Coucou les Madz !
Vu que pas mal de questions concernent le nombre d’ovules avec/sans pilule et le fonctionnement général du cycle hormonal chez la femme, je me permets de vous rédiger une version courte, (très) résumé et (très) épurée de mon cours (j’enseigne ça à la fac). Je vous déconseille donc de lire le pavé suivant si vous connaissez tout ça ou si ça ne vous intéresse pas. Le "cours" est écrit droit, mes commentaires et réponses vis-à-vis des autres post sont en
italiques.
Tout d’abord, la
production des ovules : Tout se passe dans les ovaires. La femme crée tout son stock de "pré-ovule" (appelé ovocyte I) quand elle est un fœtus. Ces cellules associées à d’autres (cellules folliculaires qui les entourent) forment des follicules primordiaux. A la naissance, on en a environ 2 millions. Beaucoup dégénèrent au cours des premières années de vie et il en reste environ 500 000 au moment de la puberté. Ils constituent le stock de follicules qui sera utilisé jusqu’à la ménopause, période qui correspond à l’épuisement de cette réserve.
Pour résumé, à partir de la puberté, le premier jour de chaque cycle, certains de ces follicules vont se développer et un seul de ces follicules va mûrir en un gamète fécondable (ovule). Les mécanismes qui conduisent à la dégénérescence d’un grand nombre de follicules à chaque cycle restent énigmatiques. Sur les 300 000 follicules primordiaux présents au moment de la puberté, à peine
500 arriveront à maturation.
Ensuite,
sur le plan hormonal : C’est la partie lourde, je mets les noms des hormones juste pour info. Au passage, le cycle est interrompu pendant la grossesse et la lactation (nourrissage au sein du bébé).
Première phase : Une glande du cerveau (l’hypothalamus) sécrète une hormone (GNRH) qui stimule une autre glande du cerveau (l’hypophyse) qui sécrète une autre hormone (FSH).
La FSH passe dans le sang et va stimuler les ovaires ; ce qui entraîne la maturation d’un follicule en ovule (en très schématisé) et ce qui entraîne aussi la sécrétion d’œstrogène en faible concentration. C’est l’œstrogène qui stimule la croissance de l’endomètre utérin.
Donc pour toutes celles qui ne voudraient plus qu’il pousse : ben c’est pas simple, on ne va pas empêcher votre corps de produire de l’œstrogène, sinon vous risquez d’avoir super mal lors de vos rapports sexuels. Pour toutes celles qui se demandent pourquoi on les embête avec une contraception quand elles ont des problèmes de règles : c’est régit par les mêmes hormones, si vous touchez un des phénomènes, vous touchez l’autres… Ce n’est pas un mauvais coup des médecins, c’est juste impossible (hormonalement parlant) de dissocier reproduction et accouplement (oui je sais, c’est chiant !). On commence par donner la pilule par qu’on a du recule, qu’on peut l’arrêter à tout moment et que ça a peu de conséquences après. C’est la solution la plus facile. Mais pas nécessairement la plus adaptée si elle vous fait des effets secondaires…pénibles (libido en berne, pilosité, acné, poids… à chacun son effet indésirable). Avec un peu de chance, vous n’en aurez pas. Le plus souvent tout se passe bien si vous avez une pilule micro-dosée. L’avantage est le contrôle total de l’arrivée des règles. Mais au moindre effet secondaire, je vous conseille de changer, ça ne vaut pas le coup.
Revenons à notre production d’œstrogène : il est produit en faible quantité mais de manière constante donc il y en a de plus en plus dans le corps jusqu’à ce que…
Ovulation : Lorsque la concentration d’œstrogène atteint un certain seuil, l’œstrogène va avoir un rôle stimulateur des deux glandes du cerveau qui sont à l’origine de tout ça. Du coup tout s’emballe et l’hypophyse libère une très grande quantité de LH (une autre de ses hormones). La LH provoque l’expulsion de l’ovule (de l’ovocyte I en vrai mais là il s’agit de comprendre le principe du mécanisme) hors de l’ovaire. Pour info, à chaque ovulation, un seul ovaire éjecte un ovule ; les deux ovaires alternent d’un cycle à l’autre (un coup c’est le gauche, un coup c’est le droit).
Et ensuite : notre taux d’œstrogène, lui, continue d’augmenter (et notre endomètre aussi pas la même occasion) et BIM, l’œstrogène dépasse encore un autre seuil qui a un autre effet, beaucoup moins drôle : il inhibe toute la chaîne (dès le cerveau). La production d’œstrogène est alors brutalement diminuée et l’endomètre dégénère : ce sont les menstruations.
