Etant moi-même bisexuelle et en couple avec une fille, je ne comprends que trop bien ce qu'a pu vivre Lastafold... J'ai mis des années à accepter ma sexualité tout simplement parce que j'avais peur du rejet de ma famille, parce que j'avais l'impression que je serais rejetée, alors même que je défendais les droits des LGBTQ. Je me suis rendue compte qu'il était plus simple de défendre les droits de cette communauté que d'en faire partie, car c'était prendre le risque d'être marginalisée, ce que j'étais déjà au collège et au lycée. Pour résumer, il est plus simple d'en parler que de le vivre. Alors j'ai essayé de me convaincre que j'étais hétéro, mais au fond de moi, une petite voix me murmurait que ce n'était pas tout à fait vrai. Je me mentais à moi-même, mais ça ne m'handicapait pas trop dans le sens où personne ne s'intéressait à moi. Puis j'ai rencontré, sur un chat consacré à Harry Potter, celle qui est devenue ma petite amie. Nous en avons parlé et je me suis rendue compte que je n'étais pas anormale, que c'était juste ma sexualité et que la renier, c'était renier une partie essentielle de moi. Je m'étais comportée comme une lâche alors même que je déteste la lâcheté. J'ai appris peu à peu à m'accepter, puis je suis tombée amoureuse pour la première fois de ma vie... et j'ai osé lui avouer mes sentiments, même si ça risquait de briser notre amitié déjà très forte au bout de quelques mois.
Contrairement à d'autres, ma famille n'a pas mal réagi. C'est mon père qui m'a demandé : "Tu es plus intéressée par les filles non ?" et je lui ai expliqué que j'aimais autant les filles que les garçons. Quand je me suis mise en couple avec ma petite-amie, il l'a deviné tout seul. J'en avais déjà parlé à ma grand-mère qui sans mon accord -j'avoue, cela ne m'a pas plu- l'a révélé à d'autres membres de la famille... Le plus compliqué a été ma mère, qui tenait des propos plus que limites sur l'homosexualité, ce qui a occasionné de nombreuses disputes entre nous. Mais finalement, elle a accepté de rencontrer ma copine, l'a appréciée et m'a dit : "Tant que tu es heureuse, c'est le principal." et c'est comme ça que tous ceux qui savent ont réagi. Pour eux, je ne suis pas anormale, ni même malade. Je reste la même, j'ai simplement une copine.
J'aimerais que la mère de Lastafold comprenne ça, car souhaiter que sa fille ait une maladie mortelle plutôt que d'être homosexuelle, c'est très grave. Comment peut-on être parent et dire ça à son enfant ? Peut-être qu'elle pense avoir mal agi en tant que mère, ce qui aurait provoqué une "déviance" de la part de sa fille ? Dans ce témoignage, on décèle un manque clair de dialogue, qui permettrait à l'une et à l'autre de se comprendre. Je ne cautionne pas les paroles et les actes de la mère, mais la fille doit aussi aller vers elle, tenter de comprendre sa mère, qui n'a sûrement pas été élevée dans un milieu tolérant envers l'homosexualité. Ce qu'il faut comprendre, c'est que les éducations sont toutes différentes et que nos parents ou grands-parents n'appartiennent pas à la même génération que nous. Même si elle adopte un comportement hostile, Lastafold, tu resteras toujours sa fille. Il faut quand même comprendre que l'acceptation de l'homosexualité dans nos sociétés et mieux, du mariage gay bouleverse des schémas traditionnels dans lesquels bon nombre d'entre nous ont évolué. Il faut aussi laisser le temps aux mentalités de s'y faire et ne pas se montrer agressif envers les manifestants de la manif pour tous, car ils le sont déjà assez et se comportent ainsi car ils n'ont pas d'arguments valables à proposer aux pros mariage - ce qui explique aussi la présence d'enfants pour attendrir la plèbe...