Manger frais et local, ça devient plus facile grâce à ce nouveau logo !

[Membre supprimé 350151]

Le must j'imagine, c'est local, de saison, bio, paysan.

Perso je suis d'accord avec ça. En fait, comme disait quelqu'un mais je n'ai pas relevé son nom, ce label c'est quand même jouer énormément sur la responsabilité individuelle... Les gens peuvent "choisir" du "local", ou autrement dit des produits français ou pas français, en faisant passer pour du "local ou pas local, qui va polluer le plus, etc", alors que c'est pas du tout ça. Pour moi c'est de la poudre aux yeux, un peu comme l'étiquette "bio" qui n'est à mon sens pas toujours le "saint graal" vendu....

Ce qui aurait vraiment été mieux mais aurait demandé un peu plus de travail, d'investissements et de mise en place qu'un bête label, ce serait vraiment de privilégier et aider les fermes / jardins locaux. Par exemple justement, en mettant en avant leurs produits dans les supermarchés / commerces du coin ? N'importe qui voulant essayer d'être le plus écolo possible (ou de s'acheter une conscience écolo) ne serait pas plus tenté de prendre des fruits et légumes qui sont estampillés de sa région plutôt que d'un pays plus lointain ? Je ne sais pas si c'est le cas partout mais dans la petite exploitation agricole donc je parlais plus haut, c'est vraiment du bio aussi... Ce n'est pas des champs énormes, industriels, c'est plus petit que ça et franchement le goût est incomparable. Donc on aurait du bio, du bon, du local et ça donne un coup de pouce aux gens qui bossent dans ce genre de petites exploitations. Parce que si c'est dans un supermarché, même les gens qui ne peuvent pas trop se déplacer, n'y pensent pas trop ou ont la flemme, peuvent très facilement les acheter.

Mais bien évidemment, c'est tout de suite un peu plus de boulot qu'un label "local" qui désignerait "produit français" en réalité. Je comprends ( ) que ça puisse faire peur à un ministre...

 

[MissMachine]

@lalaya : attention, dans mon post je parlais vraiment uniquement d'empreinte environnementale et pas du tout de l'aspect éthique le but de mon post c'était surtout de nuancer l'idée selon laquelle le local est forcément plus écologique, pas de dire que les produits importés de loin étaient forcément "mieux". Parce que comme tu dis, il y a tout l'aspect éthique à prendre en considération également, et ça vient encore complexifier les choses.

Ça me perturbe parce que je me demande dans quelle mesure il est possible d'exporter un produit qui requiert toutes ces conditions sans que cela porte préjudice à la population locale, dans le cas où un produit à l'export va rapporter davantage que de le vendre à la population locale, que le succès de ces produits peut à terme entrainer une disparition de ces systèmes "respectueux" pour un système plus productiviste, que pour que des produits de cette qualité nous soient accessibles, les agriculteurs ne sont sans doute pas payés à la hauteur de la qualité de leur produits.

Je trouve les questions que tu poses tout à fait pertinentes, à vrai dire je me les pose beaucoup aussi. À vrai dire, en ce moment je me pose la question de savoir si au final, les prises de consciences écologiques et anti-capitalistes de ces dernières années n'ont pas un peu "diabolisé" les échanges commerciaux entre pays, alors que ces derniers ont en réalité existé de tout temps, t je me demande si finalement ils ne pourraient pas aussi exister dans un autre système plus écologique et plus éthique. Parce que si aujourd'hui tout est si pété, c'est d'une part parce que l'industrialisation est passé par là et que désormais les voyages en bateaux faits par nos produits de consommation ont une empreinte carbone, et d'autre part parce que nos système actuel est largement hérité de l'époque coloniale et qu'il persiste donc aujourd'hui des logiques de domination entre les pays. Ajoutez évidemment à ça le capitalisme dans sa forme néo-libérale, et vous obtenez un système bien toxique.

Je me souviens d'avoir vu une vidéo sur la production du café, qui expliquait qu'au cours du 20ème siècle, le café était vraiment redevenu une affaire de petits producteurs familiaux, ce qui leur avait permis de regagner en indépendance, et donc de pratiquer les prix et les conditions de travail qui leur convenaient. Sauf que la libéralisation des années 80 est passée par là et toutes les protections dont ils bénéficiaient ont sauté et ils doivent maintenant passer par des multinationales pour vendre leurs produits, et ce sont désormais elles fixent les prix. Ce qui leur pose de gros problèmes, notamment sur la question de savoir comment financer l'adaptation de leurs récoltes face au réchauffement climatique. (si ça vous intéresse je peux vous la retrouver, mais je vous préviens, c'est déprimant)

Donc j'en étais un peu arrivée à la conclusion que d'un point de vue éthique, le mieux est toujours d'acheter au producteur directement, que ce soit pour des produits français ou bien issus de l'étranger. Donc, par exemple, éviter d'acheter ses fruits et légumes au supermarché (plus facile à dire qu'à faire, je sais bien)

 

[PoussiM]

Très bientôt je serai maraichère et actuellement je travaille chez plusieurs maraichers, producteurs locaux. Je connais le milieu de l'agriculture maraichère.

J'ai aussi travaillé (pas longtemps !) dans une serre à tomates en Bretagne et ben c'était horrible : 9h/jour sous 36°C dans une chaleur très humide. C'était très dur pour le corps. Mais aussi pour le mental : pauses pipi/boisson interdites en dehors des pauses règlementaires, cadences infernales à tenir dans les récoltes. C'était des tomates produites hors-sol (comme la très grande majorité des tomates de grande surface) dans des serres chauffées toute l'année, alimentées par des engrais dans un goutte à goutte à chaque pied. Malgré cela, la marque mise sur l'image ''tomates sans pesticides'' et c'est vrai, il n'y a pas de pesticides et en même temps sous serre contrôlée comme ça, il n'y en a pas besoin... De plus, le patron se vantait d'accueillir des ouvriers de 16 nationalités différentes. J'ai compris après que ces personnes n'avaient pas vraiment le choix...

Alors voilà, des tomates de Bretagne (Saveol pour ne pas les citer), produites hors-sol, dans des serres chauffées toute l'année et des conditions de travail désastreuses pour les ouvriers. C'est français sans pesticides mais ni bon pour l'environnement, ni bon pour les ouvriers et vraiment pas bon au goût !

 

[BravoCharlie]

@PoussiM Ton témoignage est très fort, je trouve, pour éclairer les dessous "concrets" des dérives de l'industrie agroalimentaire et de ce que le local seul ne permet pas forcément de "bien" manger (selon ce qu'on met dans "bien"). Merci d'en avoir parlé ici, ça ajoute quelque chose de réaliste à la discussion sur les labels.
D'ailleurs, du coup, existe-t-il un label sur les fruits et légumes qui garantit des conditions de travail justes?

 

[PoussiM]

@BravoCharlie je ne connais pas de labels sur les conditions de travail justes
Je pense qu'acheter chez un producteur ou un paysan (comprendre ici qui pratique une agriculture paysanne) reste le meilleur choix à faire quand on le peut. En plus, même si les maraichers essaie de pratiquer des ''prix justes'' ce n'est pas réellement le cas car la plupart des maraichers chez qui je suis allée ou avec qui j'ai parlé (une 20aine) se rémunère entre 500 et 800€/mois pour 50 à 70h de travail par semaine...