Purée mais le témoignage en général est vraiment choquant mais le coup des affiches m'a fait vraiment halluciner! La brigade des moeurs qui fout dans une pièce où elle reçoit les victimes une affiche de maison close, une série où l'exploitation sexuelle des femmes est rendue totalement glamour et sexy
On dirait une caricature tellement c'est un manque de respect...
Tu aurais pas dû te fermer pour le flic mais lui dire calmement et clairement que tu lui avais expliqué déjà que tu avais des réactions contradictoires depuis l'événement, et que cela ne voulait rien dire, qu'il avait mal interprété, parce que ta réaction a dû le conforter dans le fait que c'était peut être une amourette qui avait mal tourné, que vous vous étiez juste disputé et que tu voulais le faire payer.
Après il y a des éléments dans le témoignage qui m'ont étonné, notamment le flic qui appelle quelqu'un pour rendre sa culotte, ça n'existe pas ça. on ne récupère jamais les sous vêtements que l'on a laissé pour les prélèvements...
D'abord je t'apporte mon amitié pour ce que tu as vécu. Par contre, fais attention dans la manière dont tu t'adresses aux autres victimes. Dire à quelqu'un qui a été pas mal écrasée par le système "tu n'aurais pas dû réagir comme ça, tu n'as pas fait ce qu'il fallait" c'est vraiment pas une manière de l'aider. C'est trop tard maintenant, ça ne sert à rien de lui expliquer ce qu'il fallait répondre au flic qui l'agressait verbalement, qu'est-ce que ça va lui apporter à part se dire "mince, c'est vrai, je suis trop bête..."? Je pense qu'elle n'a vraiment pas besoin de ça.
Et je ne sais pas trop ce que tu essayes de dire par "il y a des éléments de ce témoignage qui m'étonnent, ça, ça n'existe pas". Si tu te relis, tu verras que ça sonne un peu déplacé en réponse à un témoignage de fille qui explique qu'on ne l'a pas crue... On dirait que tu essayes de dire que tu ne crois pas à certains des trucs qu'elle a raconté
Donc voilà, juste pour dire qu'il faut faire attention à la sensibilité des gens. Peut-être que tu as trouvé la démarche du psy que tu as vue utile mais tout le monde ne vit pas les choses de la même manière et cette MadZ explique qu'elle a trouvé ce genre de comportement insoutenable donc essaye de faire attention à son point de vue.
Sinon sur le coup de "ça l'a conforté dans le fait que c'était peut-être une amourette qui a mal tourné" sous-entendu, sa réaction est justifiée. Non, un flic n'est pas un Dieu tout-puissant. Il ne décide pas de ce qui est vrai ou faux en fonction de ses impressions de l'instant. Il prend note de ce que lui dit la victime, il enquête, émet des hypothèses et c'est
le procureur qui va décider de poursuivre en justice ou non. Si l'histoire lui parait bidon, c'est en enquêtant qu'il confirmera ou non ses soupçons, pas comme ça parce qu'il a lu un SMS de manière informelle. Donc même s'il a le sentiment que c'est "une amourette qui a mal tourné", ce n'est pas sa place d'aller engueuler une plaignante pour ça. Il peut lui poser des questions pour vérifier mais pas décider que c'est ça après un texto.
Sinon les filles, je vois que certaines d'entre vous prennent très à coeur la défense des attitudes limite des flics ou insistent sur le [HASHTAG]#notallflics[/HASHTAG]. Bien sûr, ils ne sont pas tous comme ça hein. D'ailleurs, la MadZ explique qu'elle a eu des très bons contacts au début de sa démarche donc je pense que cet article n'est pas injuste sur ce point-là.
Cependant, il est évident qu'il y en a beaucoup plus qu'il ne devrait qui agissent de manière déplacée et insensible voire
illégale. Insister sur le fait qu'ils ne sont pas tous comme ça pour encourager une victime à aller porter plainte comme l'a fait
@dots, je suis d'accord (même si je ne valide pas tout le message mais je comprends la démarche). Par contre, souligner ça pour qu'on "les comprenne" ou excuser leur comportement,
non.
