@Naede J'ai lu les messages postés plus hauts et ça m'intéresse que d'autres posts continuent à développer ce qui a été dit. ça fait plus de 5 ans que je n'ai pas mis les pieds dans un collège ou dans un lycée et je n'ai pas de profs du secondaire dans mon entourage, du coup j'ai du mal à imaginer comment ça se passe et je ne connais pas les problèmes auxquels peuvent être confrontés les enseignants et les élèves actuellement. Quand j'entends NVB parler, j'ai l'impression que tout ce qu'elle fait est génial et qu'elle est une ministre de l'éducation parfaite (je n'y crois qu'à moitié cela dit), mais comme je lis ici que les personnes qui bossent dans l'éducation contestent sa politique je cherchais des précisions parce que je connais très peu le sujet.
Pour ce qui est des stats sur l'échec des bacs pro en fac, en fait je ne vois pas trop l'intérêt que des conseillers d'orientation te les brandissent pour réduire toutes tes envies à néant. Les bacheliers pro qui ont envie de poursuivre dans des filières différentes à l'université sont rares, en partie parce que pas mal d'entre eux sont satisfaits et intéressés par leur domaine pro ; mais pour les autres et pour ceux qui ne savent pas quoi faire et qui sont nombreux, pourquoi leur dire d'emblée : "si tu fais ça tu vas au "casse pipe" comme 97% des autres, cherche autre chose". A la limite la personne se cassera la pipe et elle s'en remettra, pourquoi chercher à la dissuader d'office ? Si les enseignants et les conseillers d'orientation ne montrent aucune confiance en les projets de certains élèves et ne sont pas encourageants, je ne vois pas comment ces élèves pourraient atteindre leurs objectifs, ou ne serais-ce qu'essayer de le faire. Je ne pense pas qu'on devrait ajuster nos conseils en fonction des statistiques dans cette situation (sinon on ne fera rien d'autre que les reproduire éternellement), je trouve que par principe on ne devrait pas décourager les gens alors qu'ils n'ont même pas encore essayé. Peut-être que tu ne l'as pas vécu, mais quand on te dit que tu ne peux pas réussir quelque chose parce que tu as un bac pro / une "sous" formation, ben ça te ruine ta confiance en toi, ça détruit ta motivation et ça te renvoie une imagine hyper négative de tes propres capacités, en plus de dévaluer les filières professionnelles en répandant l'idée que toutes les personnes qui y sont seraient incapables de faire autre chose.
Je trouve qu'à partir du moment où la personne a la possibilité matérielle de tenter un truc (et les bacheliers pro ont la possibilité de s'inscrire à la fac), c'est vraiment nul de lui dire par avance que ce n'est pas fait pour elle, surtout quand le conseiller d'orientation en question ne connait la personne que depuis 5 minutes ; et quand bien même il la connaîtrait depuis plus longtemps que ça, ce n'est pas comme ça que je conçois son rôle. Si j'avais écouté les conseillers d'orientation et les statistiques je serais entrain de faire un travail que je déteste en étant persuadée que je n'ai pas la capacité d'essayer autre chose. Et il y a plein de personnes qui sont dans cette situation.
Tu dis qu'on écoute tout le monde sauf les profs quand on parle d'école, et je ne trouve pas ça normal du tout, mais je pense aussi que certains profs devraient se remettre en question et interroger leurs certitudes. Il y a aussi des enseignants qui ont une vision hyper problématique de ce que devrait être l'école, qui sont à fond dans une sorte d'idéologie méritocratique qui détruit plein de personnes.
Pendant une grande partie de ma scolarité avant le bac j'ai eu énormément d'expériences négatives avec des enseignants qui étaient hyper dénigrants à partir du moment où tu ne te montrais pas motivée, que tu n'avais pas d'assez bons résultats, que tu ne travaillais pas ou que tu t'absentais. Les élèves qui avaient les meilleurs résultats étaient presque systématiquement et très visiblement préférés et encouragés, alors que les autres étaient laissés de côté parfois avec des regards et des attitudes à leur égard presque (ou totalement) méprisantes. Et ces attitudes méprisantes s'expriment aussi au moment de parler d'orientation.
Je comprends que le manque d'investissement financier de l'Etat (que je suppose) fait que les enseignants n'ont parfois pas le temps et les moyens de s'intéresser aux élèves et c'est un problème important, mais il y a aussi des enseignants qui ont seulement 2 ou 3 classes, qui ont de bonnes conditions de travail (j'imagine que c'est de plus en plus rare cela dit) mais qui ont une vision de l'école et de leur rôle hyper problématique à mon sens.