On a demandé à un champion comment se (re)mettre à l’équitation

[Mijou]

J'en reviens encore à ça, mais on voit bien dans les commentaires que l'aspect psychologique est primordial dans l'équitation, dans les raisons de commencer, d'arrêter, de reprendre, de changer de club...
Ca ne fait que renforcer ma conviction qu'un article centré quasiment exclusivement sur la condition sportive passe à côté de pleins de choses....

L'équitation est un sport, oui, mais c'est en réalité bien plus que ça, puisqu'il y a un autre être vivant dans l'équation, et un très fort aspect émotionnel dans le lien avec le partenaire de sport qu'est le cheval.
Un être vivant extrêmement sensible, sociable, éponge et réactif, qui apporte énormément d'enseignements. Il y a d'ailleurs énormément de bénéfices à tirer de ce que cet animal à part dans l'histoire de l'humanité, à part dans le regard de l'humain, nous apporte : équithérapie (personnes en situation de handicap, qu'il soit moteur ou psy, personnes en difficultés émotionnelles, relationnelles : détenus, jeunes en difficultés, vétérans de guerre, victimes d'autres traumatismes, etc...) ; séminaire sur la gestion des relations humaines professionnelles basées sur l'approche éthologique, notamment dans le management, etc... ; éveil psychomoteur des enfants, etc....

Pourquoi pas un article, ou des témoignages, sur l'aspect émotionnel de l'équitation ? Ce que cotoyer les chevaux nous apprend sur nous-même (cheval, mon miroir !) et sur la relation à l'Autre ?

 

[Mijou]

@VeuxTu Merci
Ah ! ton anecdote me rappelle mon premier coup de foudre équin, quand j'étais pré-ado : un cheval très sur l'oeil, puissant et avec du sang en plus, qui était très délicat à monter quand il ne s'entendait pas avec son/sa cavalier.e. On matchait top tous les deux, du haut de mon petit Galop 4 quand certain.e.s Galop 7 ne s'en sortaient pas. C'est là où j'ai eu le déclic et vraiment compris que, avant même la technique pure, avec beaucoup de chevaux, le feeling et l'adéquation des tempéraments est essentiel. Surtout si on souhaite en faire des partenaires et non des esclaves...
Et j'ai confirmé cela tout le long de ma vie de cavalière amateur et dans ma vie pro : des chevaux qui devenaient incontrôlables avec des cavalier.e.s la "fesse électrique", comme on dit, des prétendus lion.ne.s qui se révélaient tout à fait coopératif.ve.s avec des cavalier.e.s zen à l'équitation discrète.

On en avait un comme ça dans mon premier poste en tant que monitrice, un grand SF de sport, tout en muscles, très joueur et avec un sacré caractère.
Mon collègue, meilleur technicien que moi, mais qui montait en mode "je fais chauffer le cheval pour montrer à quel point je suis bon cavalier en le maitrisant" arrivait plus ou moins à le "plier", mais le pauvre cheval était en défense et tout en colère contenue, oreilles dans le poil et grincement de dents... donc "travail" improductif.
Une stagiaire, qui tournait pas mal en CSO, n'arrivait pas du tout à le travailler et il lui collait des coups de cul/saut de mouton tout le temps car sa façon de monter ne lui allait pas...
La stagiaire de quatrième toute douce et posée et moi, BP Tourisme Equestre , on s'en sortait nickel, jamais un coup de cul, jamais une défense, car on le montait en douceur, et du coup, avec un niveau technique moindre, le travail (car il travaillait quand même avec nous, le garçon ! ) était finalement bien plus efficace car effectué dans la décontraction et la coopération, plutôt qu'en défense et contractures... Y'a pas de secret...

Spoiler: Racontage de life avec mon poney

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L'équitation se danse à deux, et comme les chevaux, eux, n'ont pas demandé à être là, c'est à nous de montrer digne leur confiance, quand on a le privilège immense qu'ils nous l'accordent.

"Quand on enlève le licol, il reste une seule chose : la vérité" dit Andy Booth...
Effectivement, comme tu le soulignes, le lien créé d'abord à pied est hyper important... ET gage de sécurité !
Le mien, avant de monter réellement dessus, j'ai passé des mois et des mois à faire de petites séances quotidiennes : beaucoup de grattouilles et de pansages, sorties en main pour brouter, séances étho...
Je voulais qu'on devienne potes AVANT de m'imposer sur son dos. Qu'il voit le fait de partir en balade monté comme un moyen de plus de faire un truc sympa avec moi. Comme il adore ça et qu'il est hyper franc, clairement c'est objectif gagné !
L'autre jour, il s'est même agacé parce que je mettais trop de temps à monter sur son dos (on retravaille un peu le montoir en ce moment, car dans son envie de partir en vadrouille, il a tendance à ne pas attendre que moi aussi je sois prête pour démarrer), il me donnait des coups de tête en mode "allez Ginette, fais pas tant de chichis, je sais que tu vas me monter dessus et qu'on va aller se balader, donc hop, saute là-haut !"

