Les TED de la semaine ? La dépression

14 Octobre 2013
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Je n'ai regardé que les deux premières vidéos mais pour l'instant ça me suffit, je suis toute bouleversée, mais avec le sourire aux lèvres.

Je voulais réagir à quelques points abordés dans les deux premières vidéos.

Un des grand problème avec la dépression, c'est que c'est une maladie qui cache très bien son jeu. J'entends par là qu'elle a l'air "simple", mais en réalité, sous la surface, c'est beaucoup plus complexe que ça.
Ca me rappelle pas mal l'autisme : on a regroupé sous une seule dénomination plusieurs choses dont les origines sont parfois très différentes, même si le "résultat" a parfois l'air similaire. La dépression est une maladie qui est souvent multifactorielle, un peu comme une mosaïque.

J'ai personnellement traversé un épisode de dépression pendant mon adolescence, je dirais entre 15 et 21/22 ans à peu près.
J'ai compris, grâce à une thérapie, que dans mon cas, la dépression venait de plusieurs choses.
Je ne voudrais pas faire de mon cas une généralité, mais j'ai besoin de réagir à cet article tellement ça me parle.

Je trouve que la dépression est une maladie complexe, dans le sens où elle cache très bien son jeu. Plusieurs mécanismes complexes en interaction permanente y ont leur rôle, mais le plus important me paraît être celui des émotions.

Ca m'a fait rire (pas de façon ironique hein) quand le journaliste de la 2nde vidéo parle des africains ahuris devant notre traitement de la dépression, à savoir s'enfermer dans une salle obscure pour parler pendant 1h. Le problème avec la dépression, c'est qu'elle porte le masque de la rationalité (de la "vérité", comme dit dans les vidéos), alors qu'elle est du ressort des émotions. A mon sens (et celà n'engage que moi), je ne suis pas sûre que le fait de "parler" avec une personne atteinte de dépression soit la meilleure chose à faire (après, comme le dit le journaliste, tant que la personne se sent mieux, soyons tolérants sur la solution). Après, tout dépend comment on parle à cette personne malade (pour preuve les thérapies cognitivo comportementales). Mais faire appel au rationnel d'une personne en plein tourbillon émotionnel, c'est pour moi une façon de faire qui a ses limites.

Plus tard, je me destine à faire de la thérapie assistée par le cheval, qui est pour moi quelque chose d'absolument formidable. Face à une personne atteinte de dépression, il faut à mon sens faire un court circuit, au sens où il ne faut pas renforcer des schémas qu'elle utilise déjà pour "nourrir" son mal-être profond. Dans le cas de la zoothérapie (dauphin, chien, chat, cheval, etc etc), l'intérêt c'est de casser véritablement le schéma du psy en face du patient. Avec un animal, le patient voit ses repères bousculés, et il est obligé à faire appel à ses 5 sens, qui débranchent véritablement le rationnel, celui-là même qui entretient les idées noires. A savoir que l'hémisphère droit du cerveau s'occupe du ressenti, de la créativité, de l'intuition, alors que l'hémisphère gauche s'occupe du rationnel, de l'organisation, de la planification, du calcul. En stimulant le cerveau droit, on débranche un peu le gauche (c'est par exemple le cas de la méthode Vittoz, utilisée en sophrologie).

