Maman, je craque — Lettre ouverte de ta fille lesbienne

[Pinceau_]

Ta lettre est super touchante.
Les parents sont censés vouloir le bonheur de leurs enfants, et ça me fend la coeur que ce genre de détail (oui, c'est un détail, tu n'es pas uniquement définie par ta sexualité !...) puisse apporter une telle ambiance au sein d'une famille.

C'est bien si tu as pu aborder le sujet avec ta mère. Mais après lecture de ta lettre je ne comprends même pas qu'elle puisse encore ne pas être prête à faire un pas vers toi. On y lit tellement de souffrances, souffrances dont elle est majoritairement la cause...

 

[Est'Elle]

Je ne crois pas que tu manques de courage, au contraire. Je ne sais évidemment pas comment j'aurai réagi à cette phrase si violente que t'as dit ta mère: « J’aurais préféré que tu m’annonces un cancer ». Toi, tu lui as laissé cette espèce de bénéfice du doute, ce temps pour qu'elle y réfléchisse, cette porte ouverte pour une éventuelle discussion. Ça, c'est extrêmement courageux, et sans doute beaucoup plus difficile à faire que de péter les plombs et claquer les portes.

Ton témoignage m'a en tout cas beaucoup touchée. Je te souhaite tout le bonheur du monde avec ta copine, et j'espère que tu pourras continuer à être cette fille heureuse d'être ce qu'elle est

 

[champagneshowers]

Ma mère est très psychorigide et conservatrice. Pour en avoir un peu discuté avec elle, je sais très bien que si je tombais un jour amoureuse d'une fille elle réagirait exactement de la même manière que la tienne…il n'y a qu'à voir comment elle parle des lesbiennes, "ces hommasse qui corrompent nos filles pour assouvir leurs pulsions lubriques et dégénérées"….Bon, pas de problème à ce niveau-là actuellement, mon copain est blanc, français, légèrement plus âgé que moi et il "présente bien", si "il se décidait à trouver un vrai travail" elle l'adorerait.
Au-delà de ça, dans tous les domaines j'ai extrêmement souffert de son étroitesse d'esprit et de son rejet de la différence, qui se retournait contre moi, mes choix, mes problèmes….à de multiples étapes de ma vie.
Enfin bref, tout ça pour te dire que je suis de tout coeur avec toi. Ne te laisse surtout pas bouffer par ta mère, et rappelle-toi toujours que c'est elle qui a tort malgré tout ce qu'elle peut dire, c'est le seul moyen de "survivre" (je pense réellement pouvoir aller jusqu'à employer ce terme). J'espère qu'elle évoluera un jour, même si avec ce genre de personnalité c'est clairement pas gagné.
Bon courage.
Plein de bisous. 

 

[Pesellino]

Franchement je ne comprends pas ces parents. Je comprends en fait qu'ils aient rêvé d'autre chose pour leur fille, qu'ils auraient aimé un gendre plutôt qu'une belle-fille, comme mes parents auraient aimé que je fasse un bac S plutôt que L, mais voilà : c'est la vie, nos enfants ne deviennent pas ce dont on a rêvé qu'ils deviennent, on passe outre.

C'est exactement ce que je trouve très dur dans ton témoignage moi aussi.
Il me semblait que lorsque l'on fait des enfants, c'est en conscience du fait que l'on n'achète pas une poupée que l'on pourra faire parler selon sa volonté. Que l'on s'engage à élever un être à part entière, potentiellement différent de soi et de l'image que l'on souhaite projeter. Et que l'on devrait justement souhaiter davantage le bonheur de "cet autre soi" que de correspondre à une certaine image (l'enfer, c'est les autres, n'est-ce pââââs). A bien moindre échelle ma grand-mère est comme ça ; ma mère, éternelle célibataire, a toujours suscité la honte de ma mamie qui a planqué ses "écarts de conduite" auprès de ses ami(e)s parce que "ça n'est pas convenable".

