Pourquoi certaines personnes LGBT disent « pédé » ou « gouine »

[Membre supprimé 350151]

@Earl

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[Earl]

@Eclaireur et @Nienke : tout simplement car je considère que c'est aux personnes concernées de décider ce qui est le mieux pour leur cause ! Je ne vais pas m'autoproclamer arbitre du correct/incorrect en ce qui concerne la lutte des droits des personnes LGBT+, donc la chose la plus logique me semble d'être de m'adapter aux souhaits de mon interlocuteur.

Je trouve que l'exemple du terme "queer" est intéressant : terme tellement utilisé de manière neutre qu'il est passé dans le langage courant et que ça a fait disparaître une insulte.

Après je ne pense pas avoir parlé d'un quelconque "besoin" de ma part d'utiliser à tout prix des termes historiquement chargés d'une valeur péjorative. Juste que ça peut m'arriver de reprendre ces termes avec des personnes concernées, quand je sais qu'elles sont ok avec ça. Je pense par exemple à des activités que l'on propose au boulot organisées par et pour des TDS : elles/ils ont choisi de nommer toutes ces activités en "... de putes" (exemple : un temps d'accueil qui s'appelle "café des putes"). Quand je parle du planning, je vais aussi parler du "café des putes", non pas par un besoin pressant d'être putophobe, mais juste pour suivre le nom choisi par le groupe. Maintenant devant un-e TDS que je ne connais pas ou peu, et qui pourrait être blessé-e ou choqué-e par le terme "pute" car n'ayant pas ce contexte de choix de nom, je vais utiliser le terme "TDS" car plus neutre.

En tant que femme, je ne suis pas forcément choquée par l'utilisation du terme "bitch", pourtant extrêmement violent selon le contexte. Maintenant je comprends que certaines femmes puissent trouver intolérable qu'il soit utilisé, mais je les remercie de ne pas parler à la place de toutes les femmes lorsqu'elles donnent leur avis. Tout comme quand je dis que pour moi c'est ok selon le contexte, ça n'engage que moi.

A la différence du n-word par exemple, que je ne me permettrais jamais d'utiliser, car pour moi les personnes concernées que je connais ou que j'ai pu entendre sur le sujet ont toujours bien expliqué à quel point c'était un terme réservé aux personnes concernées et qu'utiliser ce terme était totalement raciste autrement.

Voilà, j'espère vous avoir mieux éclairé sur mon opinion.

 

[Membre supprimé 350151]

A la différence du n-word par exemple, que je ne me permettrais jamais d'utiliser, car pour moi les personnes concernées que je connais ou que j'ai pu entendre sur le sujet ont toujours bien expliqué à quel point c'était un terme réservé aux personnes concernées et qu'utiliser ce terme était totalement raciste autrement.

Voilà, j'espère vous avoir mieux éclairé sur mon opinion.

Pas beaucoup, je ne comprends pas beaucoup plus pourquoi tu comprends que le n-word est gênant, par exemple. Si un ami noir te disait que tu peux l'utiliser devant lui, je suppose que tu ne le feras pas parce que tu as conscience de toute la portée du mot. Mais je ne comprends du coup pas pourquoi tu n'es pas gênée par d'autres mots qui sont lourd de sens eux aussi, au prétexte que des concerné.e.s t'ont dit que c'était pas gênant pour eux. Les insultes dont on parle ici n'ont pas été de simples insultes lancés de temps en temps.... C'était des termes péjoratifs qui ont une histoire eux aussi.

Mon opinion ne bouge pas de mon côté, je trouve surprenant de penser que si tu n'utiliserais pas ce vocabulaire "en temps normal", ce serait ok avec la permission de certains concernés. Ils font certes ce qu'ils veulent mais je vois là une porte ouverte pour s'en servir comme excuse, désolée...

 

[Pipistrelle.]

@Nienke ce que je comprends des posts de @Earl , c'est qu'elle évolue dans un milieu où ces termes sont très usités et en premier lieu par les concernés, donc ils sont complètement déchargés de tout caractère insultant. Si tout le monde s'accorde tacitement autour de l'emploi de certains termes dans un contexte spécifique, je trouve que ça se respecte ! Inversement, ce qui serait chelou ça serait de délibérément prendre le contre-pied en adoptant une posture se voulant "vertueuse" mais qui pourrait en fait passer pour moralisatrice et du coup franchement déplacée. Par exemple, si tout le monde dit "café des putes" pourquoi aller à contre-courant en mettant un point d'honneur à dire "café des prostituées"?
Quel que soit le contexte, je trouve que la démarche la plus saine à avoir c'est de s'adapter à ses interlocuteurs, à plus forte raison quand on est là pour leur venir en aide. Donc j'imagine que quand on arrive dans un milieu comme celui décrit par Earl, le premier truc c'est de laisser à la porte ses petits principes et ses bonnes intentions pour se fondre dans le décor et être vraiment à l'écoute des gens.

 

[Earl]

Je te remercie @Chandernagor car tu as très bien compris ce que j'essayais d'exprimer et tu l'as très bien retranscrit.

 

[Membre supprimé 350151]

@Chandernagor ça ne change pas mon message. Si ça devient ok sous prétexte que les autres le font, c'est une porte ouverte. Étant concernée, ça me gêne, parce que des gens peuvent ne pas comprendre le problème, peuvent se cacher derrière ça alors qu'ils pensent vraiment ce genre de mots.