De plus, la dépression comporte souvent un processus de dissociation. Je vais le dire avec mes mots, mais la dissociation, c'est se couper de son ressenti, de ses émotions.
Une émotion, c'est une énergie, une information. Une émotion nous donne des informations précieuses : ce qui est bon pour nous (dans ce cas on va ressentir de la joie), ce qui est mauvais pour nous, quelles limites ont été franchies, est-ce que nous courons un danger, etc...
Le problème, c'est que je pense la grande majorité des gens (moi y compris) sont élevés dans la négation des émotions. De façon très explicite, ça va se traduire par des phrases genre "arrête de pleurer", mais de façon beaucoup plus sournoise, ça va être les amis qui fichent le camp quand on sombre dans la dépression, comme dit dans les vidéos.
Pourquoi ?
On a fait des émotions une marque de faiblesse. Tu pleures ? T'es faible. T'es triste ? T'es faible. Tu exploses de joie ? T'es hystéro. Tu sursautes tout le temps ? T'es une poule mouillée.
On a complètement diabolisé les émotions, cette part animale que chacun de nous porte et qui nous est essentielle.
Pendant des décennies on nous a tanné avec le QI, cette intelligence rationnelle, considérée comme le St Graal. Des expériences intéressantes ont été faites : des gens très intelligents développaient une tumeur dans la région du cerveau chargée des émotions. Opération, bim ablation de la tumeur. Sauf qu'au réveil, ces gens-là étaient des catastrophes ambulantes : ils prenaient des décisions merdiques, que ce soit pour définir l'heure d'un rendez-vous ou le choix d'un travail. (Si ça vous intéresse je vous recommande L'intelligence Emotionnelle de Daniel Goleman).

On a tous appris, plus ou moins, à cacher nos émotions, à les réfrener, à les museler, et dans les cas les plus extrêmes à s'en dissocier (votre serviteur par exemple).
Mais ce n'est pas parce qu'on refoule nos ressentis qu'ils disparaissent ! Ils sont là, tout le temps, les émotions c'est un processus vivant, en interaction et en rétro-action permanente avec notre environnement, et nous-mêmes ! Même si on nie notre ressenti, même si on s'obstine à ne pas l'écouter, il continue toujours sa petite affaire.
On se dit "naaan, ça ira, fait pas attention".
Et puis un jour on a mal au dos. Hop doliprane, ça passe.
Un mois plus tard, migraines. On va chez le docteur, il nous prescrit des médocs, on les prends, ça va mieux. Provisoirement.
Et puis un jour, si on a de la chance, quelque chose de plus fort que nous va nous obliger à calmer la course infernale pour s'occuper de soi : cette chose plus forte que nous, c'est la dépression.

La dépression c'est le ralentissement, l'apathie. Ce ralentissement, c'est un signal d'alarme puissant, qu'il ne faut pas négliger, qu'il ne faut pas combattre (comme dit dans la 1ère vidéo) : il faut l'ACCEPTER. Etre dépressif n'est pas une tare, ça ne vous définit pas en tant qu'être humains, ce n'est pas votre personnalité. C'est un état, que vous traversez plus ou moins bien, qui prend plus ou moins de temps, qui prend diverses formes.
Ce ralentissement, je considère que c'est une chance. Parce que si on entend le signal, si on lui dit "OK, je ne chercherais plus à te faire taire, dis moi maintenant ce que tu avais à me dire", on se donne une chance extraordinaire.
La dépression n'est pas une punition divine, ce n'est pas une fatalité génétique (oui il peut y avoir des prédispositions), c'est un signal, une information.

J'ai lu le livre d'un chiropracteur français exerçant aux USA, qui a écrit un livre sur l'orientation professionnelle.
Je vois ça, j'me dis WTF ??
En fait il se rendait compte que la majorité des patients de son cabinet étaient dépressif/malheureux/anxieux, etc. Il a fini par faire le lien entre je suis pas bien ---> j'écoute pas le message ---> je somatise/je déprime.
L'article ne parle pas de la somatisation donc je vais pas m'attarder là-dessus, mais la dépression est une sorte d'équivalent de la somatisation : un message, qui vous dit STOP ! arrête, quelque chose ne va pas ! Ses clients, qui n'avaient pas trouvés leur raison de vivre, se sentaient mal.
Je sais plus où est-ce que j'ai lu ça (dans ce même bouquin peut-être), et ça disait "La dépression c'est le signal d'alarme de l'Âme".

