Je suis contente de revenir poster sous un article promouvant les femmes dans la recherche après quelques mois off du forum
Je voulais rebondir sur la disparité de la répartition hommes/femmes qu'il peut exister en fonction de la discipline, et au sein de cette discipline. Il me semble qu'il y a plus de femme dans les domaines des SHS - bio et plus d'hommes dans ce qui est plus maths - physique (pour faire très gros hein, la traditionnelle séparation sciences dures/molles ).
Bon moi je fais de l'océano, et dans mon labo y a pas de biologie, ben y a quand même vachement de femmes et je trouve ça trop cool ! Ok on a un directeur, mais une directrice adjointe et un directeur adjoint, et il y a 4 équipes sur 6 qui ont unE responsable d'équipe. Enfin, quand on regarde de plus près, c'est moins glorieux .
Pour l'avoir entendu, il y a plus de femmes responsables d'équipes parce que.... ben c'est un taff chronophage, ça empiète sur ta recherche et le temps de recherche est déjà bien empiété par les taff d'administration et de recherche de sous , et puis en plus il faut s'occuper des personnes de ton équipe pour vérifier qu'elles aient un environnement de travail qui leur vont et que globalement elles vont bien . Donc c'est relou de faire ça!
Puis j'ai eu l'occasion de tester 2 chefs d'équipes, un mec, puis une meuf. Ben le mec s'en battait les reins, mais vraiment, d'être un "vrai" responsable d'équipe . Il faisait une réu par ci par là, avec une présentation calée à l'arrache , des discussions très rapides sur les sujets qui touchent au labo "ah oui bon pour l'achat d'espace disques, vous pouvez lire le compte rendu du dernier conseil du labo hein" alors que cette équipe est constituée de pleins de modélisateur-ices et que l'espace de calcul c'est un peu important, et qu'il faut avoir en équipe un positionnement sur l'achat (bon exemple pris parmi tant d'autres). Et jamais de compte-rendus de ces réunions ou des réunions des responsables d'équipes .
La meuf elle se fait chier à envoyer des ordres du jours qu'on peut implémenter, consulte les personnes sur ce qu'ielles veulent présenter et leur propose le créneau en avance, fait avancer les discussions sur tout, a proposé une re-définition des contours de l'équipe pour que les disciplines internes s'articulent mieux... bref elle fait son taff de responsable d'équipe, pas comme celui d'avant. Et bon dans mon labos, sur les 2 autres responsables d'équipes masculin, il y en a un qui est tout pourri , et l'autre qui fait les choses .
Ah et puis les trucs convivialité , séminaires, diffusion des dernières publications du labo, c'est que des meufs qui gèrent ça.
Autre chose, entre la fin de la thèse (dans mon labo again, en thèse, 2/3 de meufs, 1/3 de mecs) et l'embauche, les meufs s'évaporent. Bon OK, il y a tellement peu de postes (1 recrutement tous les 3 ans?) que c'est pas forcément représentatif mes 6 ans de présence . Mais on peut regarder les gens en post-doc sur le long terme. Les plus vieux , qui en gros préparent les concours pour avoir des postes fixes, c'est des mecs, qui persévèrent après 5-6 ans à le rater. Ce qui veut dire 5-6 ans après son premier post-doc après sa thèse( donc on parle de personnes de plus de 30 ans hein), à avoir en parallèle à:
- chercher des contrats ou des bourses (pour 1, 2, 3 ans si tu as le cul bordé de nouilles), donc écrire des projets, chercher du soutient, passer des classements, des oraux,...
- déménager et réeménager, souvent de l'étranger loin vers un autre étranger loin, puis en France, puis re en France,...
- gérer sa vie amicale , amoureuse et familiale avec ses contraintes de stress de recherche d'argent, recherche de logement, recherche d'idées scientifiques pour être toujours à la pointe de son domaine
- soigner son syndrome de l'imposteur si on est atteint
- tenter de ne pas faire de dépression
Bon les meufs que je connais qui ont essayé ça, il y en a pas qui cette année repasse le concours. Elles ont tenté 2, 3 fois, puis on choppé un CDI autre part mais pas dans la recherche publique.
Perso je me dit que gérer tout ce parcours avec des enfants en bas âge, c'est la mort par le stress . Puis si tu rajoutes la charge mentale et la charge sociale que beaucoup ont dans leur couple (ne nous leurrons pas) ben ça fait beaucoup trop de charge .
Et pourtant, des modèles femmes de réussite, y en a je vous l'ai dit dans mon labo. Mais elles on été recrutées avant 30 ans (elles en ont 50 et + maintenant), dans une discipline somme toute assez jeune, et elles ont pu avoir une place. Maintenant les conditions ont changé, et je trouve qu'il y aurait beaucoup trop à sacrifier pour décrocher un poste. Triste à dire, mais un mec qui a une copine qui lui fait à manger et nettoie l'appart parce que le mec taffe comme un perdu pour vivre de sa passion, ça arrive plus que dans l'autre sens.
Bon après hein, on peut bien le vivre tout ça, l'étranger c'est cool et on se fait plein de nouveaux potes , on découvre max de choses, quand on a une bourse ou qu'on décroche un projet on est sur un nuage , les confs c'est quand même de chouettes chouettes moments ... Tout n'est pas si sombre! (sauf quand on éteint la lumière)
Allez moi aussi je m'envole, j'aurais pas fini de relire la discussion de mon article commencé il y a deux ans, tant pis, un peu plus un peu moins...