J'imagine que tout cela ne t'aide pas forcément à avancer, ni à pardonner à ta mère ou à rétablir le dialogue, mais le besoin de m'exprimer était trop fort. Puis cela suit des réflexions que je mène en ce moment de mon côté : à quoi doit-on s'attendre lorsque l'on décide de fonder une famille  -outre dire adieu aux grasses mat ?

A toi, courage pour tous les jours, pour affronter tous ces gens hostiles à ce que tu es, et en premier lieu ta famille. Effectivement, tu dois être bien plus courageuse que ne le laisse entendre ta mère. Ne serait-ce que pour exister comme tu es. Et pour avoir écrit cette lettre.
Tu n'as pas parlé de tes rapports avec ton père (ou alors c'est dans un message que je n'ai pas lu parce que moi aussi, parfois, je manque de courage pour des choses bêtes). Ca se passe comment ?

 

[Suikori]

Ta lettre ouverte m'a fait m'inscrire au forum, tellement j'avais envie de t'envoyer plein plein plein de Big up d'amûr!!!

J'ai eu la chance de grandir dans une famille ouverte, avec un oncle qui a fait son coming out quelques mois avant ma naissance. Pour moi, l'homosexualité a toujours été quelque chose de naturel, jusqu'à peut-être 6 ou 7 ans, âge où j'ai appris l'insulte "PD" et la signification que les gens lui donnaient. Très tôt, je me suis retrouvée à hurler sur des copains dans la cour de récré parce qu'ils utilisaient "homo" comme insulte, alors que moi, mon oncle, c’était mon super-héros!

J'ai discuté avec ma mère du coming out de mon oncle (son petit frère donc), de comment elle l'avait pris, comment mes grand-parents avaient réagis quand j'étais ado et bi-curieuse. J'en ai parlé avec mon oncle aussi. Sachant que mon grand-père était militaire, ça lui a demandé un sacré courage de dévoiler la vérité. Mais visiblement, ça s'est bien passé. Quelques paroles malheureuses au début, mais pas de silence, pas d'insultes ou de combat contre son homosexualité.
Ceci dit, ma mère m'a dit qu'ils avaient tous des doutes depuis longtemps, vu que mon cher tonton n'avait jamais amené de fille chez lui

La pilule est passée depuis longtemps, et j'ai grandit dans cette atmosphère tolérante.
Du coup pour moi des réactions comme celles décrites dans ta lettre sont complètement aliens! J’espère que vous parviendrez à établir un dialogue et qu'elle finira par accepter et t'accepter, qu'elle comprendra que le regard des autres sur elle-même ne vaut rien face au bonheur de ses proches!

Bon courage en tout cas, et plein de bonheur à toi!

 

[Ysia]

Pardon mais je ne comprendrai jamais les parents qui rejètent leurs enfants parce qu'ils sont homo. Ca me dépasse. Qu'ils soient un peu secoués, oui pourquoi pas mais pas qu'ils les renient et les insultent.
Car pour moi les relations parents-enfants sont les plus fortes et les plus impérissables qu'il puisse exister.

En tout cas, garde ton courage et surtout ne te laisse pas abattre 

 

[Alixz]

Une amie très proche n'ose pas encore annoncer à sa famille qu'elle préfère les filles, parce qu'elle a peur de ce genre de réaction (à cause de réflexions de type "homophobie ordinaire" que sa mère fait parfois), et je suis immensément triste pour elle. J'en ai parlé avec ma mère, qui m'a dit qu'elle ne comprenait pas que des parents puissent réagir ainsi, que c'était au-delà de son entendement. Que si mon frère ou moi étions gays, elle continuerait simplement à espérer que nous serons heureux dans nos vies. Parfois je lui rapporte certains témoignages que je lis, et ca la choque profondément. Je voudrais pouvoir partager ma maman avec vous, en tout cas je suis quasi sûre que si je lui parlais du forum elle me dirait de vous envoyer plein d'Amour!