Quand on se donne la peine de les écouter en laissant de côté notre égo, ils nous disent tout !
[EDIT : A nous de les respecter pour ce qu'ils sont : des chevaux. Avec des besoins spécifiques, une sensibilité extraordinaire, un sens de l'observation aiguë.... mais aussi une capacité d'adaptation immense, un coeur énorme qui pardonne beaucoup et donne sans relâche !]

Finalement, non, l'équitation n'est pas un sport. C'est tellement plus que cela !

 

[Monanged]

@VeuxTu je réagis juste à la partie où tu déplores l'absence de travail au sol dans les manèges. Je suis tout à fait d'accord, mais si jamais ça peut te rassurer les gens sont prêts à payer pour des cours sans monter. En monte western le travail au sol est tout aussi important que le travail monté (d'ailleurs en compétitions le travail au sol est tout aussi important que le monté ! On considère que celui qui ne sait pas s'occuper de son cheval au sol, ne doit pas le monter). Dans nos cours il y a une partie au sol, une partie écurie, une partie matériel, une partie ethologie et connaissance théorique en plus de la partie montée. Et ils ne peuvent pas choisir uniquement de monter, tout est lié et met bien l'accent sur l'importance de la connaissance de l'animal et du respect de ses besoins avant de le considérer en tant que monture. En tous cas c'était ainsi dans les deux dernières écuries westerns où j'ai été et que ma mère a animé. Encore mtn elle propose des stages où il y a parfois des jours uniquement dédiés au travail au sol et aux soins / la théorie et parents ou adultes sont ravis ! Ils se sentent plus responsabilisés et se sentent plus "homme/femme de cheval".
Le truc c'est qu'il faut pouvoir justifier cet attrait, le vendre. Même les plus réfractaires et ceux qui veulent le plus juste monter monter monter finissent convaincus si on sait comment le présenter. Et si jamais ces gens refusent de s'investir ainsi aussi, eh bien ils ne sont juste pas prêts à faire partie de notre clientèle et on préfère ne pas les avoir sur le dos de nos chevaux
(Je parle du cas des débutants mais pas que, il y a toujours des connaissances à affiner et des compétences à améliorer ou corriger. Même au sol !)
Je dois par contre admettre qu'hormis dans le cadre des passages de brevets je n'ai jamais encore vu cette approche en monte classique (j'ai monté 10ans en classique, 3ans en western). Et encore c'était vraiment la base de la base, et rien d'un point de vue travail au sol (si ce n'est la longe) et encore rien d'un point de vue comportemental.
Maintenant les choses ont peut-être changé depuis

 

[Monanged]

@VeuxTu
Si jamais cela te tente je te conseille vraiment d'essayer ! Il y a des abus qu'importe la discipline ou le style de monte, donc il faut rester vigilant.e quant à l'écurie qui te propose des cours mais si tu tombes sur une bonne écurie qui propose des vrais cours westerns (et pas juste la monte classique avec équipement western) ça pourrait vraiment te plaire !
Et même en reining de compet le mental a une très forte influence. Quand on regarde un show de reining on pense qu'on démontre seulement la capacité physique du cheval mais en fait non, c'est également une démonstration de sa capacité à monter dans les tours en un claquement de doigt, sans se précipiter, et à redescendre immédiatement dans le calme et l'écoute du cavalier. Cette capacité on / off est primordiale et il faut que le cheval soit bien dans sa tête pour y parvenir. De même, si le cheval fouille de la queue, ouvre et ferme la bouche, couche les oreilles et donc montre un signe d'inconfort ou qu'il ne s'exécute que de manière réticente, le cavalier perd des points. Le but est de montrer que le cheval s'exécute avec facilité, presque avec plaisir, dans la relaxation et avec une écoute absolue de son cavalier. Donc en vrai il ne s'agit pas simplement de démontrer la vitesse et la force, ou les figures, mais aussi comment elles sont exécutées et sans le mental c'est impossible.

(Maintenant encore une fois, comme dans tout haut niveau il y a des abus et de pratiques que je condamne mais en tous cas c'est le but initial)

Je suis d'accord c'est super intimidant au début et ça blesse un peu le moral de se retrouver si débutant après autant d'années. Maintenant c'est une équitation très bienveillante, personne ne te jugera et au contraire, en monte western on est toujours ravi quand quelqu'un se montre curieux et désireux d'apprendre cette autre discipline. Et honnêtement on apprend très vite car le principe coule assez de source et rejoint la tendance naturelle du cheval, donc même le cheval comprend également plus vite et assez aisément. Mon cheval a été monté en classique 7ans avant que je ne le mette en western et il a été métamorphosé en 3-4 mois