Imaginez-vous un bateau voguant de nuit sur une mer déchaînée, et imaginez-vous que la radio soit appelée dépression. Cette radio vous dit "arrête, change ton cap, tu fonces dans les rochers". Vous continuez, au risque de vous échouer, ou vous changez de cap ?
Oui c'est dur de se remettre en question, oui c'est dur de se poser les questions qui font mal, de changer ses repères.

Le souci avec la dépression, c'est qu'on a conscience d'être dépressif. Il y a donc deux bergers dans la crémerie : un qui va mal, et l'autre, au-dessus, qui a conscience qu'il va mal, et qui se sent mal par rapport à ça ! On a donc le circuit des émotions classiques, et l'autre, qui renchérit, en nous nourrissant de pensées style "t'es qu'une merde, tu fous rien de la journée, t'es constamment fatigué, t'es un faignant, tu feras rien de ta vie, etc etc".
Il y a également un processus d'identification à nos émotions et à nos "humeurs", aussi sombres soit-elles.
Lorsqu'on est triste, on devient moins actif. Du coup, notre mental surrefficient se dit "tu es faignante".
Le premier pas pour désarmocer ça, c'est de s'accepter. Aujourd'hui tu es fatiguée, t'as moins la pêche ? Ok, t'as moins la pêche. Ca veut pas pour autant dire que tu es un feignant, une émotion ne te définit pas en tant qu'être.
Oui, nous sommes des humains, nous avons des émotions. Mais acceptons-nous comme nous sommes, et attelons nous à considérer nos émotions comme une rivière, toujours en mouvement, qui arrive, qui s'en va, et qui ne sera jamais deux fois la même. Les émotions sont un flux constant, changeant. Elles nous permettent de faire les bons choix et de goûter le sel de la vie.
Les émotions ne sont pas là pour définir notre personnalité. Nous sommes bien plus vastes que nos seules émotions, sans vouloir tomber dans des considérations plus spirituelles (qui m'appartiennent).

Pour conclure, j'aimerais juste vous conseiller un bouquin extraordinaire. Dans la 2nde vidéo, le journaliste introduit sa conférence sur le fait que les métaphores sont très parlantes pour parler de la dépression (du coup c'est bien la preuve que la dépression est une maladie des émotions et pas du rationnel, les métaphores étant le langage du "mythe").
Ce livre que j'aimerais vous conseiller a été écrit par une femme issue d'une lignée de conteurs et poètes.
Par l'explication de différents contes (certains très connus comme La petite fille aux allumettes), elle explique le fonctionnement de la psyché humaine, plus particulièrement celle de la femme, et d'un archétype bien particulier, celui de la Femme Sauvage.
Ce livre s'appelle "Femmes qui courent avec les loups", de Clarissa Pinkola Estès. Si au fond de vous vous ressentez un vide, une immense "soif", lisez ce bouquin !

Voilà, je pense que j'ai fais un énoooorme pavé, j'espère ne pas vous avoir trop saoulé XD

Bises les madz !
 
14 Octobre 2013
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Sorry pour le double post, mais impossible d'éditer le premier. A la relecture j'ai vu qu'il manquait quelque chose.

Je voulais parler du fait que notre société met le mouchoir sur le problème grave qu'est la dépression. Les amis prennent leurs distances, les coups de téléphones se font plus rares, bref, les gens ont tendance à prendre leurs jambes à leur cou quand dans leur entourage quelqu'un souffre de dépression.