Je voulais rebondir sur la disparité de la répartition hommes/femmes qu'il peut exister en fonction de la discipline, et au sein de cette discipline. Il me semble qu'il y a plus de femme dans les domaines des SHS - bio et plus d'hommes dans ce qui est plus maths - physique (pour faire très gros hein, la traditionnelle séparation sciences dures/molles ).
Bon moi je fais de l'océano, et dans mon labo y a pas de biologie, ben y a quand même vachement de femmes et je trouve ça trop cool ! Ok on a un directeur, mais une directrice adjointe et un directeur adjoint, et il y a 4 équipes sur 6 qui ont unE responsable d'équipe. Enfin, quand on regarde de plus près, c'est moins glorieux .
Pour l'avoir entendu, il y a plus de femmes responsables d'équipes parce que.... ben c'est un taff chronophage, ça empiète sur ta recherche et le temps de recherche est déjà bien empiété par les taff d'administration et de recherche de sous , et puis en plus il faut s'occuper des personnes de ton équipe pour vérifier qu'elles aient un environnement de travail qui leur vont et que globalement elles vont bien . Donc c'est relou de faire ça!
Puis j'ai eu l'occasion de tester 2 chefs d'équipes, un mec, puis une meuf. Ben le mec s'en battait les reins, mais vraiment, d'être un "vrai" responsable d'équipe . Il faisait une réu par ci par là, avec une présentation calée à l'arrache , des discussions très rapides sur les sujets qui touchent au labo "ah oui bon pour l'achat d'espace disques, vous pouvez lire le compte rendu du dernier conseil du labo hein" alors que cette équipe est constituée de pleins de modélisateur-ices et que l'espace de calcul c'est un peu important, et qu'il faut avoir en équipe un positionnement sur l'achat (bon exemple pris parmi tant d'autres). Et jamais de compte-rendus de ces réunions ou des réunions des responsables d'équipes .
La meuf elle se fait chier à envoyer des ordres du jours qu'on peut implémenter, consulte les personnes sur ce qu'ielles veulent présenter et leur propose le créneau en avance, fait avancer les discussions sur tout, a proposé une re-définition des contours de l'équipe pour que les disciplines internes s'articulent mieux... bref elle fait son taff de responsable d'équipe, pas comme celui d'avant. Et bon dans mon labos, sur les 2 autres responsables d'équipes masculin, il y en a un qui est tout pourri , et l'autre qui fait les choses .
Ah et puis les trucs convivialité , séminaires, diffusion des dernières publications du labo, c'est que des meufs qui gèrent ça.
Autre chose, entre la fin de la thèse (dans mon labo again, en thèse, 2/3 de meufs, 1/3 de mecs) et l'embauche, les meufs s'évaporent. Bon OK, il y a tellement peu de postes (1 recrutement tous les 3 ans?) que c'est pas forcément représentatif mes 6 ans de présence . Mais on peut regarder les gens en post-doc sur le long terme. Les plus vieux , qui en gros préparent les concours pour avoir des postes fixes, c'est des mecs, qui persévèrent après 5-6 ans à le rater. Ce qui veut dire 5-6 ans après son premier post-doc après sa thèse( donc on parle de personnes de plus de 30 ans hein), à avoir en parallèle à:
- chercher des contrats ou des bourses (pour 1, 2, 3 ans si tu as le cul bordé de nouilles), donc écrire des projets, chercher du soutient, passer des classements, des oraux,...
- déménager et réeménager, souvent de l'étranger loin vers un autre étranger loin, puis en France, puis re en France,...
- gérer sa vie amicale , amoureuse et familiale avec ses contraintes de stress de recherche d'argent, recherche de logement, recherche d'idées scientifiques pour être toujours à la pointe de son domaine
- soigner son syndrome de l'imposteur si on est atteint
- tenter de ne pas faire de dépression
Bon les meufs que je connais qui ont essayé ça, il y en a pas qui cette année repasse le concours. Elles ont tenté 2, 3 fois, puis on choppé un CDI autre part mais pas dans la recherche publique.
Perso je me dit que gérer tout ce parcours avec des enfants en bas âge, c'est la mort par le stress . Puis si tu rajoutes la charge mentale et la charge sociale que beaucoup ont dans leur couple (ne nous leurrons pas) ben ça fait beaucoup trop de charge .
Et pourtant, des modèles femmes de réussite, y en a je vous l'ai dit dans mon labo. Mais elles on été recrutées avant 30 ans (elles en ont 50 et + maintenant), dans une discipline somme toute assez jeune, et elles ont pu avoir une place. Maintenant les conditions ont changé, et je trouve qu'il y aurait beaucoup trop à sacrifier pour décrocher un poste. Triste à dire, mais un mec qui a une copine qui lui fait à manger et nettoie l'appart parce que le mec taffe comme un perdu pour vivre de sa passion, ça arrive plus que dans l'autre sens.
Bon après hein, on peut bien le vivre tout ça, l'étranger c'est cool et on se fait plein de nouveaux potes , on découvre max de choses, quand on a une bourse ou qu'on décroche un projet on est sur un nuage , les confs c'est quand même de chouettes chouettes moments ... Tout n'est pas si sombre! (sauf quand on éteint la lumière)
Allez moi aussi je m'envole, j'aurais pas fini de relire la discussion de mon article commencé il y a deux ans, tant pis, un peu plus un peu moins...
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