, handicap etc.) par exemple, pas besoin d'être élu pour ça normalement. Le problème c'est qu'en vrai, la majorité des salariés n'a pas envie de s'investir à ce point dans la vie de l'entreprise, ce qui peut se comprendre vu à quel point ce serait chronophage, c'est pour ça que ce sont toujours les mêmes qui sont élus ou siègent aux Commissions
Le référendum d'entreprise présente donc le risque d'avoir un très très faible taux de participation et d'être encore moins représentatif que les élections professionnelles.
De même, quand tu dis "On infantilise énormément les salariés en disant qu'ils ne peuvent pas prendre des décisions qui les concernent collectivement et comprendre les tenants et les aboutissant d'un sujet", bah oui ils peuvent comprendre mais encore faut-il qu'ils aient le temps et l'envie d'étudier les dossiers.
Les représentants du personnel ont des heures de délégation où ils sont dispensés de travailler pour se consacrer à leurs missions d'élus ou de syndicalistes. Et ces heures existent tout simplement parce que ce rôle prend un tout fou. Il faut généralement plusieurs heures de présentation d'un projet par la Direction pour que les représentants comprennent les tenants et les aboutissants. Ils doivent également étudier les différentes pièces des dossiers, consulter leurs experts et leurs avocats pour avoir un avis extérieur. Et c'est sans compter sur le fait qu'un seul salarié est loin de comprendre tous les métiers de son entreprise. Or, un projet peut impacter différemment différentes personnes. Les représentants du personnel sont généralement issus de service différents, exercent des métiers différents, ils échangent entre eux pour partager leurs points de vue, interrogent les salariés concernés pour mieux comprendre les impacts potentiels et avoir leur avis...
Bref, les salariés peuvent parfaitement comprendre les tenants et les aboutissants d'un projet si on leur donne tous les documents pour ça, du temps pour ça, que les responsables les réunissent pour leur expliquer tout ça et qu'ils ont la possibilité d'interroger d'autres salariés... et c'est justement parce que c'est une tâche monstrueuse que les salariés la confient à un petit nombre d'entre eux qui sont chargés de négocier et de les tenir informés des évolutions : les représentants du personnel.
Le salarié lambda qui n'a aucune heure incluse dans son emploi du temps pour ça, il ne sera certainement pas en mesure d'avoir un avis complet et éclairé sur la question, sauf si son boulot est une planque et qu'il n'a pas grand-chose d'autre à faire que de décortiquer les textes de loi sur le temps de travail ou qu'il est vraiment passionné par sa boite et qu'il passe son temps perso à lire des rapports indigestes rédigés par la DSI ou le service compta.
Et du coup, quand tu dis "Et puis bon sang, les syndicats à part faire du corporatisme exacerbé ne font pas leur boulot de syndicat en étant proactif et en étant de bon négociateur", je sais pas trop sur quoi tu te bases
D'ailleurs de qui tu parles en parlant des "syndicats"? De Laurent Berger le patron de la CFDT ou de Philippe Martinez le patron de la CGT? Ce n'est pas eux qui négocient le travail du dimanche aux Galeries Lafayette du Boulevard Haussmann en l'absence d'un accord de branche
C'est Francis, Amar et Géraldine, délégués syndicaux et en poste en caisse, au département des ventes ou à la maintenance. Oui, il y a des boites où il y a des guéguerres internes de syndicats et peut-être que Francis et Amar s'embrouillent tout le temps pour des questions politiques. Mais dans la majorité des cas, Francis, Amar et Géraldine signeront l'accord d'entreprise. Et si les conditions qu'ils ont négociées ne sont pas très favorables, c'est probablement parce que les leviers dont ils disposent en cas de mauvaise volonté de la Direction sont assez limités et qu'ils veulent justement éviter le "corporatisme exacerbé" en faisant grève ou en trainant la boite en justice tous les quatre matins.
Dans les faits, la CFDT "sur le terrain" et la CFDT qui parle dans Le Monde, c'est pas franchement la même chose. Les représentants du personnel CFDT de Marcel Pichet SARL et le Bureau national CFDT ne négocient ni les mêmes choses ni avec les mêmes interlocuteurs. Donc si tu peux pas blairer Laurent Berger, c'est pas vraiment en changeant la négociation au sein des entreprises que tu le rendras moins corporatiste
Bref, je ne partage pas du tout ta vision des syndicats et à vrai dire je pense que Macron non plus en fait. Car la négo avec les syndicats d'entreprise arrange pas mal les Directions. C'est tout dans leur intérêt de ne pas prendre des décisions seules dans leur tour d'ivoire mais d'échanger avec des gens sur le terrain, d'avoir un médiateur parmi les salariés capable d'expliquer et de justifier un accord d'entreprise, et de légitimer ce genre d'accord en disant "vos élus sont pour".
J'avoue que j'ai d'ailleurs du mal à comprendre ce qui est prévu pour les représentants de l'entreprise, ça change tous les 6 mois