La raison est pourtant simple : le dépressif nous fait peur. Il est là, avec tout son malheur (il est chiant aussi [joke]), à nous balancer son ressenti noir à la figure.
Pour la majorité des gens, qui sont eux-même dans la négation de leur ressenti (et du sentiment qui se cache derrière [sentiment d'injustice, de honte, de culpabilité, etc etc]) et dans la représentation permanente d'un état jovial, la personne dépressif fait office de miroir.
Il vient titiller là où ça fait mal (le bougre).
On nie nos propres failles, nos propres douleurs, nos propres béquilles. Alors on nie le dépressif, trop menaçant, car devenu l'incarnation de ce qu'on veut à tout prix éviter... En plus, il a le culot de souffrir d'une blessure impossible à plâtrer ! Faut pas déconner non plus...[joke]

Pour ne rien arranger, on vit dans une société négationniste au possible des émotions, du ressenti. Tu as 150 de QI ? Bienvenue chez les puissants fiston ! Tu es triste ? Mais quelle pauvre merde, va lêcher le caniveau pour voir.
Je caricature, mais c'est ça. Tout le monde s'obstine à faire le fort, le puissant. On comble nos failles et nos blessures à grands coups d'achats, de poursuites vaines. Tout n'est que compétitivité, vitesse... Pas de place pour la sensiblerie ! Des gens sont broyés au passage ? Boah, tant que les comptes épargnes sont pleins, tout va bien !

Nan ?
 
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Réactions : Selinde
29 Octobre 2013
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Toulouse
J'ai vécu de prés la dépression, même si étant petite mes souvenirs sont quasi inexistants. Mon père souffrait de dépression chronique, depuis ses 16ans. Il a fait des études, a réalisé des projets, il s'est marié et a eu 3 enfants. Je ne sais pas si il a été suivi par un psy, une question qui ne m'a pas traversée l'esprit, mais il prenait un traitement médicamenteux. Malheureusement ça n'a pas suffit et il a mis fin à ses jours alors qu'il avait 39ans. J'en avais 6.

Ma mère pourrait en parler longuement, l'ayant subi pendant de nombreuses années. Elle m'a déjà racontée qu'elle devait le surveiller sans relâche, la peur constante. Elle m'a avouée l'avoir un jour trouvée en train de placer une corde prêt à passer à l'acte. Un caractère très dur, parfois violent, impulsif et d'autres jours comme mort. Ne pas lui parler, le laisser seul dans son bureau des journées entières.

D'autres histoires ont fait que ma mère elle même est tombée en dépression l'année avant son suicide, et elle a elle même tentée de mettre fin à ses jours. Selon elle c'était un simple appel au secours, grosse dose de somnifère, puis séjour en psychiatrie. Elle va bien aujourd'hui, sa vie n'a pas été bien plus réjouissante par la suite, elle est passée par l'alcool, mes frères ainés ont réussi à la remettre sur le "droit chemin". Sa vie est jonchée d'épreuves et je me demande souvent comment elle réussie à tenir bon malgré tout.

Je me suis souvent posée la question, à savoir si je ne souffrait pas d'un trouble similaire. Mon enfance a été très difficile et j'ai déjà pensée à en finir, mais sans la force nécessaire pour le faire. Un matin, j'avais 19ans, un travail, un copain, mais ma vie ne me satisfaisait pas pour autant et j'avais ce poids perpétuel sur mon coeur; j'ai eue un accident de la route, je me suis endormie au volant et j'ai fait un vol plané par dessus une rambarde. Un arbre m'a stoppé net, du côté passager. Ma voiture était écrabouillée. Et je n'ai rien eue de plus que quelques hématomes et un nez fracturé. Les pompiers m'ont dit: "vous avez eu une chance incroyable, vous auriez du y rester". Ils pensaient me réconforter, mais à la place de sa j'ai passée mon temps à l'hôpital à me demander pourquoi je n'étais pas morte, pourquoi des centaines de gens meurent chaque années sans l'avoir voulu et que moi je m'en foutais, j'aurais voulu y passer.
Suite à ça j'ai passée la période la plus noire de toute ma vie, à errer, totalement vide. Je me suis tournée vers mon docteur qui, j'ai l'impression, ne m'a pas réellement prise au sérieux. Elle m'a prescrit de l'homéopathie. Je savais que si je ne faisait rien cette fois-ci j'étais capable d'en finir. J'ai donc demandée de l'aide et heureusement pour moi la seule personne vers qui je me sentais capable de me tourner m'a tendu la main et m'a sauvée.

