(coucou il est tard
@Dame Andine cogite et je n'ai pas encore d'idée de réponse à ta question, je passais pour autre chose, mais je vais réfléchir)
C'est la première fois qu'un article d'everyday feminism me met autant mal à l'aise. Il a été partagé par une de mes anciennes amies (qui se définit comme agenre).
http://everydayfeminism.com/2014/10...l&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer
La première chose qui m'a mis mal à l'aise, c'est cette idée que selon les psychologues, l'identité genrée se forme à 2 ou 3 ans. Cette idée ayant servi à invalider ou auto-invalider l'identité de plus d'une personne trans adulte, je trouve qu'elle est quand même à prendre avec des pincettes.
La deuxième, c'est l'idée qu'une puberté "de l'autre genre" fait forcément énormément de mal à l'enfant transgenre. Je trouve qu'encore une fois, on efface complètement la possibilité qu'on puisse se sentir fille dans un corps dit masculin, que "les filles ont toutes sortes de corps" et inversement.
Je veux dire je suis tout à fait favorable au bien être de ces enfants, et l'article est également tout entier dirigé vers leur bien-être. Cependant j'ai l'impression qu'il oublie que le problème principal pour les personnes trans, ce qui peut leur faire le plus de mal, c'est l'idée qu'au départ, masculin et féminin correspondent à un certain type de corps. Que la dysphorie est inévitable et naturelle, alors qu'elle est aussi grandement aidée par une éducation toute entière, par l'image, la parole, les jeux et plus encore. Je trouve ça un peu fort de café d'écrire qu'on a prouvé qu'il n'y a "pas de preuve que l'environnement post-natal aie une influence sur l'identification genrée ou l'orientation sexuelle" quand on voit à quel point le site montre par ailleurs à quel point l'éducation genrée peut façonner la perception du monde par les futurs adultes que sont les enfants.
Quant aux causes biologiques (mentionnées au point 2) elles me mettent grandement mal à l'aise aussi (même si ma mauvaise compréhension des termes de biologie peut me mener à une méprise). En effet, l'idée que le cerveau se différencie en fonction de la présence des androgènes ou non est sans doute vraie (vu que le cerveau contrôle des parties de notre corps de manière inconsciente, en poussant à avoir ses règles ou à avoir une érection et certes la mécanique peut changer à ce niveau-là je suppose) mais dire que ça a un rapport avec l'identification de l'autre genre ? J'ai l'impression que ça ne colle pas du tout avec ce qui est dit juste après (qui est faux aussi selon moi) à savoir qu'on est ce que pense notre cerveau, parce que si c'est le cas, il suffisait juste de le dire, non ?
Le point 5 m'a également mis mal à l'aise. Déjà parce qu'il mélange deux choses (le parallèle entre transidentité et transpécisme, et le souhait de protéger son enfant du suicide). Ensuite parce que la deuxième chose n'est pas du tout traitée de la manière qu'il faudrait : les parents qui subissent le jugement d'autrui n'ont pas à être les héros de l'histoire. Le sujet principal, c'est les enfants, et donc oui, même si le parent agit par peur pour son enfant, on a le droit de juger son comportement. Je le sais très bien car mes propres parents agissent par peur pour mon bien-être, et devinez quoi ? Ils agissent n'importe comment. La peur ne mène pas forcément à de bonnes décisions, y compris si cette décision est de pousser son enfant à une thérapie hormonale.
En fait l'ensemble de cet article me dérange, surtout sur un site que je considérais jusqu'à présent comme safe et informé. J'ai l'impression de voir renié dans son ensemble la possibilité qu'on puisse ne pas "toujours avoir su - oui, même au plus profond de soi". Certes au nom d'une cause juste qui est de défendre les enfants trans qui ont sans doute beaucoup plus besoin qu'on se batte pour eux qu'un "adulte" comme moi (qui est encore un petit garçon parfois dans sa tête mais qui a la force morale et l'assise psychologique et pratique d'un adulte) mais ça ne valait vraiment pas le coup de tourner la chose autrement, d'une manière qui fasse qu'un lectorat trans adulte ne se sente pas renié en trop de points ? Je veux dire j'ai de la chance, mes premières attractions vers le côté masculin (très queer, mais plus masculin que ce qu'on me proposait) de la force se sont faites relativement jeunes donc ce n'est qu'un demi-sentiment d'être renié, mais je reste mal à l'aise, de manière globale (par rapport aux idées que j'ai sur le sujet) et personnelle (de par ma propre expérience).