 

[Membre supprimé 177349]

J'aimerais lire ce poème de Khalil Gibran à ta mère :

"Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des Enfants.
Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s'attarde avec hier.

Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable."

(extrait du recueil Le Prophète)

Mais je ne sais pas si elle comprendrait...

 

[Alnilam]

La mère qui aurait préféré que sa fille lui annonce qu'elle va peut être mourir!! Pu.... mais j'hallucine là  c'est même plus de l’égoïsme à ce stade!

Pfff et dire qu'elles étaient proche en plus, ça fait froid dans le dos. je souhaite du courage à cette madz  et sa lettre est géniale tout simplement.

 

[naniss]

Je ne suis pas lesbienne mais mon meilleur ami est gay et je l'ai toujours soutenu à 4 milliards de %. Il m'est inconcevable d'envisager qu'on puisse rejeter son enfant, pourtant je sais bien que cela arrive. Et ton témoignage est très beau et courageux.
J'espère sincèrement qu'un jour on regardera les gays et lesbiennes comme n'importe qui d'autre. Comme s'il n'y avait pas de différences, car au fond il n'y en a pas. Chacun est libre d'aimer qui il veut. Je ne comprendrais jamais en quoi cela dérange. Moi je suis fière de mon meilleur ami, fier de voir où il en est car je sais que le chemin est pavé d'embûches et que c'est une lutte de tous les jours.
J'espère (oui j'espère très très très fort) qu'un jour nous serons tous égaux. Au moins sur ce plan là. Ce serait déjà pas mal !

 

[maw maw]

@Lafastod : J'admire ton courage et je te souhaite le meilleur  J'espère que ta famille finira par t'accepter ou dans le cas contraire, que tu arriveras à trouver ton bonheur sans elle.
Comme beaucoup j'ai été très émue par ce témoignage et choquée par les propose de ta mère, ça me dépasse complètement qu'on puisse réagir comme ça (la phrase sur le cancer putain  mon père est mort d'un cancer et j'aurai tellement préféré qu'il soit gay à la place).

Je me dis que j'ai énormément de chance d'avoir une maman (et toute une famille d'ailleurs) qui, même si elle a pu avoir des mots maladroits et besoin d'un peu de temps pour me parler de ma copine aussi naturellement que si c'était un garçon, m'a toujours acceptée et dit que je pouvais aimer qui je voulais du moment que ça me rendais heureuse. Si seulement tous les parents étaient aussi ouverts

 

[Membre supprimé 197557]

Arf quand j'ai dit que j'étais "différente", c'était en mai 1989, à mon papa (mes parents sont divorcés depuis mon enfance, ma mère est un cas et je ne l'ai pas revue depuis avril 1988 ), il m'a dit que ça lui posait pas de problème et sa femme s'est mise à ricaner un peu bêtement, nerveusement je dirais...

Et puis un an plus tard mon grand père paternel est décédé, entre temps je n'avait pas revu mon papa, et c'est les pleurs de ma grande sœur qui m'ont alerté sur "quelque chose ne va pas" et là elle m'a dit la nouvelle. Aussitôt j'appelle mon papa au téléphone, et il me répond qu'il ne veut pas que je vienne à l'enterrement. Point.

Ensuite, j'ai pu le revoir le jour du mariage de ma grande sœur en avril 2006, il n'était pas au courant que je serais là...

Ça c'est très bien passé, et depuis j'ai eu l'occasion de le revoir 4 fois (dans notre famille c'est beaucoup), mais bon c'est moi qui n'y vais pas j'ai pas les moyens d'y aller (il habite à 800 km de chez moi ).

Alors je n'ai pas eu de rejet franc et direct comme toi, mais depuis mes 17 ans (j'en ai 46), je me démerde toute seule même si la vie n'est pas toujours facile.
Et malgré tout ça, je ne lui en veut plus, comme quoi tout arrive.