Cher 2013,
On peut dire que tu m’en aura fait baver, mon petit. J’imagine que c’est pas ta faute, que des fois, tout arrive d'un coup, et que c'est comme ça.
Tu m’a poussé hors de mes retranchement, mais d’une force.
Je garde peu de souvenir de tes premiers mois. Il y a un gros brouillard dans ma tête, de la neige et de la cendre. Cette nuit d’hôpital, en réanimation. Cette image photographié : les couleurs très claires : le bleu, le blond, le blanc, la chair. Et le noir, le noir du charbon sur ces lèvres.
Mais il nous reste l’espoir. C’est ce que tu m’a appris 2013 : quand tu a perdu, il te reste juste le vide, et l’espoir. Et des fois, le vide ressemble à la liberté. Si le bonheur, selon Delerm, c’est d’avoir quelqu’un à perdre, peut être que la liberté, inversement, c’est de n’avoir plus rien à perdre.
J’ai vu, j’ai vécu, j’ai été dans des lieux que je n’aurai voulu jamais connaître, et d'autres que j'ai tellement aimé.
Tu m’a fait vivre dans des lieux différents. Trois appartements, deux villes. J’ai adoré Paris, merci pour ça. Montmartre blanc de lumière, boire du milk-shake sur les marches, les grands boulevards et l’impression d’être une lorette du 19eme, égaré de deux siècles. Saint Germain des Prés et son parfum de Jazz, ses ruelles. Le jardins des plantes et les arènes si paisible, l’Opéra éblouissant de beauté, le quartier latin bouillonnant de vie.
Tu m’a fait rencontrer plein de gens. Tout sortes, toutes catégories, pas de jaloux. Des amis, des pro, des gens géniaux, des enfoirés, des amants. Beaucoup d'amour, malgré tout.
Les amis de Rémi, un sacré belle bande, courageuse, vive. Puis, le stage, les collègues, et les acteurs. Du bon et du moins bon. De belles amitiés éphémères, de la solidarité, voir d’autre façon de vivre, aussi. Les amis de Mathilde, les amis de master, les flirts, les entretiens de mémoire.
Tu m’a fait danser à perdre la tête sur les quais de seine et dans les nuits fauves. Tu m’a fait rire à perdre haleine, de nombreuse fois. En somme, cette année, je n’ai pas dérogé à ma réputation de joyeuse émerveillée, ni d’angoissée existentielle.
Tu m'a fait vivre un stage de dingue, tellement intense, et dur nerveusement. Mais tu m'a révélé à moi tout ce que j'étais capable d'accomplir, et que j'avais beaucoup d'avenir.
Tu m’a fais vivre une agression sexuelle et une rupture. Les deux ont été des trous noirs, des moments tellement dur que je trouve pas de mots pour en parler. Et ça a tout remis en cause. Ce que j’étais, ce que je choisissais, la façon dont je vivais, mon rapport aux autres, mes espoirs, mes besoins, mes manques, mes faiblesses et mes forces. Il a fallu tout reconstruire. Et 2014, il faudra continuer à avancer dans cet énorme chantier.
Mais tu m’a aussi fait prendre conscience de mes propres capacités. Tu m’a donné confiance en moi, et tu m’a rendu lucide. Tu m’a mis tellement bas que j’en étais physiquement malade. Et tu m’a rendu coriace. Parce que ça a été ça, 2013, c’était rester fort, ou rester sur place.
En somme, tu m'a vraiment fait souffrir, mais tu m'a aussi fait comprendre que j'avais un avenir infini devant moi, tellement de rêves, de force que j'aimerai dévorer le monde entier, même si il y aura encore des soirs noirs.
2014, tu sera sans doute moins douloureux que 2013. J’espère, par contre, que tu m'apportera autant d'aventures, et que tu m'aidera à continuer de m'épanouir petit à petit.