Je pense que beaucoup de flics sont sincèrement persuadés d'avoir l'attitude qu'il faut et d'agir pour le mieux même quand ils font peur aux plaignants. Je ne pense pas qu'ils le fassent de manière perverse, par flemme de bosser ou par jeu de pouvoir volontaire. Mais avoir l'impression qu'on fait quelque chose de bien parce que des méthodes de travail inadaptées continuent à être validées dans son environnement de travail n'est pas normal. C'est justement en disant "rooh mais il croyait bien faire, ne lui reprochons pas!" qu'on va conserver des habitudes néfastes.
Je pense aussi que les policiers se permettent des choses parce qu'ils ont une position d'autorité. Ils n'en abusent pas forcément volontairement mais comme certains médecins ou professeurs, leur fonction leur donne une position d'autorité particulière qui fait que beaucoup des "usagers" qu'ils auront en face n'oseront pas leur tenir tête et seront spontanément placés dans une attitude impressionnée, même s'ils ne sont pas violents ou menaçants.
C'est d'ailleurs pour ça que le code pénal prend en compte l'autorité conférée par une fonction pour décider d'une peine, parce que certains métiers ont une "emprise" spéciale. Cela signifie que les gens porteurs de ces fonctions ont une responsabilité de neutralité et retenue encore plus grande que des fonctions "ordinaires".
Alors bien sûr, les flics doivent faire face à des gens violents ce qui fait qu'ils doivent parfois agir de manière énergique pour se protéger. Mais dans une situation où quelqu'un vient en larme porter plainte pour viol, il n'y a pas l'excuse de "je devais être ferme pour ma propre sécurité". C'est humain d'être tenté de se laisser aller quand on se sent en position de supériorité face à quelqu'un qui nous agace ou de juger tout le monde quand on a le pouvoir de décider de choses importantes pour eux. Mais c'est tout aussi humain de contrôler ces tentations, et des tas de gens qui font face dans d'autres contextes, par exemple à des clients infects et capricieux, arrivent très bien à le faire, à répondre aux récriminations avec le sourire. Donc rester neutre face à une plaignante n'est franchement pas hors de portée. Il faut juste être très clair sur la seule attitude acceptable.
Sinon, je voulais aussi mettre en lien un article que j'ai lu hier et que j'ai trouvé très intéressant sur le témoignage des victimes. C'est une ancienne avocate spécialisée dans des cas où les plaignants sont victimes de situations traumatisantes, j'en traduis certains extraits.
"
J'ai appris qu'il est extrêmement difficile pour des personnes traumatisées de raconter une histoire avec exactitude, même si c'est ce qu'elles essayent de faire. Il y a plusieurs raisons pour ça. Pour les cas sévères, le stress post-traumatique peut causer des pertes de mémoire ou rendre les vrais détails d'une histoire trop douloureux à raconter. (...) Même pour les cas les moins sévères, les histoires des gens contiennent souvent des erreurs ou des oublis. Les dates peuvent être fausses. Parfois, les gens nommaient le mauvais groupe responsable de leur persécution. Des clients se concentraient sur certains faits et n'en mentionnaient pas d'autres. Tout cela aurait pu facilement être une raison pour douter de leur histoire toute entière, mais lorsque je vérifiais les faits fondamentaux en croisant les preuves - registres médicaux, articles de presse, parfois les témoignages des agresseurs eux-mêmes - ils se révèlaient vrais.
J'ai fini par réaliser que le problème n'était pas que les gens inventaient des histoires mais que les détails qui me paraissaient importants n'étaient pas ceux qui comptaient pour eux. (...)
Avant d'avoir eu cette expérience avec les victimes de traumatisme, j'aurais rejeté la possibilité que quiconque puisse faire ce genre d'erreurs (elle parle de se tromper sur l'identité de l'agresseur ou la date). Mais maintenant, je peux facilement y croire."
http://www.vox.com/2014/12/5/7341973/trauma-rape-allegation-uva
Cette histoire est révélatrice pour moi que non, un policier n'a pas à être "dur" car une victime est dans un état d'esprit particulier et que la vérité ne peut être découverte que si on reste à l'écoute et neutre. On ne peut pas évaluer le comportement et le discours d'une victime avec les mêmes critères que dans la vie de tous les jours.