S’agissant des blagues douteuses, des posters peu appropriés évoqués dans l’article et dans les commentaires, pour moi, ce n’est pas forcément un manque de respect pour la personne ou un manque d’humanité, mais c’est aussi une façon plutôt humaine de dédramatiser –entre collègues et pas à l’égard de la victime – tous les récits très graves qu’on peut entendre quand on exerce ce type de profession et qui affectent forcément, même en quand on en a « l’habitude ». Plus qu’un manque d’humanité, c’est à mon avis aussi une façon de dissimuler sa vulnérabilité, ou du moins d’évacuer ses émotions, sous le prétexte de l’humour… Ça n’empêche pas que ça devrait strictement rester dans la sphère de l’entre-collègues et que les victimes ne devraient en aucun cas y être exposées, bien évidemment.
Je voulais juste réagir sur ce point là : je pense que le fait d'utiliser ce genre de moyens de dédramatiser la situation, de relâcher un peu la pression pour ces policiers, est justement un
immense manque de respect et d'empathie. Comme tu le dis à la fin de ton message, ça devrait rester dans la sphère entre-collègues, dans cet espace loin du public c'est clair que chacun fait ce qu'il veut pour gérer les tensions de son boulot... Mais le simple fait ne ne pas envisager que ce genre d'affiches puisse être une gêne voire une souffrance pour les victimes qu'ils accueillent, c'est la preuve que non seulement ils n'ont aucune considération pour la possible souffrance des gens qu'ils reçoivent (bon manque d'humanité donc), mais en plus qu'ils ne comprennent tout simplement pas une part importante de leur boulot, à savoir accompagner et aider à rendre justice. Ils ne sont pas là juste pour une tâche administrative qui consiste à enregistrer une déclaration, ils sont le premier maillon dans le combat que peut mener une victime d'agression, et c'est pour ça que non, dans ce contexte, ils ne peuvent pas prendre ce genre de choses à la légère.
Je pense qu'un oncologue qui aurait dans son bureau un poster "le cancer c'est trop drôle", même sous couvert de second degré ou de recul, ça ne passerait pas, non seulement à cause du contexte (une douleur/peur encore à vif et difficile à gérer), mais aussi à cause de son rôle : un accompagnateur dans la démarche de guérison. Pas un copain, un psy qui te pousse dans tes retranchements ou un avocat.
Donc je pense que quand on a besoin d'avoir recours à ce genre de moyens pour dissimuler sa vulnérabilité face aux situations rencontrées... eh bien on ne fait pas ce boulot. Il me semble qu'être capable de faire la part des choses entre ses propres angoisses et celles de ceux qui arrivent pour témoigner d'un traumatisme est plus qu'essentiel, et si on ne se sent pas capable de porter tout ça sans égratigner les victimes au passage, eh bah on se remet en question et on fait autre chose.
(Et je sais qu'on ne vit pas au pays des bisounours et que ya plein de gens qui font pas un métier qui leur correspond, mais j'ai l'impression que s'il y a bien un domaine où on devrait vérifier que c'est bien le cas, c'est dans tout ce qui touche au social. Heureusement que, comme de nombreuses madz l'ont souligné avant moi, tous les policiers ne sont pas comme ça et qu'un certain nombre comprend parfaitement la gravité de ces situations et adopte la bonne attitude... )
Bref, j'apporte moi aussi ton mon soutien à l'auteure du témoignage et aux autres qui ont pu vivre ça...
C'est aussi grâce à vous et à vos coups de gueule que ces aberrations là ont une chance d'évoluer, alors merci à vous!