J'ai réappris à vivre. Je me suis faite tatouer un cœur sur la poitrine car suite à ça je n'en avais plus. Dans cet accident j'ai perdu mon âme et par conséquent une grosse partie de cette souffrance qui me pesait. Je remercie le ciel de m'avoir offert ce second souffle même si plus le temps passe et plus ce fameux voile gris se remet devant moi. Ma vie n'est pas triste, j'ai un copain depuis plus d'un an qui sait ce que je vis et qui l'accepte même si je ne peux parler de mes idées noires avec lui. Nous avons un appartement, des projets, j'ai ma famille, mais quoi que je puisse avoir je sais que ma vie ne sera jamais un émerveillement quotidien et que cette part sombre qui est restée après mon accident sera toujours là. Elle se réveille parfois, même si je peux dire que ça fait quasiment 1 an jour pour jour qu'elle ne s'est réellement réveillée.

Je garde ça dans un coin de ma tête ne souhaitant pas faire de mal à mon entourage, mais je ne me voile pas la face en me disant que tout va bien, et en sachant qu'un jour ça pourrait revenir et peut être même être bien pire. De toute façon je ne pourrais jamais faire comme si tout allait bien, je ne peux camoufler mes sentiments, ni la noirceur de mon être quand elle s'éveille.

J'ai oubliée de préciser que la seconde musique m'a faite pleurer, et que sa phrase "C'est la musique qui m'a réconfortée et qui a restaurée mon âme" est juste poétique à souhait. Pourvu que je trouve cette chose qui restaurera mon âme.
 
Dernière édition :
8 Juillet 2014
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Est-ce donc a dire que la dépression est inévitable et inguérissable ? Que les proches ne peuvent rien faire ?
Comme toi @Angel_Margo  , je vis près de la dépression. C'est ma mère qui en souffre et ce depuis aussi loin que je m'en souvienne. Mais contrairement à toi, la cotoyer est justement ce qui nourrrit mon optimiste inébranlable (parfois à la limite de la naiveté, je dois l'admettre!) Je sens, au plus profond de moi que savoir ce qu'est la dépression (pour autant que je le sache) me permettra de l'éviter. Pourtant, en meme temps, cela me terrorise.