Si vous trouvez normal de suivre le courant et d'utiliser ce genre de termes, ça ne change pas mon ressenti. Libre à vous de passer outre effectivement.

 

[Santina]

Je me permets un petit HS sur le manifeste des 343 "POINT":
J'ai appris ça récemment , en fait il n'était absolument pas question pour les signataires d'utiliser le mot "salopes" pour se définir elles mêmes ! C'est un homme, Cabu de Charlie Hebdo, qui a titré une caricature "Qui a engrossé les 343 salopes du manifeste sur l'avortement ?". Et c'est resté dans la tête des gens au point que même des féministes croient que la pétition s'intitule "le manifeste des 343 salopes"! Mind blowing, non? Du coup, je trouve ça bien de rétablir un peu la "vérité".
Source: Quand Charlie Hebdo inventait les "343 salopes"
Anne Zelensky: " Je suis, avec d'autres, à l'origine de ce manifeste. Une précision utile : nous n'avions pas choisi de nous appeler "salopes", ce qualificatif nous est venu du dehors, de Charlie Hebdo. Si on comprend bien, le terme de "salope" désignerait donc toute femme qui enfreint les règles de la bienséance féminine officielle, pute ou féministe."

 

[ampw]

Je crois que ce qui me gêne profondément dans la démarche de la marque, c'est de ramener une fois de plus les personnes gays à leur sexualité. Je veux dire, les homophobes bloquent tellement sur les pratiques sexuelles de ces personnes qu'ils en oublient...que ce sont des PERSONNES.

Je suis une femme hétéro, je ne voudrais pas qu'on affiche sur un t shirt ma sexualité en mode "Aime les bites", "J'aime ça hein #salope" (oui, bon on repassera pour mes slogans ) parce que je ne suis pas que "ça". Et certainement pas ça dans l'espace public.

Je connais certains homos ou lesbiennes qui parlent de sexualité de manière hyper crue, comme je connais des gens très timides sur le sujet. Et je trouve qu'afficher des termes homophobes, qui somme toute ramène aux pratiques sexuelles, c'est violent et en plus ramène tout au cul alors que bon...les gens gays tombent aussi amoureux quoi. Et qu'en fait il ne s'agit pas juste de normaliser dans l'imagerie collective les pratiques sexuelles, mais aussi la notion de relation, d'amour, etc.

PS : Je vous promets que je lancerai pas de marque de mode.

 

[Peace&Love&It;3]

@ampw Qu'on le veuille ou non dans notre société on est ramenés à notre sexualité et plus particulièrement quand on sort des normes. Le principe c'est justement de jouer à fond la provoc en revendiquant cette déshumanisation subie. Ca ne veut pas dire qu'on est défini par notre sexualité mais que c'est se réapproprier le stigmate et la honte qui y sont associées pour au contraire l'afficher en étant fièr.e
(Et c'est hors-sujet mais pour tes slogans il y a une Slut Walk de femmes se revendiquant salopes puisque oui ça aussi ça sort des normes et c'est stigmatisé. Mais par contre il être une meuf hétéro c'est pas que aimer les bites, il y a aussi des hommes trans qui ont pas forcément fait de phalloplastie)

 

[Membre supprimé 350151]

Et je trouve qu'afficher des termes homophobes, qui somme toute ramène aux pratiques sexuelles, c'est violent et en plus ramène tout au cul alors que bon...les gens gays tombent aussi amoureux quoi.

On est bien d'accord sur l'idée de fond. Après il faut retenir aussi que justement, les homophobes ne retiennent que ces pratiques sexuelles et l'idée que ce soit répugnant.

Quand tu es une femme hétéro (et cis) tu ne te prendras pas d'insultes, tu n'auras pas peur d'être agressée comme c'est le cas si tu es par exemple une femme trans ou lesbienne. Donc effectivement, comme personne ne te ramène à ta sexualité comme c'est le cas des lgbt, tu ne te sens pas visée ou concernée. C'est en fait un privilège que tu as. Mais quand c'est le cas pour nous, c'est moins facile de s'en détacher quand autant de monde veut te le rappeler. Et c'est en ça que je comprends ceux et celles qui veulent se réapproprier ça.

 

[-Loreleï-]

Quand tu es une femme hétéro (et cis) tu ne te prendras pas d'insultes, tu n'auras pas peur d'être agressée comme c'est le cas si tu es par exemple une femme trans ou lesbienne. Donc effectivement, comme personne ne te ramène à ta sexualité comme c'est le cas des lgbt, tu ne te sens pas visée ou concernée.

Ah bon ? Les femmes cis hétéro ne sont pas ramenées à leur sexualité, ni insultees pour ça, ni agressées. J'ai du dormir un peu trop longtemps parce que dans mon souvenir c'est pourtant le cas.
Que tu fasses la distinction avec ce que subissent les personnes non cis, non hétéros, soit, mais la tu vas peut être un peu loin non ?

 

[Membre supprimé 350151]

@-Loreleï- Et bien écoute, j'ai jamais entendu parler d'une agression parce qu'une femme est hétéro, ou parce qu'elle est cis, mais si tu as des preuves pour me démontrer que ça a eu lieu, je suis preneuse.