Les menstruations correspondent au détachement de l’endomètre (un genre de muqueuse, un peu comme la peau à l’intérieure de votre bouche) qui contient plein de capillaires sanguins (vaisseaux tout petits). Donc on perte de la muqueuse et du sang. Et comme il contient aussi une enzyme qui fait office d’anticoagulant, ça saigne en continu au lieu de cicatriser (mais c’est juste des capillaires, c’est pas un très gros débit de sang, pas de quoi faire un malaise). Et ça c’est juste s’il n’y a pas fécondation de l’ovule par un spermatozoïde.
Sous contraception hormonale (pilule, implant, etc.) : apport tout les jours d’hormone de synthèse (œstrogènes et/ou progestagènes) qui vont mettre les ovaires au repos. Ça va inhiber le fameux pic de LH (à l’origine de l’ovulation ; donc pas d’ovulation sous pilule), mais ça va aussi modifier la glaire cervicale (sorte de grille molle à l’entrée du col de l’utérus ; la rendant "imperméable" aux spermatozoïdes qui ne peuvent plus pénétrer dans l’utérus) et ça modifie la muqueuse utérine (pour empêcher la nidation d’un éventuel embryon).
Bref, sous pilule, il n’y a pas de pic de LH (donc pas non plus la libido de folie qui va avec) ; l’ovule n’est pas expulsé mais il n’est pas non plus gardé pour après. Il est dégénéré, perdu. Donc pour répondre à certaines questions, les femmes sous pilules "perdent" autant d’ovules que les autres. Votre ménopause arrivera à la même date que vous soyez sous pilule ou non. (Dommage !)
Ce que je sais du
stérilet (je n’en porte pas, je n’aurai pas de témoignage personnel à faire dessus) : C’est un petit dispositif en polyéthylène, d'à peine 3-4 cm de haut, le plus souvent en forme de T, pour épouser la forme de la cavité utérine, qui empêche l’implantation de l’œuf fécondé en provoquant une légère inflammation au niveau de l’utérus, qui devient un milieu non-favorable aux spermatozoïdes. Il peut être gardé 3 à 5 ans selon le modèle et est pratique chez les personnes oubliant souvent leur pilule. L'insertion n’est pas recommandée chez des femmes n'ayant pas eu d'enfants, par crainte d'infections pouvant entraîner une stérilité (ceci n’est pas mon avis personnel du tout, je ne fait que transmettre le message officiel, et je ne suis pas médecin). Vue que les stérilets n’empêche pas l'ovulation les grossesses extra-utérine (dans les trompes de Fallope) sont possibles. Il y a donc lieu de s'en inquiéter en cas de règles. Il en existe deux sortes : en cuivre et avec hormones. Les stérilets en cuivre, présent sous la forme d'un filament enroulé autour de la branche verticale ou recouvrant les branches horizontales, le métal est sensé "décapaciter" les spermatozoïdes (ils perdent leur capacité à féconder un ovule), les gêner dans leur fonction de pénétrer l'ovule. Il est probable que la présence du cuivre en infime quantité sur la muqueuse contrarierait la nidation. C’est efficace (taux d'échec = 1%) mais règles plus abondantes. Les stérilets à la progestérone renferment sur la branche verticale un petit réservoir de progestérone (libérée en petite quantité chaque jour), qui atrophie la muqueuse et la rend impropre à la nidation (mais une partie de la progestérone pourrait se retrouver dans la circulation générale). C’est efficace aussi (taux d'échec très faible) et règles ont tendance à disparaître. Après, c’est la version officielle. Parce que toutes les personnes que je connais qui ont un stérilet en sont ravies (surtout celles qui avaient des effets secondaires avec la pilule et qui ont dont pris celui en cuivre).
Un dernier point tant que j’y suis. Trois choses importantes pour celles qui prônent une sexualité sans contraception (je en juge personne mais grâce à la non-efficacité des méthodes telles que le retrait ou avoir des rapports en dehors des périodes d’ovulation, ma mère est née
) :
• L’ovule reste fécondable pendant 3 jours.
• Le spermatozoïde peut féconder (reste mobile et efficace si vous préférez) pendant 5 jours.
• La période d’ovulation est une période d’environ 3 jours située à 14 jours de la FIN DU CYCLE pas à 14 jours du début (quand on a un cycle de plus de 28 jours, il survient bien après 14 jours ; bien avant si on a un cycle plus court).
Bref, si vous faites chevaucher les périodes d’efficacité des ovules et spermatozoïdes et qu’en plus vous prenez en compte le fait qu’il est difficile de savoir quand on ovule, vous voyez que la méthode d’abstinence s’étalerait bien sur deux semaines… Donc, contraception pour tout le monde (ayant des potentialités de rapports et ne voulant pas d’enfant maintenant, ça va de soit).
Voilà en gros les infos utiles que je pouvais vous donner. Il y aurait bien plus à dire mais c’est déjà un très très gros pavé !!
Bisous les Madz !