Beaucoup d'entre vous, ainsi que les vidéos, dénoncent l'indifférence des proches, vis à vis des personnes souffrant de dépression. Mais on ne fait rien parce qu'on se sent impuissant, qu'on se sait pas quoi faire. On ne sait pas ce qu'est la dépression. J'ai appris le nom de ce dont souffrait ma mère parce qu'un jour où elle avait fait fait un énième "appel à l'aide" (grosse prise de médicaments suivie d'un appel au samu et d'un ou deux jours à l'hopital) j'étais seule chez mon pere (mes parents ont divorcés) et elle m'avait appelé pour que je vienne récupérer ses clés, étant donné qu'on habite tout près. J'étais en troisième. Devoir faire cela m'a bouleversé, et mis en colère parce que je lui en voulais de sa propre faiblesse. De retour chez moi j'ai appelé une amie pour pouvoir passer du temps avec elle parce que je ne voulais pas rester seule. Quand je lui ai demandé ce qu'elle avait dit à ses parents, elle m'a répondu qu'elle leur avait dit que ma mère était dépressive et que je ne voulais pas rester seule. C'est là, et seulement là, que j'ai mis un mot sur ce qu'elle avait, que j'ai commencé à comprendre ce que signifiait cette phrase que l'on disait parfois : "maman ne va pas très bien / n'est pas en forme" Depuis, au fil du temps et au hasard de mes lectures (articles principalement et un livre (Le Monde de Charlie), je saisis l'ampleur et surtout la profondeur de sa maladie, à commencer d'ailleurs par ce caractère maladif de la dépression. Une de mes amies au lycée en souffre également, bien que ce soit d'une manière différente à celle de ma mère. Pour elle, je voudrais tellement pouvoir agir... Mais je ne sais pas quoi faire, comment faire, je me sens tellement démunie.
La société a en effet un problème avec la dépression. On devrait en parler bien plus. Mais pas seulement en parler, pas seulement l'expliquer. Bien que ce soit absolument nécessaire, il faut aller plus loin qu'une simple explication. Ces vidéos sont très utiles mais, à mon sens, il leur manque deux choses :
      _ tout d'abord, elles s'adressent aux gens souffrant de dépression, pas à ceux qui en côtoient. Il ne faut pas occulter le fait que la dépression, maladie insidieuse entre toutes, ne fait pas souffrir uniquement ses victimes, elle fait souffrir tous les gens qui aiment ses victimes. Ma mère a demandé le divorce à cause de sa dépression, mes relations avec elles sont désastreuses à cause de cela. C'est pour ça, je crois, que les gens souffrant de dépression sont souvent traités d'égoistes. Parce que leur souffrance, leur mal-être est tel qu'ils oublient parfois (ou en tout cas qu'ils donnent la fausse impression d'oublier) qu'ils font souffrir leur entourage, parce que le premier moyens de rendre heureux les gens qu'on aime est d'être heureux soi-même. De l'extérieur et sans appui ni compréhension, il est difficile de gérer la souffrance des gens qu'on aime, particulièrement lorsqu'elle n'a pas de raison d'être, qu'elle est maladive.
      _ ensuite, ces vidéos n'apportent pas de solution, ni même d'indices de solutions. Depuis que j'ai compris de quoi ma mère souffre et que j'ai vu mon amie en souffrir aussi, je ne cesse de me demander : est-ce qu'elles guériront ? est-ce que je peux les aider ? Je voudrais pouvoir mettre un "comment" à la place de ces "est-ce que" mais la vérité est que je ne sais meme pas si c'est possible. Je l'ai dit plus haut, je suis quelqu'un de fondamentalement optimiste, je ne pourrais pas vivre sans avoir ne serait-ce que l'espoir du bonheur. Mais en l’occurrence, je me demande s'il y a de l'espoir... Quelqu'un a-t-il une réponse à cela ?
 
Dernière édition :
18 Janvier 2011
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Merci @Brifon pour ton commentaire ! Je m'y reconnais tellement dedans...et des choses dont tu parles dont je n'avais conscience que de façon superficielle qui me parle..wahou..

Je n'allais déjà pas bien à cause de mon histoire familiale. Faire une formation qui ne me convenait pas du tout (mais que je voulais poursuivre jusqu'au bout parce-que persuadée que je n'avais pas le choix) m'a fait littéralement sombrer.
On cache bien son jeu au début, on blague, on rigole, on va aux fêtes, etc.

Et puis viennent les gouttes d'eau de trop qui font déborder petit à petit le vase et là le masque s'effrite.
Le truc c'est qu'avec la négation des émotions qu'on nous apprend depuis le plus jeune âge, on a honte de ressentir des émotions négatives (surtout si ça vire au continu). On se cache, on trouve des excuses mais le jour où ce n'est plus possible, la culpabilité arrive ("bordel je vais embêter les autres avec mes problèmes, mes émotions, mon malheur!").

Les autres se posent des questions, savent que quelque chose se trame mais n'investigue pas plus (le fameux "je veux pas être contaminé par un truc que je fuis absolument").

Le cercle vicieux s'enclenche : on n'en parle pas car on culpabilise d'embêter ses proches, on s'enfonce, et les gens ne cherchent pas plus à savoir.

(Je parle de manière générale mais c'est surtout basé sur mon expérience personnelle hein)

Il faut une grande force intérieure pour s'en sortir...

