J'ai finalement attaqué le livre pendant les vacances, et j'en suis à la moitié du tome 3. J'ai passé environ tout les tomes 1 et 2 à me plaindre des personnages et des relations malsaines entre eux.
Je trouve que ça se lit facilement, et pour le coup, je n'ai pas eu de problème à entrer dans l'histoire (probablement parce que je m'en fous un peu de pas toujours me souvenir exactement qui est qui aussi), donc j'ai persévéré jusque là, mais pfiouuuu, c'est looong. Je trouve qu'il y a beaucoup de répétitions dans ce qui se passe: Elena fait un truc, Lila le fait mieux pour montrer qu'elle est bien, Elena s'y met à fond pour montrer qu'elle est bien aussi, etc. Elena se trouve douée, puis se rend compte qu'elle copie Lila, mais en moins bien, elle déprime et se sent imposteuse, puis quelqu'un lui fait un compliment alors elle se sent mieux, etc.
Au final, c'est seulement arrivée au tome 3 et avec le recul que je commence à vraiment voir l'intérêt de l'histoire, qui pour moi ne se trouve pas du tout dans l'amitié des filles (quelle horrible relation), mais dans la description presque sociologique du quartier avec sa violence, de la relation entre le quartier et ses habitants avec le reste du monde, des problématiques de distance avec la culture scolaire, d'ascension sociale, etc. Sur tous ces aspects, je trouve le bouquin très bien écrit, et ça me fait énormément réfléchir à des cours que je suis justement en train de réviser où on aborde justement certaines de ces problématiques, notamment le lien entre niveau social et réussite scolaire qui s'explique par la proximité de certaines familles de la culture scolaire, alors que d'autres en sont très éloignées. Pour moi (qui a priori ai toujours été proche de cette culture), ces histoires de distance étaient très théoriques, je ne me représentais pas ça du tout, et ce livre offre une très bonne illustration de ces concepts, ça fait beaucoup réfléchir je trouve.. Et ça m'a fait reconsidérer certains aspects que je trouvais extrêmement caricaturaux, comme la violence verbale et physique, les non-dits, l'agressivité sous-jacente de tous les personnages, que je trouvais exagérés, en me disant qu'il y a probablement là dedans un réalisme qui m'avait échappé tout simplement parce que je viens en quelque sorte de l'autre côté du tunnel.
Tout ça pour dire que je vais très probablement finir la tétralogie, et que je trouve que le bouquin en vaut la peine ne serait-ce que pour cette plongée dans un bout de l'Italie de la deuxième moitié du XXème que je n'aurais jamais connu autrement !