C'est vraiment la triple peine. Tu vis le sexisme en tant que femme, celui de ta communauté et celui de la société en général, le racisme en tant que noire mais en plus au nom de l'anti-racisme et de la représentation tu te dois de donner une bonne image de ta religion/communauté... La libération de la parole, c'est pas pour tout le monde visiblement.
C'est aussi mon ressenti général vis-à-vis de la situation. Ca me rappelle la volée de bois vert qu'avait reçue Erika Sanchez avec son livre
I am not your perfect Mexican daughter : la protagoniste du livre est la fille d'immigrés mexicains aux Etats-Unis, et pas mal de personnes avaient reproché à l'auteure de véhiculer des stéréotypes sur les Mexicains dans son histoire, alors que ben... Erika s'était énormément inspiré de son propre vécu pour écrire son histoire
Est-ce que c'est de la faute des minorités si leur vécu correspond parfois à des stéréotypes qui leur sont attribués ? Est-ce qu'elles doivent s'auto-censurer pour ne surtout pas perpétuer des clichés, aussi tenaces soient-ils ? Vu le mal qu'elles ont déjà à faire entendre leur voix, je trouve ça un peu fort de café de leur dire qu'en prime, il ne faut pas qu'elles disent ceci ou cela... Et effectivement, ce genre de problèmes ne se poserait pas si on ne leur confisquait pas constamment la parole sur des sujets qui les concernent (autant dans le monde de l'art que dans la vraie vie), et si les minorités n'étaient pas cantonnées constamment dans des rôles-cliché par des réalisateurs peu scrupuleux.
Après c'est un sujet assez complexe, car comme le dit
@Patate dorée , ce n'est pas parce qu'une personne fait partie d'une minorité (par son genre, sa couleur de peau, etc) qu'on doit s'abstenir de lui adresser la moindre critique. C'est un être humain, qui n'est pas à l'abri de faire une erreur et de véhiculer un message foireux à travers son oeuvre, intentionnellement ou non. Si des personnes n'aiment pas le film pour une raison x ou y après l'avoir vu, leurs critiques peuvent être tout à fait légitime, peu importe l'identité du réalisateur ou de la réalisatrice. A mon sens, une critique honnête qui porte sur l'oeuvre sans attaquer la personne qui l'a produite sera toujours la bienvenue.
Là où le bât blesse, c'est qu'il y a un vrai double standard entre les oeuvres faites par et avec des minorités... Et les autres. Cette vidéo résume plutôt bien mon point de vue sur la chose (des sous-titres en français sont disponibles, si besoin) :
Pour revenir à
Mignonnes, je suis écoeurée de la manière dont Netflix a géré la promo du film. Pléthore de gens appellent à boycotter le film sans savoir de quoi il parle, ça crie à la pédophilie alors qu'a priori, le but de la réalisatrice est justement de critiquer l'hypersexualisation des filles préados, sans parler de la haine envers la réalisatrice... Honnêtement, y'a de quoi décourager d'autres femmes racisées de raconter leur vécu. Précisément ce dont on n'a pas besoin