Merci pour l'article !
 
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Réactions : Cléo.
14 Octobre 2013
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Echirolles
Pour ce qui est de la dépression, je connais bien. J'ai commencé à souffrir quand j'avais 6ans et j'ai commencé à m'en sortir quand j'ai eu 12ans (à peu près). Le truc avec la dépression c'est qu'on ne peut jamais dire qu'on est "guéri". Elle flotte toujours dans un coin de la tête.
Quand on est enfant, on a du mal à comprendre ce qui nous arrive. Les adultes en font des caisses avec "l'enfance, la plus belle époque de la vie" mais moi je souffrais de vivre. Et on se sent coupable, car il n'y a pas de raison d'être malheureux. Et ça je m'en suis bouffé des "pense aux autres qui on de bonnes raisons", "fait un effort", "c'est dans la tête"...
Mes parents étaient complétement déroutés. Je n'avait aucun contact avec eux (je ne parlait quasi pas, ne les regardait pas, ne les touchait pas). Un jour ils m'ont emmené chez un psychologue qui leur à dit que j'étais dépressive. Et là ils on commencé à m'aider pour de vrai, par ce qu'il comprenaient ce que j'avais.

M'en sortir à été un combat de tous les instants. Et souvent on a l'impression de se battre contre soi-même. Mais un jour j'ai regardé en arrière tout le chemin que j'avais parcouru et je me suis sentie fière. Aujourd'hui je peux dire que je 'en suis sortie car je me sens heureuse et épanouie dans ma vie.

A tout ceux qui luttent contre la dépression, sachez que vous avez la force en vous.
 
26 Août 2015
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Je voulais témoigner en tant que personne qui n'a jamais connu personnellement la dépression, mais qui l'a vécu de l'extérieur. J'ai eu pendant un temps 2 amies dépressives, l'une voyait déjà tout en noir naturellement et avait beaucoup de soucis de famille, de santé, bref, le tout était réuni pour faire une dépression... Je la voyais 1 fois par semaine, et étant une amie d'enfance, elle pouvait vider son sac et pleurer, j'essayais de l'aider comme je pouvais... C'est tellement rageant de ne rien pouvoir dire d'autre que des phrases creuses , banales, alors qu'on sait que tout vas mal !!!! Mais avec le recul, je crois que du haut de mes 16ans je ne pouvais pas faire beaucoup mieux... (enfin je crois...). Depuis elle est "guérie", ou va en tout cas beaucoup mieux.
Par contre j'ai énormément de regrets par rapport à la 2nde amie évoquée plus haut. Pour elle, point de contexte déprimant, de ce que j'en sais elle n'avais aucun soucis, et aurait du logiquement aller bien, du moins c'est ce que je me disais lorsque j'essayais de comprendre... Mais justement, je ne comprenais pas ! Et au final, je me sentais impuissante, et je l'avoues, j'en avais marre qu'elle gâche un film juste parce qu'elle voulais être assise à côté d'une telle (j'avais 16, j'étais beaucoup moins mature, enfin c'est ce que je me dis...). Donc je l'ai un peu laissé tomber, à ma grande honte... Bon, on mangeait encore ensemble une fois par semaine avec notre bande de copine, mais on ne se connaissais que depuis un an, et j'ai pas cherché à me rapprocher plus... Et à la lecture de cet article et des qq commentaires que j'ai pris le temps de lire, je me dis que j'aurais sûrement pût,même dût faire plus, mais c'est trop tard...
Au moins elle aussi va mieux, et maintenant j'en saurais un peu plus et je ne serais plus aussi égoiste (je l'espère...)
Cet article m'a beaucoup touché, m'a beaucoup fais réfléchir, et m'a donné envie de partager ( même si personne ne lit mon témoignage)
Et si quelqu'un le lit quand même, merci d'avoir pris le temps :d
 

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